Mali: une opération africaine passe par la reconstitution de l’armée malienne

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Des soldats maliens lors d’un défilé militaire à Bamako, en 2010. AFP

Une opération militaire africaine contre les islamistes armés qui contrôlent le nord du Mali passe par la reconstitution de l’armée malienne, puis un soutien international appuyé à la force africaine, qui tarde à se mettre en place, selon les spécialistes de défense.

QUEL EST L’ETAT DE L’ARMEE MALIENNE?

Profondément désorganisée par la tentative de putsch du 22 mars à Bamako, l’armée a ensuite été chassée du nord du Mali par les combattants islamistes alliés aux rebelles touaregs. La mission de l’Union européenne (UE) chargée de la formation de l’armée malienne, qui doit se mettre en place dans les prochaines semaines, dresse donc un état des lieux des besoins.

“Il s’agit d’une véritable reconstruction de quelques unités capables de participer à l’éventuelle opération qui vient d’être validée par le Conseil de sécurité de l’ONU”, a souligné le général Jean-Paul Thonier, qui a commandé en 2003 Artémis, la première opération de l’UE en Afrique, en République démocratique du Congo.

COMMENT SE DEROULERA LA FORMATION DES SOLDATS MALIENS?

La France, qui dirigera la mission européenne, devrait fournir une part importante des 400 à 500 instructeurs et soldats chargés d’assurer leur sécurité, au côté de plusieurs pays comme l’Allemagne ou l’Espagne.

Deux volets sont au programme. La formation des soldats eux-mêmes ne présente pas de difficultés particulières. Il s’agit de leur inculquer en “huit à dix semaines” les savoir-faire fondamentaux de tout militaire: retrouver un niveau physique correct, utiliser son arme, se poster sur le terrain…

La reconstitution de l’encadrement -le corps des officiers- prendra en revanche plus de temps. “Le plus compliqué, c’est la formation ou le recyclage de ceux qui ont encore cette capacité à commander et réagir dans le cadre d’une opération aéro-terrestre où ils ne seront pas seuls”, a estimé un officier français.

DANS QUEL DELAI L’ARMEE MALIENNE POURRAIT-ELLE ETRE SUR PIED?

Deux à trois bataillons maliens, soit un maximum de 3.000 hommes, devraient être ainsi formés. Ils devront également être équipés en véhicules et en armements, de l’arme légère à la mitrailleuse lourde.

“On peut difficilement imaginer de construire des bataillons capables d’être interopérables avec les autres bataillons africains en moins de trois ou quatre mois”, a estimé le général Thonier.

COMMENT SE PRESENTE LA FORCE AFRICAINE?

Le Conseil de sécurité de l’ONU a approuvé le 20 décembre le déploiement d’une force armée internationale au Mali. La Misma (Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine) devra aider les Maliens à sécuriser le sud du pays, puis à reconquérir le nord, mais le contingent africain est loin d’être en place.

Deux des pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) susceptibles de fournir des troupes -Côte d’Ivoire et Nigeria- sont eux-mêmes confrontés à de graves problèmes de sécurité.

Et, selon les spécialistes, seuls les soldats mauritaniens et tchadiens sont adaptés aux opérations en zone sahélienne. Mais la Mauritanie a annoncé qu’elle ne participerait pas à une intervention internationale et le Tchad a réservé sa réponse.

QUAND L’OPERATION AFRICAINE EST-ELLE ENVISAGEABLE?

“Au premier semestre” 2013, avait lancé à la fin décembre le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Mais, un officier général ayant servi en Afrique évoque plutôt “un délai de six à neuf mois”, ce qui renvoie à l’automne.

Les planificateurs doivent également tenir compte de la saison des pluies, autour de juillet/août, qui compliquera les déplacements en zone sahélienne.

Dans le cas de la force africaine, les militaires ne parlent plus d’un simple “soutien” de la part des forces occidentales, mais d'”un appui dans tous les domaines”: transport, ravitaillement en alimentation, munitions et carburant, renseignement, traitement des blessés, constitution d’un état-major…

UNE OPERATION AFRICAINE EST-ELLE INEVITABLE?

“On reste très favorable à une solution politique, mais comme elle n’apparaît pas…” a-t-on fait valoir de source gouvernementale française, en soulignant que la détermination affichée notamment par Paris “peut contribuer à une prise de conscience”.

Échaudés par les conséquences du conflit en 2011 en Libye, qui ont contribué à déstabiliser le Mali, les militaires s’interrogent pour leur part sur les suites d’une opération africaine: “S’il s’agit de donner un coup de pied dans la fourmilière et que les fourmis partent partout, on aura déplacé le problème.”

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1 commentaire

  1. Attendons encore un peu,pour que les envahisseurs puissent finir d’occuper le sud du Mali!Il n’y a plus de temps pour suivre des theories:Il faut utiliser une aviation mercenaire pour detruire l’arsenal des extremistes,et faciliter la tàche à l’armée maliènne,qui reprendra en moins d’une semaine toutes les villes du nord.La CEDEAO devra surveiller les frontières avec l’Agerie,la Mauritanie.

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