Actions humanitaires du nord du Mali : Le Collectif Cri de Cœur au chevet des populations

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C’est dans un contexte de crise sans précèdent qu’a connu le Mali qu’est né le Collectif Cri de Cœur ayant pour objectif de voler au secours des populations en détresse dans les régions du nord du pays, occupées par les séparatistes du Mnla, les groupes islamistes Ançar Dine, Mujao et les bandits et narcotrafiquants d’Aqmi. Suite à cette occupation armée, l’Etat malien n’arrivait plus à assurer sa souveraineté dans cette partie du territoire et les populations sont laissées à elles-mêmes.

C’est face à cette situation de détresse que le 3 avril 2012 un groupe de jeunes maliens, issus de plusieurs associations et organisations, ont organisé une marche pacifique pour demander l’ouverture immédiate et sans délai d’un corridor humanitaire pour secourir les populations prises dans l’étau des différents mouvements. Cette marche aboutira à la création d’une organisation dénommée Collectif Cri de Cœur qui exigera l’ouverture du couloir humanitaire international. La situation dramatique créée par l’occupation révolte plus d’un, car elle est très catastrophique et inquiétante pour les populations qui sont désormais soumises à la terreur et l’humiliation imposées par les «nouveaux maîtres». Des droits humains systématiquement bafoués à travers des agressions physiques sur des populations civiques, des atteintes aux biens matériels, le pillage des infrastructures sociales (hôpitaux, centres de santé, maternités, écoles), des viols des femmes et jeunes filles…

Ce drame a provoqué un départ massif des populations des trois régions à l’intérieur du pays et vers les pays frontaliers de notre pays. Face à ce désastre, après la marche, le Collectif Cri de Cœur a d’abord initié une pétition en ligne à partir du 4 avril 2012 pour dénoncer l’humiliation et les exactions que subissent les populations. Cette pétition a été signée par plus de deux mille personnes au Mali et à l’étranger.

Dans le même ordre d’idées, le Collectif Cri de Cœur a organisé un sit-in au cours d’une dizaine de jours à la Tour de l’Afrique pour exiger l’ouverture immédiate du corridor humanitaire. C’est avec une très grande détermination que cette activité a été conduite avec d’autres organisations partenaires comme les Sofas de la République et l’Association des Jeunes pour la sauvegarde du Nord et des artistes de renommée comme Baba Salah. Le sit-in a été couronné par le départ de la première caravane humanitaire du Collectif Cri de Cœur le 13 avril en direction des régions de Tombouctou et de Gao. Le départ de cette caravane a été possible grâce à la collaboration des personnes de bonne volonté et des organisations partenaires du Collectif Cri de cœur.

C’est avec une très grande joie que les populations ont accueilli la première caravane à Gao et a Tombouctou. Les produits transportés étaient constitués de denrées alimentaires de première nécessité de médicaments essentiels.

A Gao, l’équipe comprenait également des jeunes médecins volontaires qui ont aidé au redémarrage de l’hôpital de Gao qui a été saccagé et vandalisé par les combattants du Mnla. Le personnel restant sur place a étroitement collaboré avec la mission du Collectif Cri de Cœur pour remettre l’hôpital en marche.

La mission à Tombouctou a été accueillie par l’Iman de la ville des 333 Saints, accompagné par d’autres personnalités de la localité. Cette mission de la première caravane a été accomplie sans grande difficulté et elle a permis aux caravaniers d’identifier les besoins des populations sur place. Au retour des caravaniers, le Collectif Cri de Cœur a organisé une conférence de presse pour partager avec l’opinion nationale et internationale la situation sur le terrain et pour inviter les autorités nationales et la Communauté internationale à une action rapide en faveur des populations du nord, pour éviter une quelconque catastrophe humanitaire dans la zone.

Les jeunes ont décidé de ne pas s’arrêter à cette caravane unique. C’est ainsi qu’une deuxième caravane rependra la route du nord, cette fois-ci avec la collaboration avec le ministère de l’Action Humanitaire et des Personnes Agées, du Haut Conseil Islamique du Mali, de Collectif des Ressortissant du Nord, et de la Croix Rouge malienne. Avec l’effort conjugué des uns et des autres, la quantité de vivres et de médicaments essentiels était plus importante (environ 1500 tonnes) et un nombre important de médecins et personnels d’appui médical volontaires.

En marge de la caravane, le Collectif Cri de Cœur a approfondi l’identification des besoins réels des populations. Il a travaillé à appuyer le démarrage des cours au niveau des écoles pour les candidats aux différents examens nationaux  et à sauver la campagne agricole 2012-13. C’est ainsi que les présidents des coopératives agricoles des différents périmètres aménagés de Tombouctou ont séjourné à Bamako, sous l’égide du Collectif Cri de Cœur pour faire un plaidoyer afin de sauver la campagne agricole et éviter la disette.

Le Collectif Cri de Cœur, en plus des ses différentes caravanes dont le dernier en mi-décembre 2012, a également apporté son soutien aux populations déplacées à Bamako et dans d’autres localités du Mali, en organisant des cérémonies de distribution de denrées alimentaires. Le Collectif Cri de Cœur n’à pas aussi manqué d’apporter son soutien à la population de Gao face à l’épidémie de cholera qu’a connu la région en juillet 2012, en envoyant sur place une équipe médicale et des médicaments à cet effet. Kalifa Touré, secrétaire général du Collectif Cri de Cœur et chef de la mission de la toute dernière caravane dans la région de Tombouctou nous confiait : «Les urgences s’aggravent, du jour au lendemain. Il est temps d’entreprendre des actions humanitaires de grande envergure et de renforcer le dispositif sanitaire dans tout le nord. Les enfants souffrent de malnutrition aigüe et le paludisme fait des ravages».

Et à Almahadi Cissé, président du Collectif Cri de Cœur, de rappeler que la campagne agricole 2012-13 n’a pas pu être sauvée à souhait et aussi que les hôpitaux et centres de santé manquent de médicaments essentiels. M. Cissé a ajouté qu’il est important d’entreprendre des actions pour l’assistance psychologique des enfants déplacés et aussi de mettre en place un dispositif d’information et d’alerte sur la situation humanitaire au nord du pays. «Il faut encore multiplier les actions humanitaire pour éviter une catastrophe humanitaire», a conclu M. Cissé.

Certaines actions, non moins importantes, du Collectif Cri de Cœur ont été les cours de remédiassions en faveur des enfants déplacés, le plaidoyer en faveur de la situation précaire au nord du pays. Comme perspectives, Collectif Cri de Cœur se propose d’entreprendre, en collaboration avec ses différents partenaires, une série d’activités à l’intention des populations du nord du pays et aussi celles déplacées à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

Il est important de souligner que toutes ces activités ont été possibles grâce à l’élan de solidarité des multiples partenaires du Collectif Cri de Cœur et des bonnes volontés.

Assoumane MAÏGA

Depuis Oklahoma State University (USA)

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