IBK et le déni de l’évidence

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Pour lui, tout va bien et quoi de plus souhaitable ! Sa force, être normal dans un pays déréglé. Sur ce plan, il invalide totalement l’analyse de ATT pour qui, vouloir diriger le Mali relèverait de la folie. Pris à son propre jeu, submergé par l’ivresse du pouvoir et ses éventuels excès, la mutinerie de 2012 rappela à ATT que, n’est pas fou qui veut. Par contre, IBK affiche une certaine normalité -pour ne pas écrire légèreté- dans un pays tout de même ébranlé. Et c’est cela qui n’est pas normal. Pourquoi fait-il comme si tout était normal quand, en réalité, rien ne l’est ?

Les années passent emportant avec elles, espoirs et perspectives sans qu’IBK ne remédie aux dérives d’un quinquennat décevant, et qui le mettent devant l’évidence de renoncer à un second mandat. Il était fait pour la fonction, tout le monde pensait. Il incarnait l’autorité et l’ordre, il laissait croire. De son élection à aujourd’hui, IBK semble tout fébrile là où on l’attendait le plus ferme. Les Malien.ne.s pensaient trouver en lui le soldat dont la mission serait de les protéger et sécuriser leur territoire. Toutefois, la sécurité reste encore le défi non relevé de IBK. De même, si hier il promettait de lutter implacablement contre la corruption et la mauvaise gouvernance, là aussi, les populations ne peuvent que regretter son recul et surtout un abandon de sa part. Or, tout a été fait pour que IBK et sa légitimité à plus de 77 %,  ne puisse reculer devant rien.

IBK découvre le Mali en même temps qu’il gouverne. On se souvient qu’à Bla -dans la région de Ségou-, il avouait ne pas entendre les cris de douleur et de souffrance des populations malgré le fait d’avoir des “oreilles” partout. Stratégie habile pour mettre tout sur le dos du pauvre conseiller qui a plus peur de perdre sa place que de conseiller. IBK ignore le quotidien du Malien. Sur ce coup, il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Lui qui disait connaître l’histoire, les femmes, les hommes, les réalités et surtout les attentes du pays, cependant, les Malien.ne.s apprennent et comprennent que leur sort importe peu à IBK. Leurs désespoirs qui butent contre le flanc de la colline et leurs voix qui peinent à braver les hauteurs du palais et à attirer l’altruisme du trône.

L’évidence existe moins pour IBK. La providence compte plus. L’évidence, c’est qu’il dit et fait. Tout le reste n’est que dénigrement et opposition futile. De fait, IBK reste insensible aux colères de celles et ceux qui ne sont pas de la bonne classe. De quoi se plaignent-ils ? Pour IBK, l’évidence est aussi celle de son clan d’abord. Ceux qui ne lui diront pas ce qu’il n’a pas envie d’entendre et qui, en le conseillant, le déconseilleront d’écouter les Malien.ne.s jamais satisfaits. Et l’on se rend compte à regret que l’exercice du pouvoir nécessite autant du symbolique que du savoir-faire. Ayant trop investi dans le premier, IBK découvre qu’il lui manquait le second. Il était plus question de slogan que de son programme, et le récit l’a emporté sur le réel.

Il est évident que IBK n’a pas la détermination politique pour réaliser ses ambitions pour le Mali. Ses choix politiques démontrent un certain désir de promouvoir des talents et des compétences. Et il aime s’afficher avec des pays qui ont mis en œuvre les projets qu’il nourrit pour le Mali. Mais IBK avance par à-coups car il lui manque les méthodes, et surtout la rigueur qui va avec.

IBK aurait pu être la solution s’il n’avait pas détruit ce mythe qui l’a fait “homme à poigne.”

Mahamadou Cissé

Citoyen sans mérite

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