Le MNLA, cet autre avatar de l’irrédentisme touareg au Mali.

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               L’offensive pour le moins audacieuse et inconséquente du mouvement islamique touareg Ansar Eddine sur Konna fut à l’origine du déclenchement « prématuré » de la guerre au Mali par rapport au calendrier Onusien.

 

Dr Makan DIALLO
Dr Makan DIALLO

Depuis neuf mois déjà, le Mali était coupé en deux. La partie nord du pays étant occupée de force par des forces du mal : des Maliens apatrides regroupés au sein du MNLA (Mouvement National pour la libération de l’Azawad) et une cohorte d’islamistes composée du MUJAO (Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique Occidentale), d’AQMI (Al Qaeda au Maghreb Islamique), d’Ansar Eddine (Défenseurs de la religion), de la secte islamique Nigériane Boko Haram (l’éducation occidentale est un péché) et certainement quelques paumés et autres damnés de la terre ne sachant même pas pourquoi ils étaient là-bas. Bien entendu, ces groupes hétéroclites par leurs objectifs et les intérêts visés constituaient un véritable panier à crabes. Pendant que certains réclamaient ni plus ni moins l’indépendance de cette zone, d’autres en particulier les islamistes s’évertuaient à appliquer la charia et à vouloir l’étendre sur tout le territoire national si possible. Ces mouvements criminels se rejoignent néanmoins par leur propension à s’adonner à des trafics d’êtres humains, de drogues, d’armes, de véhicules volés etc. Une situation inédite et incroyable qui a fait du septentrion du Mali, une zone dangereuse et de non droit aux mains de criminels de tout acabit.

 

Il est clair que cette situation n’allait pas rester longtemps ainsi. Il fallait rétablir l’intégrité du territoire national autrement dit bouter ou mettre hors d’état de nuire ces envahisseurs, et réaffirmer la souveraineté et la laïcité du Mali dans ces régions. Une question de calendrier car la communauté internationale dans son ensemble faisait cause commune  pour aider le Mali à recouvrer l’entièreté de son territoire.

 

La résolution 2085 adoptée par le conseil de sécurité des Nations Unies légalisait le déploiement d’une force internationale, le caractère légitime de l’intervention ne souffrant l’ombre d’aucun doute. Pendant que cette résolution se matérialisait tant bien que mal, le mouvement touareg Ansar Eddine contre toute attente déclara rompre la trêve observée depuis un certain temps déjà et joignant l’acte à la parole continua sa progression vers le sud avec l’attaque de la localité de Konna à quelques encablures de Mopti, verrou stratégique pour une descente certaine sur Bamako. Avec cette nouvelle donne et surtout les conséquences qu’elle aurait pu entrainer en termes d’embrasement de toute la région du sahel, il fallait urgemment agir. La France ayant compris ce scenario catastrophe n’a pas hésité une seconde à la demande du Président par intérim Monsieur Dioncounda Traoré d’aider militairement le Mali à stopper cette avancée. Une intervention décisive et salutaire qui a permis non seulement de freiner la progression des islamistes et de les mettre en déroute, mais aussi d’anticiper sur le calendrier prévu pour la reconquête des territoires occupés en déclenchant dans la foulée l’offensive tant attendue, car avec les hésitations et tergiversations de l’ONU et les interminables et improductives palabres sans fin de l’UA et de la CEDEAO, Bamako allait être fatalement prise au vu et au su de tout le monde.  Aujourd’hui  plus de deux mois après le déclenchement de l’offensive, le Mali a recouvré ses territoires même s’il existe quelques poches de résistance dues certainement au caractère asymétrique de cette guerre. Les nouvelles en provenance du théâtre des opérations font état d’une véritable débandade des islamistes. Les forces militaires françaises, celles du Mali appuyées d’autres armées africaines notamment tchadienne ont systématiquement repris les zones jadis occupées par les envahisseurs qui ont détalé comme des lapins sans demander leur reste. La guerre se poursuit avec la traque des islamistes aux confins de l’extrême nord du pays dans la zone dite de l’Adrar des ifhoras et une guerre urbaine d’un genre nouveau a pour théâtre certaines villes du nord notamment la région de Gao.

 

La guerre n’est pas finie. Aujourd’hui, les groupes islamiques sont défaits il s’agit beaucoup plus pour eux de baroud honneur qu’autre chose, le rouleau compresseur de la communauté internationale pour un nettoyage implacable de la zone infestée de criminels étant inéluctable.

 

Il est évident que la question des islamistes est majeure et pour le Mali et pour la communauté internationale, mais un autre problème récurrent, pernicieux, sensible et capital pollue l’existence du Mali en tant que Etat-nation. Il s’agit de l’irrédentisme touareg.

 

Le MNLA, celui par qui le malheur arriva

 

Il est grand temps que ce problème soit résolu une bonne fois pour toute. En tant que  pays indépendant avec une superficie de 1.242.000 km2 connu et reconnu, Le Mali doit aujourd’hui prendre toutes ses responsabilités et s’assumer avec cette réalité incompressible, intangible et immuable qu’il est UN et INDIVISIBLE.

 

De l’indépendance du Mali en 1960 à nos jours, comme une hydre, cette histoire de rébellion a jalonné le parcours du jeune Etat fraichement indépendant et ce jusqu’à nos jours. Si les revendications de ces rebelles étaient jadis d’ordre économique (développement de la zone), politique (décentralisation, transfert de pouvoir etc.) dans la reconnaissance et l’acceptation de l’Etat unitaire du Mali, aujourd’hui les nouveaux chefs rebelles « plus gourmands » sans doute que leurs prédécesseurs et moins patriotes réclament tout bonnement la création d’un Etat indépendant. On peut comprendre qu’un Malien ou un groupe de Maliens revendique à l’Etat central plus de justice, d’équité, de bonne gouvernance etc. dans la légalité républicaine et dans le respect du droit, mais aller jusqu’à prendre des armes à chaque fois contre son pays, contre ses frères et sœurs, enfants, parents etc. pour se faire entendre ne saurait être toléré indéfiniment.

 

Hier c’était le MPA (Mouvement Populaire pour la Libération de l’Azawad) du même Iyad ag Aly devenu aujourd’hui chef d’Ansar Eddine, le FPLA (Front Populaire de Libération de l’Azawad) de Mohamed ag RHISSA et de Zeidane ag sidalamine, l’ARLA (L’Armée Révolutionnaire de Libération de l’Azawad) de Abderamane GHALA, l’alliance démocratique du 23 mai pour le changement de Ibrahim BAHANGA et de Hassan FAGAGA etc., aujourd’hui, le Mouvement National pour la Libération de l’Azawad et ses affidés, nouveau visage de l’irrédentisme touareg met en mal la nation malienne par sa volonté sécessionniste. Ce mouvement aura servi de cheval de Troie à ses autres acolytes (AQMI, MUJUAO, ANSAR EDDINE, BOKO HARAM etc.) pour installer le chaos dans la partie nord du Mali, car toute cette histoire a commencé par l’attaque sanglante, criminelle, et abominable perpétrée par le MNLA sur les militaires maliens le 17 janvier 2012 suivie de la prise de certaines localités du nord.

 

Que d’accords signés entre  l’Etat Malien et les mouvements Touaregs, et à chaque fois remis en cause par ces derniers avec toujours la même rengaine « le non- respect par l’Etat Malien de ses engagements ». Entre autres, les Accords de TAMANRASSET en 1991, le Pacte national en 1992, la flamme de la Paix en 1996, les accords d’ALGER en 2006. L’Etat Malien ne respecterait-il pas ses engagements ? La question est posée.

 

Les efforts de l’Etat Malien malgré le caractère titanesque du contenu des accords

 

Il est évident que La difficulté se trouve plutôt dans le contenu de ces multiples accords où l’Etat Malien s’est donné pieds et mains liés aux groupes rebelles. La mise en œuvre de ces accords relève d’un travail de titans et sa réalisation improbable. Malgré tout, il est à noter que L’Etat Malien a fait de son mieux même si le résultat peut paraitre mitigé.

 

Comment comprendre qu’un Etat souverain et indépendant va jusqu’à abandonner une partie de sa souveraineté en acceptant la démilitarisation des régions de Kidal, Gao et Tombouctou, les rebelles ayant exigé et obtenu la délocalisation des casernes militaires Maliennes et la constitution d’unités spéciales de sécurité majoritairement composées des jeunes ressortissants des régions du nord. D’ailleurs les conséquences sont là aujourd’hui, l’abandon de cette partie du territoire par l’Etat central, laissée aux mains des groupes rebelles a plongé la zone dans une insécurité incommensurable, un no man’s land où narco-djihadistes côtoient narco- trafiquants, terroristes, criminels de tout bord et autres baltringues de la planète.  Comme on dit chez nous « la sueur ne se voit pas sous la pluie », l’Etat Malien a consenti d’énormes efforts. En plus de cette entorse aux fondements de l’Etat, des investissements colossaux ont été initiés en direction du nord. Des centaines de milliards ont été débloqués pour permettre le développement socio-économique de la zone alors que dans certaines régions du Mali notamment à l’Ouest, le même problème de développement économique se pose avec acuité. Mieux les projets de développement étaient confiés prioritairement aux ex rebelles, les critères de compétence et d’intégrité étant relégués au second plan. Résultat : la mauvaise gestion, la corruption et le népotisme ont impacté les multiples initiatives de développement.

 

Dans les années 90, des recrutements massifs ont été faits 1435 ex combattants intégrés au sein de l’armée Malienne, plusieurs cadres Touaregs intégrés dans l’administration Malienne (douanes, impôts etc.). Ces « intégrés » sont des Maliens et se considèrent comme tels et ne se reconnaissent nullement dans le combat du MNLA. Cette « discrimination positive », le Mali et les Maliens dans leur sagesse légendaire et leur sens de la réconciliation de l’unité et de la paix l’ont acceptée alors que des chômeurs, on en croise dans toutes les rues de Bamako et dans les autres contrées du Mali.

 

Les « enfants gâtés » de la république comme on les appelle affectueusement ont bénéficié des privilèges de l’Etat Malien depuis les accords de 1991. Il a été répété à l’envi qu’il n’y a pas de problème touareg au Mali. Les Touaregs ont les mêmes droits que les autres Maliens sinon plus, le seul souci c’est le développement  des régions du nord du Mali, une zone austère qui n’a pas été gâtée par dame nature. Une zone habitée aussi par des sonrhaïs, des peulhs, et d’autres ethnies vivant dans les mêmes conditions de vie, et qui pour autant  n’ont jamais pris d’armes contre l’Etat Malien. En prenant à chaque fois des armes contre leurs compatriotes, en tuant, en violant, en saccageant etc. les rebelles Touaregs servent mal leur cause, font du tort à toute une communauté dont la grande majorité ne demande qu’à vivre en toute quiétude et dans la paix, et à une nation séculaire, le Mali.

 

Prendre des vessies pour des lanternes

 

Le MNLA est une coquille vide et ne représente rien. La France qui avait du temps de Sarkozy déroulé le tapis rouge à certains de ses responsables, ouvert ses medias pour soutenir ces apatrides joue aujourd’hui à la prudence, leur volonté de création d’un Etat jugée absurde et inacceptable. Aujourd’hui, il est clair et pour le Mali et pour la communauté internationale que l’intégrité du territoire national, le caractère unitaire de L’Etat Malien ne sont pas à négocier, du reste cette prétendue indépendance n’est que du vent et n’a reçu l’assentiment d’aucun Etat au monde.  Des gens venus du néant qui rêvent de jouer dans la cour des grands en tentant un grand coup de poker qui est celui de la proclamation d’un Etat chimérique imaginé certainement dans les épopées des mille et une nuits d’un album de Schéhérazade.

 

Le rejet par la communauté touarègue d’un mouvement fantoche

 

Les Touaregs Maliens dans leur ensemble ne prennent pas au sérieux le MNLA et ne se reconnaissent nullement dans leur combat loufoque et suicidaire. Ces Touaregs Maliens patriotes réaffirment à souhait leur appartenance au grand Mali et exècrent ces aventuriers criminels qui font du tort au Mali et aux Maliens. Le 1 er vice-Président de l’Assemblée Nationale Monsieur Assarid AG IBARCAOUANE, le Président du Haut Conseil des Collectivités Monsieur Oumarou AG Mohamed Ibrahim, l’ancien Premier ministre Monsieur Mohamed AG HAMANI, l’ancien secrétaire Général du FPLA Monsieur Zeidane AG Sidalamine ayant servi dans les représentations diplomatiques du Mali à l’étranger et à la Présidence de la République, les cadres et notabilités Touaregs, les responsables des communautés du nord, la liste n’est pas exhaustive, sont montés au créneau pour condamner avec énergie cette imposture d’une poignée de fils égarés qui veulent faire d’un problème de banditisme et de criminalité résiduelle, une question communautaire. Ces voix autorisées ont parlé au nom du Mali, et leur attachement à la République du Mali est indéfectible. Qui dit mieux ! Enfin devons-nous rappeler que l’officier Malien le colonel Gamou d’origine touarègue avec d’autres de son ethnie, tous militaires de l’armée malienne combattent les ennemis de la nation que sont les éléments du MNLA en toute loyauté et avec beaucoup de courage.

 

Le monde entier doit comprendre que Le MNLA est un composé de renégats qui veulent déstabiliser le Mali au nom d’intérêts obscurs et égoïstes. Ce groupuscule sans portée réelle, composé de quelques garnements frustrés longtemps maintenus dans l’ombre de certaines figures tutélaires de la « cause touarègue » s’agitent aujourd’hui pour juste avoir leur part de gâteau. La communauté Touarègue du Mali dans son ensemble est étrangère à cette entreprise criminelle du MNLA et revendique à qui veut l’entendre son appartenance à la nation Malienne.

 

On ne le répètera jamais assez, il n’y a pas de problème touareg au Mali, mais il y a un problème de développement global et qui concerne le pays tout entier.

 

Chers frères du MNLA, la récréation est terminée. Le peuple Malien en a assez de vos agissements criminels ! La justice des hommes passera tôt ou tard. Déjà, pour ceux d’entre vous qui renient leur appartenance à la nation malienne, de grâce épargnez vos autres frères Touaregs dans votre aventure suicidaire ! Epargnez le Mali, et allez sous d’autres cieux. Les Touaregs Maliens n’en peuvent plus avec toute cette stigmatisation et amalgame qui entourent ce problème. Si toutefois, vous faites amende honorable et  arrêtez d’agresser inutilement votre pays, le Mali, terre de pardon vous ouvre les bras et ensemble avec les autres fils de la nation, nous bâtirons le Mali de nos rêves !

 

Une contribution de Makan DIALLO, Docteur en Droit, Avocat au barreau de Paris

 

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1 commentaire

  1. Mr DIALLO tu as fait une bonne analyse mais de grâce je te demande de ne plus appeler ces gens du MNLA mes frères. Et vous qui êtes en France regrouper vous pour couper court à ces apatrides qui mentent en longueur de journée sur les plateaux des télé. On peut pas tuer, violer et violenter des paisibles citoyens pour un problème de développement. Ces gens là ne seront poursuivis par la justice ou c’est la vindicte populaire qui les attend.

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