Les élucubrations de Ban Ki Moon : Le patron de l’ONU veut-il l’implantation d’une principauté touarègue en plein territoire malien ?

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Nos félicitations s’adressent à la diplomatie malienne qui a conduit avec patience et professionnalisme, le dossier Nord Mali devant la CEDEAO, l’UA… L’organisation continentale, celle de la sous région, et le Mali en particulier, s’attendaient à une mémorable résolution du Conseil de sécurité le 26 novembre 2012, qui donnait quitus à l’Union Africaine et à la CEDEAO, d’intervenir militairement dans le septentrion malien. On s’attendait à ce que l’ONU délivre ce ” certificat ” sans tergiversation. Car des Salafistes armés, auteurs de plusieurs actes répréhensibles, occupent toujours Gao, Tombouctou et Kidal. Ce ne fut malheureusement pas le cas. 

 

Moussa Sangare

Avec les douloureux  événements qui se sont succédés au Mali : coup d’Etat du 22 mars, embargo économique et financier, blocage des matériels militaires dans les ports, réaction sanglante des bérets rouges,  suspension des aides et des liens de coopération, l’occupation des régions du Nord…, le peuple malien et sa diplomatie prirent leur mal en patience. Nous avions pensé que les multiples exactions des assaillants, connues du monde, suffisaient pour que Ban Ki Moon cautionne avec instantanéité, le vote d’une résolution du Conseil de sécurité, qui autorise l’intervention militaire dans le Nord Mali. Encore une fois, ce ne fut pas le cas.

 L’ONU et sa vocation    

De Thomas Wilson Woodrow, père fondateur de la Société des Nations – future Organisation des Nations Unies -, à Ban Ki Moon, l’actuel Secrétaire général de l’Institution, la vocation première de l’ONU consiste à sauvegarder la paix et la sécurité dans le monde. Adepte de ce principe sacro-saint, Ban Ki Moon éprouva probablement une certaine gêne à autoriser le déclenchement d’un conflit armé dans la bande sahélo saharienne. Le Mouvement touareg s’est fait appuyer par des Salafistes et des terroristes en tous genres pour occuper 2/3 du territoire malien. Des indépendantistes ont crée ” l’Azawad “, et les djihadistes applicateurs de la charia, ont amputé des mains, lapidé de pauvres gens, violé des femmes, détruit des mausolées dans cette partie du Mali occupé.

L’ONU, au vu de ces faits avérés, n’autorisa pas néanmoins l’usage de la force pour arrêter le calvaire de malheureuses victimes. Que Ban Ki Moon ne veuille pas de la guerre, cela s’entend. Cependant il peut y être contraint lorsqu’on le met devant des accès de folie. Des bandits armés entrent au Mali par effraction, et ils sévissent contre d’innocentes populations, l’ONU devrait reconnaître le droit aux autorités maliennes de riposter. Avec les exactions du MNLA, de Ançar – Dine, des centaines de milliers d’hommes, de femmes, et d’enfants ont quitté le Mali, pour regagner des camps de réfugiés où ils vivent un calvaire connu de l’ONU.

La souffrance de l’ensemble du peuple malien qui vit désormais  de ressources budgétaires réduites de moitié, n’est pas moins connue de Ban Ki Moon qui, sous l’influence de l’Algérie, de la Mauritanie, du Burkina, voire des Etats-Unis ne veut pas que des malfrats soient boutés hors du Mali. L’ONU tient à imposer à notre peuple la résignation et le fait accompli devant tant de souffrance. Le Secrétaire général s’accroche à ” la solution politique négociée “. Il n’ignore pas cependant que ces assaillants, doublés de narco trafiquants, de preneurs d’otages…, sont inaccessibles à la pitié et à ” la petite diplomatie “. On ne peut raisonner  Aqmi, encore moins le Mujao….

Ces Mouvements ne comprennent que le langage des armes. Seules les frappes militaires de la CEDEAO, de l’UA et particulièrement du Mali, peuvent leur faire renoncer, reculer ou fuir éventuellement. Leur capacité de nuisance est connue du monde, mais surtout de tous les Etats riverains du Sahara.

 Résolution  d’Abuja sur le Nord Mali  

Lors du sommet extraordinaire du 11 novembre 2012 à Abuja, les chefs d’Etat de la CEDEAO dans une déclaration solennelle ont, ”  vivement condamné les islamistes pour les violations des droits de l’homme au Nord Mali, et salué les planificateurs de l’intervention militaire pour la prise en compte de l’aspect humanitaire lors des opérations. Ils invitèrent la communauté internationale à poursuivre  son assistance au Mali. Les chefs d’Etat ont également opté à l’unanimité pour une rapide intervention militaire, au cours de laquelle on évitera aux pays voisins, d’en prendre les dégâts collatéraux. Le sommet exhorta le Conseil de paix et de sécurité de l’UA d’endosser ledit concept et d’en assurer la transmission au Secrétaire général de l’ONU dans le délai prescrit par la résolution 2071. Les chefs d’Etat ont invité le Conseil de sécurité de l’ONU a procédé à un examen diligent du dossier, en vue d’autoriser le déploiement de la force militaire internationale, conformément au chapitre VII de l’ONU “.

  Ban Ki Moon fait de la digression  

Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a transmis en temps imparti cette résolution générale au Secrétaire général de l’ONU. Est-il besoin de rappeler que ce document a envisagé tous les aspects du déploiement des forces au Mali. Malheureusement Ban Ki Moon et ses experts l’ont hâtivement examiné, et mal exploité. Le Secrétaire général en a tiré un duplicata, nettement en déphasage par rapport aux préoccupations exprimées par la CEDEAO et l’UA. Le Secrétaire général avait fait pour des raisons occultes, une mauvaise interprétation de la résolution d’Abuja. Le patron de l’ONU fit pour la circonstance, une sortie quelque peu maladroite sur les antennes et dans la presse. Ban Ki Moon délirait lors de son exposé qui comportait  des  digressions par endroits.

Le recours à la force adopté par les chefs d’Etat, est une partie de la résolution générale qui, comme nous l’avions dit,  se fondait sur les travaux d’experts militaires de la CEDEAO et de l’UA. Ils prirent largement en compte, les phénomènes désagréables qui pouvaient surgir des frappes. Il semble que le Secrétaire général n’était pas convaincu de l’efficacité des précautions consignées dans la résolution. Il répliqua : “… elles pourraient aggraver une situation humanitaire déjà extrêmement fragile… “, et rajouta : ” …il est extrêmement important que tout soit fait pour minimiser ses éventuelles conséquences humanitaires et sur les droits de l’homme… “.

Le patron de l’ONU dit que : ” Avant toute opération militaire l’accent doit être mis sur un dialogue politique “. Il poursuit en ces termes : ” Si la force militaire sera sans doute nécessaire à un moment donné pour débarrasser le Nord Mali d’Al Qaïda et de ses alliés, il est important que tout soit fait pour minimiser les conséquences humanitaires… ” Mais ces préoccupations et leurs solutions figuraient, au risque de nous répéter, dans la résolution générale de la CEDEAO-UA.  Par conséquent, les craintes, les remarques et les suggestions de Ban Ki Moon ne se justifiaient plus. Elles s’apparentaient à une arête que les chefs d’Etat de la CEDEAO et le président de l’UA avaient prise en travers de la gorge.

  La CEDEAO et l’UA désapprouvent Ban Ki Moon

Le président en exercice de l’Union Africaine Boni Yayi a désapprouvé les propos et le rapport du Secrétaire général. Il lui adressa une lettre qui réclamait ” une intervention militaire immédiate au Nord Mali“. Le président persista à dire que : ” toute réticence serait interprétée comme un signe de faiblesse face aux combattants liés à Al Qaïda “.

Boni Yayi souligna en outre que : “ l’Afrique compte sur l’ONU pour adresser aux rebelles un ultimatum… “. Alassane D. Ouattara, président de la  CEDEAO,  prit le contre-pied du rapport du Secrétaire général, et déclara que : ” son Organisation attend la fameuse résolution de l’ONU, pour engager des opérations militaires au Nord Mali “.  Pour Mahamane Youssoufou, président du Niger et Pierre Buyuya conseiller de l’UA pour le Sahel, le comportement et le discours de Ban Ki Moon semblaient bizarres.

Nous croyions savoir que des pays restés hostiles à l’intervention militaire au Nord Mali avaient placé le Secrétaire général sous leur coupole. Ils l’ont empêché d’entériner la résolution d’Abuja, malgré la qualité du travail. Il est regrettable que le patron de l’ONU ait balayé d’un revers de main, la résultante de toutes les résolutions produites par la CEDEAO,  l’Union Africaine, et des experts militaires de la sous région sur le Nord Mali. Il traita l’épineux dossier sous le contrôle de mauvais conseillers, et selon sa seule perception des choses. Le Secrétaire général semble avoir privilégié les simples comptes rendus verbaux de Romano Prodi sur le Mali ; un homme qui foula le sol africain peut-être pour la première fois. Il ne se doutait pas qu’il reçut certains avis sur les  frappes militaires qui l’ont dérouté pour le mettre en porte-à-faux avec les chefs d’Etat et les experts africains, en charge du dossier Nord Mali.

 L’Union Africaine compte sur l’ONU

Une analyse de contenu de l’exposé de Ban Ki Moon, nous renvoie à des  opinions et avis jadis exprimés sur le Nord Mali par Boutéflika, Hillary Clinton, les experts militaires américains, Romano Prodi, et les conseillers algériens, mauritaniens, burkinabé… qui entourent le patron de l’ONU. Le ” Je suis conscient que si une intervention militaire n’est pas bien conçue… ” n’est pas de Ban Ki Moon, mais de certains Généraux américains qui craignaient de voir les armes fournies au Mali tomber aux mains des Salafistes. Washington disait également : ”  au lieu de chercher à reconquérir le Nord, les autorités maliennes ont plutôt intérêt à mettre des institutions démocratiques en place à Bamako “. Les Etats-Unis ont donné une peinture des plus sombres de l’armée malienne. La psychose s’était répandue à cet effet à travers le pays, et particulièrement dans les garnisons.

Quand le Secrétaire général fit allusion à ” l’aggravation de la situation humanitaire, aux violations des droits de l’homme, à des questions fondamentales qui restent en suspens ; quand il estime que le recours à la force pourrait ruiner toute chance d’une solution politique négociée ; et quand il veut s’assurer que les forces maliennes et africaines seront tenues pour responsables de leurs actes… “, on peut affirmer qu’il tombe dans le psittacisme. Car les points soulevés ici, ont été traités avec minutie, lors des travaux des experts à Bamako, Abidjan, Abuja…, et les résultats furent déposés à la CEDEAO, et à l’ONU.

Les ” Ag ” Chérif, Ghali, Attaher… se sont foutus dans un bec de gaz

Le Secrétaire général déclara : “…ma mission c’est de faire tout pour la paix et éviter la guerre… “. On le lui concède, car toutes les guerres sont sales et cruelles. Il est adepte ” d’une solution politique négociée “. Il réserve l’intervention militaire pour Al Qaïda et ses alliés, et la négociation pour les Touaregs indépendantistes. Que doit-on comprendre par ” solution politique négociée ” ? Les Maliens ne se laisseront plus distraire comme du temps de Amadou Toumani Touré. Que faut-il négocier, sinon l’implantation d’une ” principauté touarègue ” en territoire malien ?

Faut pas rêver ! Le Mali ne s’enlisera pas dans d’interminables négociations, ayant trait à ” des parts ” à céder aux indépendantistes, et à l’application de la charia, exigée par des dogmatiques. N’en déplaise aux soutiens obscurs du MNLA et de Ançar Dine, ” l’intégrité territoriale et la laïcité de la République ne sauraient faire l’objet d’aucun marchandage “.

Les populations du Nord souffrent depuis toujours le martyr. Elles attendent d’être libérées des griffes acérées des terroristes qui ont pris goût au trafic de stupéfiants,  à des prises d’otages…, ils ne quitteront pas le septentrion malien de gaîté de cœur, du moins, suite à des négociations. Allons-nous attendre indéfiniment que l’ONU ordonne les frappes souhaitées ?  Le MNLA et  Ançar Dine font profil bas de nos jours, parce que les soutiens financiers, diplomatiques…d’antan leur font désormais défaut. Ils ne savent pas qu’ils se sont attaqués ” à plus fort que soi “, et ils ne se doutaient pas non plus, qu’en s’engageant dans cette aventure, ils couraient le risque d’être vaincus, et qu’à l’humiliation, s’ajouterait le déshonneur. Indépendantistes et djihadistes ont présentement conscience ” qu’ils se sont foutus dans un bec de gaz “.

C’est pour y être asphyxiés. Avec ou sans l’ONU, l’armée malienne montera incessamment sur des braises ardentes pour mater la rébellion, et pour traquer ceux qui ont froidement assassiné les soldats à Aguelhoc, amputé des bras, lapidé de pauvres citoyens, détruit des mausolées…. C’est à ce seul prix que le peuple malien et son armée retrouveront l’équilibre psychique dont ils ont tant besoin. L’arrestation de ceux qui ont retourné l’arme contre leur pays, est de mon point de vue, la seule chose qui peut être négociée avec les rebelles.

Les Maliens n’auront la paix intérieure que lorsque ces cyniques assassins répondront de leurs actes devant les juridictions nationales et internationales. J’ai la certitude que nous sommes à la phase terminale d’une guerre qui dure depuis les années 1960. Le Mali se doit de frapper nécessairement pour ramener les Touaregs à s’insérer dans une vie communément partagée par tous les Maliens ou  quitter ce pays  pour se trouver une nouvelle patrie. Il n’y aura plus d’Alger I, d’Alger II…pour nous détourner de l’essentiel. Le Mali est 171ème sur les 174 pays classés comme étant les plus pauvres de la planète.

Les impératifs de développement ne nous permettent plus de consacrer indéfiniment du temps, des ressources humaines et financières, à des séditions intempestives et insensées des Touaregs. Je crois comprendre que les autorités de ce pays ne commettront plus la maladresse de démilitariser systématiquement le septentrion malien. Les gouvernements présents et futurs se donneront dorénavant des moyens surtout aériens de couvrir et de surveiller toute cette immensité  désertique malienne, restée jusque là béante, et par où s’infiltrent depuis toujours, des indépendantistes, des djihadistes, des narcotrafiquants… de tout acabit.

La démilitarisation et le délaissement du Sahara malien furent une grosse erreur qui mériterait d’être réparée quel qu’en soit le prix. Je crois savoir que nous éviterons à l’issue des combats, de célébrer la victoire et la paix au moyen d’une flamme ardente, dite ” flamme de la paix “. Le feu symbolise plutôt “ ruine et désolation “. La présence renforcée des troupes sur le terrain est un gage certain d’une paix durable. On pourrait au besoin, magnifier la fin de la guerre par une grosse stèle de ramier tenant une couronne de  laurier au bec.

Moussa SANGARE, 

Professeur de Philo Psycho Pédagogie

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