Mohamed Tabouré lors de la conférence de presse de la COPAM: «Il faut une Commission Vérité, Dialogue et Réconciliation»

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La Coalition des organisations patriotiques du Mali (COPAM), le front pro putsch, était face à la presse le mardi 30 avril dernier. Cette rencontre avec les journalistes a porté sur la prolongation de l’Etat d’urgence, les élections de juillet prochain et la libération de Kidal. Dans sa déclaration, lue par Mohamed Tabouré, la COPAM affirme que le peuple malien n’a tiré nul de l’Etat d’urgence.

Mohamed Tabouré (photo archives,  Les Echos)
Mohamed Tabouré (photo archives, Les Echos)

«Le peuple malien vient de vivre quatre mois d’état d’urgence. Il n’en a tiré nul bénéfice. Dans son zèle de serviteur obligé du FDR et du Président par intérim, l’Assemblée Nationale est allée au‑delà du souhait du Gouvernement en prorogeant l’état d’urgence jusqu’au 6 Juin 2013! On voit même qu’elle est désolée de ne pouvoir maintenir l’état d’urgence jusqu’au 6 Juillet, c’est‑à‑dire jusqu’entre les deux tours de l’élection présidentielle! A l’Assemblée Nationale, le ridicule ne tue pas!

Mais la COPAM est convaincue que le Président par intérim et le FDR ne comptent même pas organiser l’élection présidentielle le 1er juillet 2013. En effet, maintenir l’état d’urgence jusqu’au 6 Juin revient à vouloir saboter cette élection et créer tous les obstacles pour que les vrais candidats maliens ne puissent pas faire campagne. Les autres candidats, ceux du FDR, font le tour des pays voisins pour se capitaliser le vote des Maliens réfugiés; ils n’ont cure de l’état d’urgence!

En fait, l’état d’urgence n’a pas été institué pour des raisons de sécurité et pour faire face à des troubles quelconques, car les Maliens, dans leur sagesse et à travers leurs groupes organisés, n’ont jamais créé de troubles et de violences quelconques, mais pour des raisons purement politiques:

1. Mettre la COPAM dans une camisole de force et tenter de l’intimider,

2. Museler les Forces Vives et la démocratie dans l’ensemble du pays,

3. Surtout, permettre aux milliards du FDR de continuer de sortir du pays et de circuler dans les camps des Maliens réfugiés dans les pays voisins, acheter en toute tranquillité et en toute impunité les votes et les consciences avant le jour des élections.

C’est dans ce climat hautement délétère que le Président par intérim et le FDR organisent l’élection présidentielle ! Dans nos déclarations, la COPAM s’est engagée à mettre tout en oeuvre pour que les élections aient lieu en Juillet 2013, sans anicroches, mais chacun sait qu’aucune condition n’est là pour réussir honorablement ces élections. Nous avons été amèrement surpris quand le Président d’un pays ami, qui maîtrise sans aucun doute la langue française, s’est dit Intraitable sur la date des élections au Mali! A‑t‑il oublié que le Mali est un pays indépendant et souverain, de surcroît ombrageux sur sa dignité? On trouve tout le sens de l’affirmation de ce Président lorsque, le 26 Avril 2013, son ministre de la défense a dit que son pays a engagé trop de frais dans l’intervention au Mali pour qu’il ne puisse pas exiger que les élections se tiennent en Juillet 2013! Nous pensons que ces ordres sont intimés au Président par intérim, au FDR, et non au peuple malien.

Malgré notre bonne volonté, notre docilité et notre degré avancé de vassalisation, nous interpellons le Président par intérim, le FDR et son clan:

Comment, Mr. Le Président par intérim, comment MM et Mmes du FDR, vous pouvez dire à vos compatriotes d’aller voter quand le territoire est occupé et quand Kidal est devenu, depuis Janvier 2013, la chasse gardée d’un mouvement indépendantiste, auparavant défait, et cela avec la complicité active de ceux qui sont venus nous aider et qui nous poussent à bâcler nos élections? Président, pourquoi notre armée n’est pas à Kidal? Dites le donc au Peuple souverain! N’y a‑t‑il pas assez de Bérets rouges et verts, un peuple fier à mobiliser pour défendre la patrie et chasser les imposteurs qui occupent Kidal? Ou plus simplement, depuis vingt ans que vous et le FDR gérez le Mali, vous n’avez pas réservé un budget conséquent pour notre défense et vous ne vous étiez jamais posé de question sur l’état de santé de notre armée?

Monsieur le Président, la COPAM, les Forces Vives et le Peuple Souverain du Mali vous demandent d’ordonner à l’armée de prendre d’assaut Kidal! Cela va de votre honneur, de votre dignité et de la survie honorable de notre patrie !

Si la COPAM a pris acte, tout en restant vigilant, de l’intervention rapide et efficace, de la France, le moment est venu pour la COPAM de saluer le frère tchadien, venu du Centre de l’Afrique pour verser son sang pour le Mali. La COPAM salue le courage, l’intrépidité et le professionnalisme des soldats tchadiens qui, après l’armée malienne, ont payé le plus lourd tribut humain dans ce conflit. La COPAM adresse ses très vives félicitations et sa reconnaissance éternelle à l’armée tchadienne, au Président Idriss Déby Itno et au Peuple frère du Tchad.

Nous continuons d’exiger la dissolution de la Commission Dialogue et Réconciliation du Président par intérim, unilatéralement et arbitrairement mise en place au mépris de tous les usages au Mali. Nous réclamons une Commission Vérité, Dialogue et Réconciliation. Nous restons surpris quand le Président par intérim a pu affirmer à la face du monde qu’il a consulté toutes les sensibilités du Mali pour mettre en place sa Commission! Si ce n’est que ça qu’il a pu trouver après consultation du peuple malien, il ne reste plus pour notre peuple qu’à pleurer! La fuite en avant du Président par intérim l’emmènera inévitablement à la Concertation Nationale inéluctable et qui le hante comme l’œil de Caïn!»

La COPAM

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