Les préoccupations des Sénégalais se trouvent bien ailleurs, que dans les retrouvailles de la famille libérale.

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Si toutefois, les rumeurs, qui circulent avec insistance ces temps-ci dans notre pays, sont avérées, ce serait vraiment, un manque de respect total, du président Macky Sall, envers les 65% d’électeurs qui avaient voté en sa faveur en 2012, contre Me Wade. Ce serait, même également, dans une certaine mesure, une trahison sans équivoque et un détournement du choix des citoyens. Disons dans le vrai sens du terme, de son engagement solennel envers le peuple sénégalais, comme toutes les coalitions qui l’avaient soutenu à la présidentielle de 2012. Ensuite, s’il tronque aujourd’hui, son mandat présidentiel, en le réduisant à sa plus simple expression, contre des soi-disant retrouvailles de la famille libérale, ce serait assurément, une preuve incontestable de son manque d’ambition pour son pays et une absence de vision pour un homme d’Etat.

Par ailleurs, ce serait même, dans une large mesure, de l’arnaque intolérable et inacceptable, car, le chef de l’Etat a bien appelé au dialogue politique, ce qui suppose, que celui-ci est national et sans exclusive. Comment dès lors, peut-on ensuite envisager ou circonscrire ce dialogue, à de simples retrouvailles politiques de la famille libérale ? Alors que dans le même temps, il gouverne depuis quatre ans, avec des coalitions de familles et de partis politiques d’obédience idéologique plurielle, à savoir BBY, Macky 2012, etc.

Ce sont effectivement, de telles attitudes et pratiques politiques inconvenantes, de certains de nos hommes politiques, consistant à ne point respecter ni leurs paroles et moins encore leurs engagements, envers le peuple, qui font que les citoyens sont désappointés, désorientés, déçus et frustrés aujourd’hui. Et, de plus en plu, ils deviennent nombreux à être dégoutés de la politique et des politiciens, en général. Oui, effectivement, à cause de leur fausseté incorrigible et leur tendance à vouloir corrompre et arnaquer tout le monde à la fois. En conclusion, tout cela, rien que pour demeurer le plus longtemps possible au pouvoir.

En effet, J’ai déjà dénoncé dans une de mes contributions[1], l’importance ou la place inappropriées que l’on veut accorder à ces retrouvailles de la famille libérale, dans un Etat de droit et une démocratie, au sein de laquelle, il y a le multipartisme et pluralisme idéologique. Par conséquent, ces retrouvailles, ne sont qu’une affaire strictement privée et une manœuvre, d’un groupe donné de citoyens membres d’u parti originel, parmi les 13 millions de Sénégalais. Dès lors, elles n’ont rien à voir avec le fonctionnement de l’Etat et de la marche normale de la République.  Donc, il faut le clamer haut et fort et de marinière intelligible, pour que nul n’en ignore. En réalité, ceci est une nième manœuvre des libéraux. Oui, accoutumés et assoiffés de pouvoir pour l’avoir perdu, ils font feu de tout bois pour y revenir. Mais leur démarche est rétrograde en elle-même et antidémocratique dans son essence, car la démocratie n’est pas un cercle concentrique, mais une affaire de pluriel. Ces supposées, retrouvailles des libéraux, sont plutôt une collusion ou nouvelle forme de combine politicienne indécente, de mauvais gout.

Les initiateurs et promoteurs, de ces prétendues retrouvailles libérales camouflées sous le couvert de la nécessité d’un dialogue politique, ne sont rien d’autres que des politiciens en perte de vitesse, dépourvus d’éthique et de sens républicain, qui cherchent à redorer leur blason.  Mais en vérité, ils ne sont mus, que par leur cupidité et leurs intérêts personnels, loin des préoccupations du peuple sénégalais. C’est ainsi, qu’ils trament un vicieux complot contre la démocratie, le peuple sénégalais dans son écrasante majorité.  Oui, il est bien évident et, même clair et net, que l’objectif fondamental visé par les libéraux avec leurs fameuses retrouvailles, n’est nullement, la recherche tenace de solutions justes et durables aux épineux problèmes qui assaillent notre pays et traumatisent en ce moment les Sénégalais. Mais, ne sont-ils pas d’ailleurs, à la base de nos nombreuses difficultés, à cause de leur gestion cahoteuse et nauséabonde durant les 12 pénibles années, qu’ils ont passées à la tête de notre pays ? Enfin, plus exactement, leur seule préoccupation majeure et but visé aujourd’hui, c’est réellement, d’obtenir le repartage à nouveau et autrement du gâteau, qu’ils ont perdu. Et, avec la transhumance au gout du jour, ils veulent obtenir aussi une redistribution des rôles entre frères de parti retrouvés. Tout cela, au détriment des autres citoyens sénégalais, non inféodés au pouvoir actuel.

Objectivement, en quoi, réellement, les Sénégalais, dans leur écrasante majorité, sont-ils concernés par une reconstitution hypothétique d’un parti libéral en lambeaux depuis fort longtemps ? Car, en réalité et indubitablement, c’est bien de cela qu’il s’agit et, ni plus ni moins.

Alors, à moins que les Sénégalais ne soient devenus maintenant des demeurés ou vraiment des naïfs, fort heureusement, ils ne le sont point du tout. Par voie de conséquence, il est inadmissible pour tout citoyen sénégalais doué de raison et de bon sens de succomber à ce piège et cette arnaque. A savoir, le fait de vouloir faire admettre aux Sénégalais, que les retrouvailles d’un parti politique libéral, disloqué et devenu l’ombre de lui-même, sont la seule et unique condition nécessaire et suffisante, pour remettre le Sénégal sur les rails ou régler ses multiples et cruciaux problèmes de tous ordres, en ce moment ? Quelle crédulité !

Mais, est-il logiquement acceptable, après que le peuple a chassé par la voie démocratique un régime pour incompétence, magouilles et malversations diverses avérées dans tous les domaines, en un mot, pour mal-gouvernance, de tenter le retour aux affaires de celui-ci par voie de contournement ? Surtout, lorsque cette mal-gouvernance s’est traduite finalement, par un pillage systématique des principales ressources du pays, au point qu’il fût nécessaire de l’alterner par un autre. Et, ce régime-là, que nous avions supposé être en mesure et capable de rompre définitivement avec toutes les pratiques malfaisantes qui se faisaient, parce qu’il s’était engagé publiquement devant la nation, de remplir cette haute tâche. Et cette tâche est devenue aujourd’hui incontournable, pour l’émergence véritable du Sénégal. Mais, le président Sall tergiverse depuis lors et même se renie.

Singulièrement, ce décor peu reluisant, à savoir : les inégalités sociales, les deux poids et deux mesures dans plusieurs domaines de l’Etat dont particulièrement, celui de la justice ne cessent de s’amplifier étant le nôtre, le président a suffisamment à faire et d’autres chats à fouetter que de s’occuper de retrouvailles de famille. Et il s’y ajoute, cette part belle de  l’impunité, réservée à une catégorie sociale, faite de privilégiés et au dessus des lois, comme par exemple, la discrimination de  l’application stricte et rigoureuse des lois de la République sur tous les délinquants.

Ainsi, en lieu et place de prendre à bras le corps les importants problèmes urgents et prioritaires, comme l’économie, l’éducation, la santé et l’amélioration du mieux-être des populations sénégalaises, etc., le président Macky Sall semble plutôt, plus préoccupé par les retrouvailles libérales et sa réconciliation avec Me Wade. Oui, comme si nous l’avions élu pour cette mission peu honorable. Alors que, tous ceux qui s’activent autour de cette question, ne le font que par opportunisme et intérêt strictement personnel, mais non, pour celui général du peuple sénégalais. Au demeurant, il faut le souligner, qu’il n’existe pas dans le monde, de pays, où le pouvoir et l’opposition ne s’affrontent pas à travers les idées et programmes dans le cadre d’une démocratie normale. Par conséquent, vouloir éliminer, à tout prix, cette confrontation politique toute logique dans un Etat démocratique, entre un pouvoir et son opposition dans un pays, est un non-sens et pratiquement impossible, parce que relevant totalement, de l’irréel.

Mais, le président Macky Sall aurait-il oublié, qu’il a été élu pour sortir le Sénégal de son enlisement, du fait justement, du pouvoir libéral sortant, afin de remettre notre pays sur les rails du développement économique, social et culturel ? Aurait-il oublié aussi que sa mission principale est de rompre avec le passé décadent des libéraux, afin de satisfaire les besoins fondamentaux d’existence des Sénégalais meurtris, pour leur mieux-être ? En effet, cela fait quatre ans que le président Sall tergiverse encore sur la mission pour laquelle il a été élu, à savoir : conduire le pays à bon port ou bien se préoccuper des retrouvailles des libéraux ? Quelle grande déception a été d’avoir fait le constat de cette attitude équivoque du président Sall, pour ces Sénégalais qui, tout de même, avaient fondé tant d’espoir sur lui ?

Nous avons tous constaté que dans les activités de la CREI, il y a présentement, un arrêt momentané ou peut être même définitif, des poursuites de la traque des biens mal acquis. Mais, est-ce que cela n’entre pas dans le cadre de la stratégie des retrouvailles de la famille libérale ? Car, en fait, tous les incriminés appartiennent à cette famille ou leurs amis. En tout cas, ce qui est sûr, on n’en parle plus et la CREI ne brille plus.

Par ailleurs, à y regarder de très près, le régime du président Macky Sall, comme celui son prédécesseur Me Wade, préfère s’atteler à faire la promotion d’une minorité de Sénégalais ou de se réconcilier avec sa famille politique et libérale, que de rompre définitivement avec les pratiques antérieures indécentes du régime sortant. Des pratiques, consistant à enrichir artificiellement des amis et des hommes d’affaires, à travers des exonérations de douanes et des effacements d’impôts illégalement. Avec de telles prtatiques anti-économiques, nous parler d’émergence du pays, dans ces conditions-là, est un leurre ou plutôt des farces tout simplement. Et, ce sont ces pratiques-là, qui ont immergé notre pays dans les profondeurs de la pauvreté, des inégalités sociales intolérables, de l’impunité inacceptable et, instauré un système de privilège à une caste d’hommes et de femmes au sommet de l’Etat. Et, une caste, supposée être au-dessus des lois. Voilà le visage hideux que nous renvoie la deuxième alternance, comme la sœur jumelle de la première.

Et, par-dessus tout cela, avec une indignation sans limite, nous venons, d’apprendre encore, avec étonnement et par une voix autorisée, le comble ou l’inédit, à savoir que nos « honorables » députés, malgré leur statut d’honorable, de législateur et de surcroit avec tous les avantages et privilèges innombrables dont ils bénéficient, ils ne payent pas en plus, l’impôt sur leurs revenus. Alors que, dans le même temps, même les pauvres retraités, avec leurs maigres pensions, s’acquittent correctement de l’impôt sur le revenu à la source, de cette obligation citoyenne, mais aussi patriotique. Mais, il est logique de se poser la question pour savoir, si ce sont nos députés qui bénéficient d’un tel privilège inacceptable et illégal, qu’en est-il alors, des membres du gouvernement, du Conseil économique, social et environnemental, des directeurs généraux, etc. ?

Dans le cas d’espèce, le Président de la République est directement interpelé, parce que ce cas gravissime, ne peut relever de personne d’autre que de sa responsabilité, si réellement nous sommes dans un Etat de droit organisé et une République consacrée. Et, de pareils cas, tenez-vous bien, foisonnent dans le pays, parce que, c’est le pays du laisser-aller et laisser-faire où de tels scandales peuvent se produire dans une impunité totale. Ce scandale sans précédent n’est qu’un encore, parmi tant d’autres. Et, il illustre à suffisance, les pratiques indécentes courantes et impunies de nos gouvernants, comme nous les avons soulignées plus haut. Ces comportements et pratiques de nos dirigeants sont la preuve manifeste, qui justifie que le poisson pourrit par la tête. Ainsi, le sommet de l’Etat se comporte indiscutablement, comme des prédateurs, notoirement antipatriotiques.

En tout cas, sauf de l’impunité, comme d’habitude encore et par le passé, en leur faveur, des sanctions très sévères exemplaires devraient être prises à l’encontre de nos députés et de tous ceux qui ont, illégalement, profité de cette faille impardonnable, de l’administration sénégalaise, qui, aujourd’hui, est totalement devenue informelle et désincarnée. Et, il va de soi, que ces impôts dus et illégalement non payés par nos députés fraudeurs, devront être intégralement remboursés par ces derniers, jusqu’au dernier centime. C’est le minimum !

Enfin, le Président Macky Sall doit s’inspirer sans complexe des exemples utiles, pertinents et patriotiques montrés par le nouveau chef de l’Etat du Bénin, Patrice Talon. En effet, dès son installation, il a commencé par rapporter tous les décrets de complaisance, qui étaient pris par son prédécesseur, accordant des privilèges par-ci et par-là. Il a aussi supprimé toutes les agences en doublon budgétivore, certaines indemnités purement politiciennes accordées à des camarades de parti, ainsi que les fonds politiques et postes créés inutilement rien que pour caser des amis, le tout que l’on mettait sur le dos des contribuables. De tels actes et mesures allant dans le sens d’une gestion vertueuse et rigoureuse, sans compter sa décision de ne faire qu’un seul mandat non renouvelable, sont à saluer et encourager partout en Afrique. Et, pourtant, le président Macky Sall, avait bel et bien cette opportunité et latitude de le faire parfaitement en 2012, mais hélas, il a malheureusement, raté le coche !

 

Mandiaye Gaye

[email protected]

Dakar le 12 Mai 2016

 

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