Yoro Ould Daha, nouvelle vedette médiatique : le parcours éclairant et assume d’un fils respectueux…du MUJAO

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Yoro Ould Daha
Yoro Ould Daha

Les récentes interviews de Yoro nous en disent plus long qu’il ne paraît sur le parcours de ce criminel promu patriote intrépide et fils modèle par la grâce de ses riches commanditaires (M.M. Mataly, Hanoun, Rougy et Cie) et de leurs communicants.

 

Homme de main des gangs narcotrafiquants depuis qu’il est en âge de porter une arme, vétéran de la katibat Oussama Ben Laden (cela ne s’invente pas !) du printemps 2012 au printemps 2014, toujours admirateur manifeste de Mokhtar Belmokhtar (son mode de vie frugal, sa clémence vis-à-vis des populations en 2012…).

 

Lisez bien ces interviews entre les lignes, elles sont instructives. Yoro et ses riches amis (bien connus d’INTERPOL) nous disent tout le bien qu’ils pensent du MUJAO, qu’ils ont créé dès 2011 avec quelques terroristes sahraouis et mauritaniens dissidents d’AQMI.

Au-delà d’enjeux financiers transparents (drogue, rançons d’otages…), pourquoi cette dissidence ? Parce que les chefs du MUJAO voulaient aller plus loin qu’AQMI, en étendant le « djihad » à l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest et en terrorisant encore davantage les populations. Les populations mais pas certains grands « commerçants », et pour cause.

 

On se demande bien pourquoi Yoro a si bien connu et apprécié Belmokhtar, pourquoi il a  fui Gao avec les djihadistes en 2013, pourquoi les habitants ont pillé ses maisons pour se venger (de quoi d’ailleurs ?), pourquoi il s’est caché dans les maquis du MUJAO jusqu’au printemps de cette année ?

 

Si la peur et l’intérêt ne les retenaient pas – aujourd’hui – de manifester encore davantage, comme en 2012, leur proximité avec de grands noms du terrorisme international, Yoro et ses riches amis du MUJAO le feraient. Ils ne prendraient même pas la peine de masquer leur engagement djihadiste et leurs intérêts (leur « business ») derrière un prétexte de lutte patriotique contre le MNLA.

 

Aujourd’hui le MNLA c’est l’alibi de Yoro. Il n’a que ce nom criminel à la bouche, c’est son épouvantail, son bouclier. « L’Armée française m’a proposé de rejoindre le MNLA ». Mais à qui faire croire une ânerie pareille ? Pourquoi les français, déjà accusés de complaisance vis-à-vis du MNLA iraient-ils dire une chose pareille à un criminel susceptible d’être libéré de prison le lendemain ??

A leur place, à un homme vénal comme Yoro, et quelques semaines après l’attentat sanglant du 14 juillet, commis « sur ses terres », à Almoustarat, par Belmokhtar, on dirait plutôt : « Sais tu que les Américains et nous offrons des dizaines de millions de dollars pour la tête de Belmokhtar ? »

 

D’une certaine façon, le MNLA et le MUJAO sont deux gangs criminels rivaux au sein desquels la « police » recrute. La « police » française est trop proche de ses « indicateurs » du MNLA ? Elle leur fait encore trop confiance. Chacun de nous, à son niveau, doit continuer à lui ouvrir les yeux sur les réalités touarègues et, surtout, nord-maliennes.

Le problème c’est que chez nous c’est un peu le risque inverse : que notre « police » soit trop proche du MUJAO, mais que ce soit celui-ci qui recrute dans notre « police ».

Alors, si entre Bamako et Paris c’est la « guerre des polices », on doit reconnaître, tristement, que, pour le moment, la confiance va davantage vers la « police » française pour combattre le crime que vers la nôtre…

 

Yoro, peut-être désormais conseillé par ses ex-geôliers français, cherche-t-il maintenant à faire beaucoup de bruit avec ses bavardages pour cacher autre chose ? La « police » française tente-t-elle maintenant de recruter davantage au sein du MUJAO pour équilibrer ses informations ? L’avenir nous dira si elle a réussi avec l’« intrépide Yoro ».

 

Boubacar SIDIBE

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