1ère édition de la rentrée économique du CNPM : Les bonnes recettes du patronat pour tirer l’économie malienne vers le haut

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Présidée par le chef de l’État, Ibrahim Boubacar Keïta, la 1ère édition de la rentrée économique du Conseil National du Patronat du Mali (CNPM), s’est tenue le mardi 23 mai dernier dans la salle des banquets du Palais présidentiel à Koulouba. Le patronat a égrené une longue liste de mesures et de réformes à mettre en œuvre par le pouvoir exécutif afin de tirer le secteur privé, moteur de la croissance et  du développement économique, vers le haut.

« Emploi et Formation professionnelle » et « la commande publique », ce sont les thèmes majeurs retenus pour la 1ère édition de la rentrée économique du Conseil National du Patronat du Mali (CNPM), tenue le mardi 23 mai dernier à Koulouba sous la présidence du chef de l’État, Ibrahim Boubacar Keïta. Une première dans l’histoire de notre pays. Hommes d’affaires, opérateurs économiques, industriels, bref  toutes les têtes couronnées de l’économie malienne étaient présentes avec à leur tête, le président du CNPM, Mamadou Sinsy Coulibaly, patron du groupe Klédu.  Pour qui, la concrétisation du programme présidentiel de création de 200.000 emplois  implique des réformes pour permettre au secteur privé malien de mieux s’épanouir. Selon lui, la maîtrise du savoir technique visant l’amélioration de la productivité des entreprises est indispensable pour un pays comme le Mali toujours en quête d’un développement économique et social harmonieux pour assurer le mieux être aux populations.

« Notre économie est composée de PME-PMI et des micros entreprises, protégeons-les. Ensemble, jetons les bases d’une véritable relance économique », dit-il.  D’où selon lui, tout l’intérêt de l’organisation d’une  rentrée économique pour servir de cadre d’échanges entre les acteurs du secteur privé et les pouvoirs publics afin d’améliorer l’environnement des affaires par des réformes et favoriser ainsi l’émergence des entreprises maliennes.

Ce qu’il faudra changer pour lever les entraves

Après avoir fait un diagnostic sans complaisance du secteur privé, le Conseil National du Patronat du Mali (CNPM), a suggéré au gouvernement ses recettes servant de base à une véritable relance de l’économie.

La première concerne la gouvernance des structures dédiées à la promotion de l’emploi et à la formation professionnelle. Et pour cause, constate le CNPM, dans son rapport présenté par son vice-président Seydou Mamadou Coulibaly, les textes qui instituent la création de ces structures d’appui prévoient tous l’existence d’un Conseil d’Administration, en tant qu’instance décisionnelle suprême et précisent sa composition et ses modalités de fonctionnement.

Cependant déplore-t-il, force est de constater que le Conseil d’Administration est devenu un organe de figuration destiné à mettre juste la forme à des décisions prises à d’autres niveaux et a perdu ses prérogatives au profit du Ministère de tutelle.

Pour résoudre cette équation, le CNPM a suggéré au gouvernement de renforcer les pouvoirs du Conseil d’Administration en lui octroyant le pouvoir de nommer et de révoquer le Directeur Général et son Adjoint et le pouvoir de valider en dernière instances, des décisions relatives au budget, aux rapports d’activités entre autres. Et cela afin de mieux garantir le respect strict des prérogatives de chaque instance au sein des structures concernées. Car pour le CNPM, le fait que le Directeur Général soit nommé par le ministre de tutelle plutôt que par le Conseil d’Administration empêche ce dernier  d’avoir un droit de regard sur ses actions. Mais aussi, constate toujours Seydou Mamadou Coulibaly, vice-président du CNPM, le fait que le DG soit nommé pour une période non limitée pousse certains d’entre eux à se préoccuper plus de leur maintien au poste plutôt qu’aux performances globales de la structure.

Pour pallier à ces problèmes, le CNPM propose de revoir le processus de désignation des DG en procédant désormais, entre autres à : un appel à candidature par voie de presse, d’introduire un processus de présélection sous la conduite d’un cabinet privé indépendant, de sélectionner le candidat retenu par le conseil d’administration et transmettre le nom du candidat retenu au Ministère de tutelle pour l’acte de nomination pour une durée de 3 ans renouvelables une seule fois. La finalité recherchée selon Seydou Mamadou Coulibaly, par cette mesure est d’instaurer une culture de résultat au sein  des structures.

Des taxes de trop

Outre les mesures d’ordre administratif, il ressort du diagnostic du  CNPM que la pression fiscale pèse sur les entreprises maliennes en matière d’emplois plus que les entreprises des autres membres de l’espace UEMOA.

A titre d’exemples, Seydou Mamadou Coulibaly a révélé que les entreprises maliennes payent deux taxes supplémentaires par rapport aux entreprises d’autres pays de l’UEMOA. Il s’agit de la taxe Emploi Jeunes et la taxe Logement. Alors que pour lui, le taux des  impôts partagés par l’ensemble des pays est plus élevé au Mali.  Toute chose qui selon lui,  accroit considérablement les charges des entreprises par rapport à la masse salariale.

« Toute augmentation de la masse salariale a une incidence financière qui va au-delà du seul salaire versé aux travailleurs. La seconde conséquence  est un manque de compétitivité pour les entreprises maliennes dans un marché de plus en plus ouvert. Nos entreprises, du fait de l’enclavement et du coût élevé des facteurs de production, sont déjà très handicapées sur le marché communautaire. Si à cela s’ajoute une pression fiscale plus importante, il leur sera quasiment impossible de rivaliser avec celles des pays voisins », a-t-il analysé.

Ainsi le CNPM suggère la suppression de la contribution forfaitaire pour faire une refonte des différentes taxes (TFP, TEJ, TL) en une seule taxe, «Taxe Emploi» avec un taux  de 5 %. Et d’après Seydou Mamadou Coulibaly, le montant collecté servira à alimenter les différentes agences qui bénéficient de ces fonds. Mais aussi, le CNPM propose la modification de l’Impôt sur les Traitements de Salaire (ITS) en ramenant le taux d’imposition à  25 % pour faire baisser la pression fiscale sur les entreprises afin de les inciter à recruter davantage et à être plus compétitives face à leurs homologues de l’UEMOA.

Et en dernier ressort, le patronat réclame la réduction de sa contribution  dans les charges sociales afin de se rapprocher des taux en vigueur dans les autres pays de l’UEMOA.

Après avoir religieusement écouté les différentes interventions, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, impressionné par la clarté des doléances formulées, a instruit au Premier ministre de prendre des mesures idoines dans la mesure du possible. Et cela dans un délai de six mois.

« Nous n’allons pas attendre un an pour agir. Nous allons nous retrouver très bientôt », a-t-il promis.

Lassina NIANGALY

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