Campagne agricole 2014-2015 à l’ODRS : Les mises en garde du ministre Treta

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Labour d’un champ de mil
Labour d’un champ de mil

Certaines libertés concédées par l’encadrement à certains paysans risquent d’amoindrir les résultats de la saison hivernale 

Cela aura été sans doute l’étape la plus mouvementée de la tournée ministérielle. Non pas par un quelconque télescopage des événements. Mais par les multiples constats critiques faits sur le terrain. Après Sikasso et Madina Diassa, le ministre du Développement rural, Dr Bokary Treta, a achevé samedi dernier sa visite de supervision de la campagne agricole par les périmètres de l’Office du développement rural de Sélingué (ODRS) et de Maninkoura.

Situation dont l’évidence saute aux yeux, les deux périmètres souffrent d’un dysfonctionnement profond et très inquiétant de leurs réseaux d’irrigation et de drainage. A Sélingué, la délégation a constaté la vétusté et la dégradation très avancée des infrastructures d’irrigation et de drainage avec comme conséquences des inondations et une faible irrigation des parcelles. A Maninkoura, le périmètre est faiblement irrigué en raison de la hausse de la facture d’énergie au niveau des stations de pompage et de l’encombrement des canaux par les plantes. Il faut d’ailleurs rappeler que les difficultés de gestion de l’ODRS avaient amené le département de tutelle à sanctionner les responsables de la structure en relevant le directeur et son adjoint.

Dans la foulée de cette sanction, le ministère du Développement rural a nommé Dr Mamadou M’Baré Coulibaly, comme directeur adjoint de l’ODRS en attendant le lancement officiel de la procédure de recrutement d’un directeur par appel à candidatures. D’ici le dénouement de cette procédure, Dr Treta a demandé aux travailleurs de l’Office de considérer le nouveau directeur adjoint comme le responsable chargé de conduire les affaires courantes.

La visite sur le terrain a permis de constater de visu la dégradation des réseaux d’irrigation et de drainage de l’ODRS. Ces infrastructures n’ont pas bénéficié d’entretien digne de ce nom depuis 1996 au moins, ont avoué certains agents interrogés. Pourtant la structure bénéficie chaque année d’un budget de fonctionnement et d’entretien, a relevé le ministre. Où sont donc passées ces allocations ? s’est interrogé Dr Treta. Avant de promettre de diligenter un contrôle de la gestion de la période concernée par les services de l’Inspection.

Par ailleurs, la visite sur le périmètre a permis de se rendre compte que certains producteurs sont au stade de la préparation des pépinières pour la campagne hivernale qui démarre alors que d’autres sont encore occupés à récolter et à battre le riz de contre-saison. Pour l’occasion le ministre Dr Treta a marqué un arrêt sur les parcelles des paysans N’Fa Dravé et Souleymane Kéita qui étaient occupés à semer leur riz dans la pépinière préparée à cet effet. Dr Treta a même donné un coup de main symbolique au premier nommé en l’aidant à préparer sa pépinière.

UN ENSOLEILLEMENT PLUS LONG – La question qui se posait était de savoir comment se faisait-il que des paysans en soient encore à récolter leur riz de contre saison, alors que la période est à l’installation des pépinières, conformément au calendrier agricole arrêté ? En effet, selon les explications fournies par l’encadrement, le calendrier agricole prévoit l’installation des pépinières destinées à la campagne hivernale à la présente date. Les variétés mises en pépinière fournissent un riz dont la durée de maturation oscille entre 3 et 4 mois. La récolte est donc prévue pour octobre-novembre. La période de contre saison s’étend, elle, de février à mai-juin.

De ce fait, les paysans qui sont entrain de récolter leur riz de contre saison au-delà du calendrier fixé se trouvent dans la perspective d’un chevauchement de leur occupation présente avec la campagne hivernale. Le retard amené par l’exécution hors délai de la campagne de contre saison se répercutera inévitablement sur la période de maturation du riz hivernal. Maturation qui coïncidera alors avec la période de froid qui s’étend de fin novembre à décembre. Or, la saison froide n’est guère propice à la maturation du riz qui a besoin d’une de période d’ensoleillement plus longue que celle qui prévaudra à cette période là. Le second risque qu’amènera le décalage par rapport au calendrier est la baisse de rendement, car la période de maturation dans laquelle les épis vont se trouver ne leur sera pas favorable au plan de la phénologie. Le nouveau directeur général adjoint a même conseillé à un paysan de semer une variété plus hâtive que celle qu’il s’apprêtait à mettre en sol.

Pour justifier l’instauration de cette riziculture à deux vitesses, l’encadrement a avoué avoir cédé aux pressions incessantes de ceux des paysans qui demandaient à implanter une campagne de contre-saison en dépit des risques de chevauchement avec la saison hivernale. Dr Treta a désapprouvé la légèreté de la décision prise par les encadreurs en permettant à seulement une soixantaine de paysans de semer en retard pour cette contre saison sachant bien que leur récolte va empiéter la période de démarrage de la campagne hivernale. Le ministre a également rappelé les exigences du calendrier agricole et la priorité absolue donnée à la saison hivernale qui permet d’exploiter au maximum les capacités du périmètre. Il a enfin menacé de sanctionner sévèrement l’encadrement si les paysans n’arrivaient pas à atteindre les objectifs de rendement en raison de ce retard de démarrage des cultures pour la saison hivernale.

Au-delà de ce problème de respect du calendrier agricole, il est à relever les importantes difficultés d’exploitation des périmètres de Sélingué et de Maninkoura. Le directeur général adjoint a souhaité que le département apporte un appui financier conséquent pour la réhabilitation des réseaux d’irrigation et de drainage. Le démarrage des travaux de réalisation du seuil de Kourouba dans le cadre du Programme de développement de l’irrigation dans le bassin du Bani et à Sélingué (PDI-BS) est prévu le début de l’année 2015. Dr Mamadou M’Baré Coulibaly a formulé l’espoir que ses doléances puissent rencontrer un écho favorable. Avant de quitter Sélingué, Dr Treta a instruit au PDI-BS de louer une pelleteuse pour curer le canal de drainage du périmètre de Maninkoura dans les meilleurs délais possibles. Il a engagé Dr Coulibaly à réussir la mission de redressement de l’ODRS que le département lui confie.

M. COULIBALY

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