Environnement ; Quand des agents des Eaux et Forêts se rendent complices de la désertification du Mali !

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Dans un passé pas trop lointain, le Mali était un pays très arrosé par la pluie. Il pleuvait à tel point que le premier président du Mali indépendant, Modibo Kéïta, avait rêvé de faire de la zone de Sikasso, une région de production de Café, de Thé vert, de Cola, bref. Il voulait faire de cette région, un prolongement naturel de la Côte-d’Ivoire et de la Guinée au Mali. Selon certains nostalgiques de ce passé glorieux, des tests concluant avaient été effectués à cet effet. Et jusqu’à présent, certaines familles à Kadiolo ont continué à garder l’espoir qu’un jour, le Mali aussi va produire le café « made in Mali » en maintenant en vie les caféiers dans leurs vergers. C’est la chute du régime du Général Moussa Traoré qui a entrainé avec elle, la fin de la culture du thé vert à Sikasso. Car, les nouveaux maitres du jour se sont pliés à l’injonction des Institutions de Breton Woods( le Fonds monétaire international et la Banque mondiale) en privatisant l’unité industrielle qui produisait le thé. Quand bien même qu’elle avait été restructurée peu de temps avant la chute du régime.

Comme pour dire que le Mali était certes désertique dans sa partie septentrionale, mais il était suffisamment couvert d’arbres pour protéger sa terre nourricière. Mais, c’est durant les vingt dernières années que le couvert végétal s’est fortement dégradé du fait des actions des bucherons et des agents forestiers. Des agents recrutés et payés par le contribuable malien pour protéger sa faune et sa flore, mais par cupidité et la seule volonté de se faire de l’argent indu, se sont transformés en véritables prédateurs.

Selon le témoignage, sous le couvert de l’anonymat, d’un agent public qui travaille avec les forestiers au niveau des postes de contrôle à l’entrée de Bamako, certains forestiers véreux peuvent descendre de garde avec plus de 500.000 FCFA  en poche. Car leur cupidité les pousse à devenir des complices et mêmes des informateurs pour  les gens qui sont en train de détruire la nature. « Ne venez pas tôt aujourd’hui, les éléments de la Direction générale sont à nos côtés pour nous surveiller », avertissent-ils souvent.

Du coup, le Mali se transforme en désert sous le nez et la barbe des pouvoirs publics qui s’abritent derrière l’excuse planétaire : « le changement climatique ». Ce concept qui passe partout, inventé par l’Occident pour le besoin de la cause,  est devenu un slogan mondial pour faire avaler aux africains, la pilule de la désertification de leur continent du fait de l’exploitation de nos ressources naturelles, notamment les mines et les forêts. Toutes les souffrances du président Aly Bongo ont commencé lorsqu’il a exigé aux entreprises françaises qui exploitent le bois gabonais de faire la première transformation sur place pour permettre au Gabon de profiter d’une partie de la plus-value de cette ressource.

Pour revenir à la réalité malienne, il convient d’insister sur l’erreur stratégique commise par les gouvernements successifs d’Alpha Oumar Konaré et d’Amadou Toumani Touré en acceptant avec la Banque mondiale, de faire du bois, une ressource économique exploitable au Mali. Alors que notre forêt n’est pas suffisamment garnie. Et pour cause, les 2/3 du pays sont occupés par le désert, un phénomène naturel, contre lequel, l’homme pourra difficilement faire quelque chose malgré le progrès technologique. Sinon, la Chine et les Etats-Unis auraient déjà vaincu les leurs qui rongent le Centre de leurs pays respectifs. Au Mali comme aux Etats-Unis, c’est le territoire occupé par le désert qui est propice à l’élevage. Mais, à cause de la coupe abuse du bois pour la consommation domestique et commerciale, le désert a complètement absorbé toutes les zones de pâturage, obligeant les éleveurs à immigrer vers le Sud du pays avec leurs troupeaux. Aujourd’hui, le vaste territoire étalé entre le septentrion de la région de Ségou et les frontières Mali-Algérie, Mali-Mauritanie, Mali-Niger et Mali-Burkina Faso est occupé par le désert, donc difficile d’y vivre à la fois pour les animaux et leurs propriétaires. Jadis très prospère à cause de son pâturage très riche en protéine, cette immense terre est devenue un nid de misère à cause du comportement des humains, qui abusent de leur environnement en foulant au pied, l’avenir de leurs enfants. Le hic qui fait tilt, c’est l’engorgement du fleuve Niger à cet endroit à cause de l’érosion à la fois éolienne et hydrique. L’immense terre rizicole de l’Office riz de Mopti abandonnée à la porte de Djenné et de l’autre côté du Niger entre Mopti et Konah en bordure du fleuve en sont une illustration parfaite. Faute d’eau et d’entretien, les ouvrages agricoles se sont complètement abîmés, réduisant les exploitants agricoles et les éleveurs au chômage.

Le rôle de gardien des forestiers

Cette situation que certains expliquent par le concept de changement climatique, n’est qu’une fuite en avant et de responsabilité des autorités. Le changement climatique a une cause à laquelle, il faut s’attaquer : c’est l’exploitation abusive des forêts. C’est sur ce terrain que les agents forestiers sont interpellés. Nous y reviendrons dans nos prochaines éditions.

M. A. Diakité

 

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