Chronique satirique : Les cadeaux chinois de LadjiBourama

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Les cadeaux chinois de LadjiBourama
Le Président IBK au Forum Economique Mondial de Tianjin (Chine)

Le pèlerin national a fait beaucoup de prières avant de débarquer sur le sol chinois. Il en revient avec un sac rempli de cadeaux. S’agirait-il d’un bidon de leurres comme le prétendent les “hasidi” ?

 

J’avais, il y a six mois, suggéré à LadjiBourama de ne pas perdre son temps au Rwanda, où on ne mange pas à sa faim, pour se rendre en Chine. Devenu, en 2014, la première puissance économique du monde par son PIB, ce beau pays est, avec la Libye, le secret de la réussite socio-économique de l’ancien président Konaré et de son successeur, le “Vieux Commando”.

 

LadjiBourama a fini par flairer les vents porteurs de soupe. Du 10 au 12 septembre, il a transporté son chapelet, sa bouilloire et sa sébile à Pékin. Il a bien fait. Les Chinois sont, en effet, des hôtes charmants, surtout envers des visiteurs cultivés comme LadjiBourama, qui manient allègrement le subjonctif et ponctuent les phrases de formules latines et grecques. Et puis, les Chinois, de nature minces et courts, sont facilement impressionnés par le fils de Boubacar et de Koniba, lequel a hérité de son ancêtre Soundjata une allure physique tout à fait imposante. Surtout quand il porte ses grands boubous “bolokourouni” assortis de fines lunettes dignes d’un savant du 20ème siècle. Or donc, LadjiBourama a fait, en Chine, une moisson gignatesque qui ferait pâlir d’envie le Père Noël lui-même. Ses amis chinois lui ont mis en main une liste de projets longue et épaisse comme l’estomac d’un transhumant politique :

 

– un 4ème pont à Bamako;

– un pont sur le fleuve Niger à Ségou;

– le dragage du fleuve Niger et l’aménagement de ses berges bamakoises;

-la route Bamako-Koulikoro et un pont à Kayo;

– des routes Kwala-Goumbou-Nara, Ansongo-Ménaka-Anderamboucane, Douentza-Tombouctou;

-7 ports secs à Bamako, Kati, Sikasso, Kayes, Nara, Naréna et Gao;

– 1 centrale solaire à Kati et à Koulouba;

– 1 transformateur électrique à Sanankoroba;

– 1 voie ferrée entre Bamako et Conakry;

-1 usine pharmaceutique et 1 usine de thé;

– 24 000 logements sociaux et Bamako et environs;

-1 ligne de financement des petites entreprises;

– un don de 18 milliards de FCFA;

-un prêt sans intérêt de 26 milliards de FCFA;

– des équipements médicaux d’une valeur de 80 millions de FCFA;

– 600 bourses d’études.

 

En somme, le sac de LadjiBourama est revenu plein à ras bord: 5.500 milliards de FCFA de projets! Pour parvenir à glaner tout ce pain au raisin, le pèlerin national a certainement fait beaucoup prières avant de débarquer sur le sol chinois. Des prières du genre : “O Allah soubahanawatallah! Les hasidi et les méchants de l’opposition racontent sur tous les toits que depuis un an, je n’ai rien foutu dans le pays ! Aide-moi ! Donne-moi de quoi les faire taire!”. LadjiBourama a même dû faire appel, à l’occasion, aux précieux services de son vieil ami, le chérif anti-CEDEAO de Nioro. Cependant, sans vouloir jouer aux rabat-joie et tout en présentant mes sincères excuse à la dangereuse Compagnie de griots de Koulouba, je crains, pour ma part, les projets pharaoniques car je sais comment ont fini tous les pharaons de l’histoire.

 

 

Alors question : quelle garantie a-t-on que les Chinois tiendront leurs mirifiques promesses ? Certes, l’Etat chinois est assez fortuné pour financer tout ce qu’il promet mais là, ce n’est pas l’Etat chinois qui promet: c’est plutôt un consortium d’entreprises privées. Or chacun sait qu’un privé n’a plus les mêmes idées au coucher qu’au réveil, n’est-ce pas ?

 

 

Re-question: les projets seront-ils maintenus même en cas de non-règlement de la question du nord ? Il y a lieu de s’en inquiéter car il n’est pas dit que les groupes armés, qui contrôlent la majeure partie du nord et font régner la terreur sur le reste, permettront à des amis du Mali de construire ponts et routes dans leur cher Azawad.

Re-re-question:a-t-on précisé à LadjiBourama le délai d’exécution des projets dont on a rempli son sac ?LadjiBourama, qui vient de passer une année infructueuse au pouvoir, a urgemment besoin de convaincre ses électeurs qu’il fait autre chose que du tourisme à bord de son Boeing 737. Or, si ma mémoire ne me joue des tours, des bailleurs généreux avaient, en son temps, promis au “Vieux Commando” qu’ils feraient couler le premier puits de pétrole malien en 2008. Ce fameux puits coulant, on l’attend toujours ! Il ne faudrait pas que les Chinois s’inspirent de cette farce et attendent 2018 pour se manifester !

 

 

Re-re-re-question: qu’a promis LadjiBourama en contrepartie des investissements chinois ? Chacun sait qu’un investisseur, même charitable comme les Chinois, ne jette pas ses sous par la fenêtre. D’ailleurs, les Chinois sont majoritairement bouddistes ou athées et ne se laissent nullement attirer par les “Inch Allah” d’un pèlerin malien. Or, ni Ladji, ni son Premier Ministre (pourtant très peu porté au silence), ni son parti (qui a bruyamment fêté les promesses chinoises) n’ont pipé mot des éventuelles contreparties maliennes. Soit dit en passant, il n’y a plus de place pour les Chinois dans les mines d’or maliennes, déjà occupées par les Australiens, les Sud-Africains et les Anglo-Canadiens. Le pétrole malien, situé au nord, restera, lui, inexploitable tant qu’Iyad Ag Ghali et les siens y monteront la garde. Seules demeurent disponibles les terres arables de l’Office du Niger. La Chine, vaste de 9,6 millions de kilomètres carrés, a-t-elle vraiment besoin de ces miniscules bouts de terre maliens ? Les amis chinois n’accuseront-ils pas un jour l’Etat malien d’escroquerie ? Heureusement que ni la CPI, ni la Haute Cour de Justice ne sont compétents pour juuger un Etat !

 

 

En tout état de cause, LadjiBourama devrait trouver les mots justes pour apaiser la jalousie des Occidentaux. Contrairement à ce qu’il croit, ce sont ces gens-là les vrais “hasidi” (envieux). N’ont-ils pas fait des misères à au Congolais Joseph Kabila lorsqu’il a concédé des mines aux Chinois contre un prêt géant de 9 milliards de dollars ? Or, pour le malheur de Ladji, son pays, dépourvu d’armée, se trouve sous tutelle militaire franco-onusienne et sous protectorat économique du duo FMI-Banque Mondiale, le bras financier des Occidentaux. Faire les yeux doux aux Chinois tout en préservant l’amitié des “hasidi” occidentaux, voilà un vaste programme ! En venant au pouvoir, le programme de LadjiBourama se résumait à deux mots (“Mali D’Abord, inch Allah”). Depuis son retour de Chine, il a un programme complet !

 

 

Tiékorobani

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5 COMMENTAIRES

  1. Re-re-re-question: qu’a promis LadjiBourama en contrepartie des investissements chinois ?
    Reponse: renvoi a la reponse a la premiere question.

  2. Re-re-question:a-t-on précisé à LadjiBourama le délai d’exécution des projets dont on a rempli son sac ?
    LE DELAIS D’EXCECUTION D’UN PROJET SERA CONNU QUAND ET SI LE PROJET COMMENCE

  3. Re-question: les projets seront-ils maintenus même en cas de non-règlement de la question du nord ?
    Reponse: ca c’est une question de “hasidi”, NE SERA PAS REPONDU.
    D’ailleurs, ne sais-tu pas que ton Ladji B a “plusieurs chapelets dans sa poche”?

  4. Alors question : quelle garantie a-t-on que les Chinois tiendront leurs mirifiques promesses ? Reponse: Pour se rembourser le coût du plus important projet -Chemin de fer Bamako- Conakry- estimé à 4000 milliards de F CFA. , la China Railway Engineering Company exploitera à son compte les mines de fer de Balé. Les études de faisabilité, tant en ce qui concerne le tracé de la ligne, que celles qui concernent la mine de fer seront entièrement à la charge des Chinois.
    Tiecorobani, “ILS” FONT DELIBEREMENT EXPRES D’OCCULTER CETTE PARTIE.

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