Fonds de Bruxelles – aides budgétaires : Ombre sur les finances de l’Etat !

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Troisième réunion de suivi de la Conférence de Bruxelles pour le Mali : Les résultats n’effacent pas les urgencesDans quels secteurs, ces fonds ont été investis ? Comment le Mali a pu, en un laps de temps, engloutir autant de milliards, sans qu’on ne ressente l’impact sur le quotidien des Maliens ? Quel a été l’apport de ces milliards dans l’économie nationale ? Ajoutez-y les appuis budgétaires de l’Union Européenne, de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, évalués, eux aussi,  à plusieurs centaines de milliards de FCFA. Où sont partis tous ces fonds à un moment où notre pays a plus que jamais besoin de ressources financières ? La mauvaise gouvernance et l’opacité dans l’attribution des marchés publics ont naturellement permis à une certaine catégorie de personnes de faire main basse sur les finances de l’Etat.

 

L’annonce du décaissement de 76% des fonds de Bruxelles a laissé perplexe plusieurs de nos compatriotes. Qui ne s’expliquent pas la façon dont on peut dépenser autant de milliards sans que cet argent ait un impact visible et lisible.

Sur un total de 2155 milliards de FCFA d’annonces faites lors de la conférence de Bruxelles (15 mai 2013), au 31 décembre 2014, les appuis recensés étaient engagés à 94% et décaissés à hauteur de 76%, selon le Groupe de suivi de la conférence de Bruxelles. Cette aide a été apportée sous la forme d’appuis budgétaires (17%) et d’aide humanitaire d’urgence (23%), en plus des appuis sectoriels. Mais les conclusions ne détaillent pas les domaines précis qui ont bénéficié de ces ressources. Ce qui n’est pas de nature à rassurer les Maliens. Qui espérait un changement de cap sous le régime d’IBK.

L’espoir du 15 mai 2013 vient ainsi d’être brisé. Beaucoup de nos compatriotes croyaient que ces fonds allaient permettre le décollage économique de notre pays. Ces fonds devraient, en principe, faciliter la mise en œuvre du Plan pour la Relance Durable du Mali, PRED. Ce plan, dont l’échéance était fixée au 31 décembre 2014, a été la base des engagements du Mali et de la Communauté internationale lors de la Conférence Internationale « Ensemble pour le renouveau du Mali » de Bruxelles. Plus de 3 milliards d’Euros des promesses d’appui ont été annoncés à Bruxelles. Et la réalisation du PRED, à long terme, devrait mettre le Mali sur les rails d’un pays émergent. Voici que ces fonds ont été dilapidés sans laisser la moindre trace. Pas de gros chantiers engagés. Pas de route construite. Pas de retour de réfugiés. Pas d’amélioration dans la gestion des finances publiques. Pas d’amélioration des services sociaux. Un seul hôpital n’a été construit. Pas une seule université. Alors où est parti tout cet argent. Plus de 2000 milliards de FCFA. Excusé du peu !

Aussi, l’Union Européenne a confirmé son engagement substantiel aux côtés du peuple malien dans ses efforts de stabilisation et de reconstruction du pays. Un paiement de 95 millions d’Euros (62,32 milliards FCFA) au titre du « Contrat d’Appui à la Consolidation de l’État» a été effectué en faveur du Mali dans le cadre de l’appui budgétaire de l’Union européenne au Mali pour l’année 2014.

En 2013, l’Union européenne avait déjà octroyé 120 millions d’euros d’appui budgétaire (78,71 milliards FCFA) en faveur du Mali. Le pays, alors en pleine phase de transition et face au défi du  retour à l’ordre constitutionnel par l’organisation d’élections présidentielles et législatives, avait bénéficié de la rapidité de l’appui de l’Union européenne.

Le « contrat d’appui à la consolidation de l’État du Mali » d’un montant de 225 millions d’Euros (146, 25 milliards de FCFA) a été signé entre la Commission européenne et le gouvernement du Mali le 15 mai 2013 lors de la Conférence de Bruxelles. Trois décaissements ont eu lieu pendant la période de mise en œuvre 2013-2014. Ce programme d’appui budgétaire avait pour objectif de soutenir le gouvernement du Mali dans la transition et la sortie de la crise en favorisant  une relance  économique durable. Il visait notamment à appuyer l’Etat malien à, entre autres, accroître les capacités financières du gouvernement pour renforcer la stabilité macroéconomique et ses capacités d’action en faveur du développement, Améliorer la gouvernance et notamment la gestion des finances publiques, y compris le contrôle et la transparence budgétaire ; accompagner le gouvernement du Mali dans la situation de transition et dans la réconciliation nationale ; soutenir les efforts du gouvernement pour assurer ses fonctions essentielles sur tout le territoire national, en particulier les services sociaux de base (santé et eau) et la relance économique à travers la création d’emplois.

 

Asphyxie financière

Au même moment, le FMI décide de verser au gouvernement du Mali un prêt de 11,7 millions de dollars (5, 8 milliards de FCFA). L’institution internationale a saisi l’occasion pour annoncer la reprise de son aide financière et un coup de pouce à l’économie malienne. La croissance économique de notre pays devrait atteindre cette année 5,8%. Gelées depuis six mois en raison de certaines supposées irrégularités budgétaires (l’achat d’un avion présidentiel pour 16, 17 voire 20 milliards FCFA et des surfacturations sur des contrats d’armement), les aides financières accordées par le Fonds monétaire international (FMI) ont repris.

Malgré ces sommes faramineuses, le Mali croule sous le poids de la dette intérieure et extérieure. L’armée malienne est toujours sous équipée. Les Maliens rasent le mur. L’asphyxie financière a gagné tout le système. Les prix des denrées de première nécessité grimpent chaque jour. Les travailleurs sont exaspérés. Les budgets départements ministériels ont été, pour la plupart, réduits au strict minimum. Les ministres se contentent de faire des visites- éclair sur des chantiers (souvent lancés sous l’ancien régime) dont les financements varient entre 20 et 50 millions de FCFA. La déception est à son comble. Car, le peuple, dans sa majorité, ne sait pas ce que sont devenus ces milliards de francs drainés en direction du Mali entre 2013 et 2014.

 

Idrissa Maïga

 

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1 commentaire

  1. Les Ongééééés… et toutes ces espèces de créééétins qui viennent menacer un pays souverains… ont décaissé ces fonds… 🙁

    ni le gouvernement malien… ni notre ministre des finances… ni nos députés… n’ont les ressources humaines qualifiées pour instruire ces détournements de fonds opérés dans les banques occidentales… et dire au peuple malien comment cela s’est passé… 🙁 🙁 🙁

    La société civile doit porter plainte au près des hautes institutions nationales pour accéder aux dossiers de ces détournements… 🙁

    Des avocats étrangers compétents peuvent instruire ces dossiers… 🙁 🙁 🙁

    Dans tous les cas la société civile doit obliger les députés à refuser le remboursement de ces fonds… qui ont enrichi des ongéééés “voyous”…

    🙁 🙁 🙁 🙁 🙁 🙁 🙁 🙁 🙁 🙁 🙁 🙁 🙁 🙁

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