Mali institutions de Bretton Woods : La glace de la méfiance fondue

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Washington: Le FMI et le Mali sur la même longueur d'onde
IBK et les membres du FMI (photo archives)

Après huit mois d’interruption, notre pays renoue avec ses partenaires. Le climat de suspicion née de l’achat de l’avion présidentiel et le contrat d’équipements militaires a connu un dégel en ce début du mois de décembre. Mais de nombreux  défis demeurent.

«A près la pluie, le beau temps » dit-on. Cet adage sied bien à notre pays. Depuis plus de cinq mois le Mali est sous perfusion économique. Une situation qui résulte de la détérioration des rapports entre notre pays et ses partenaires internationaux. Faut-il le rappeler, la crise de 2012 a provoqué l’effondrement de notre économie. Ce qui n’a pas manqué de susciter la sympathie de la communauté  internationale. Ainsi, une conférence des donateurs s’est tenue à Bruxelles  le 13 juin 2013 en faveur de notre pays. A l’issue de laquelle  les bailleurs de fonds se sont engagés sur la base du plan pour la relance durable du Mali (2013-2014) présenté par le gouvernement de transition, à accorder 3,250 milliard d’euros. Courant 2013, la commission de l’Union européenne a effectué son premier décaissement  d’un montant de 90 milliard d’euros dans le cadre d’un contrat d’Appui à la consolidation de l’Etat. A peine investi président de la république en septembre, IBK et son équipe n’ont pas tardé à baliser la voie à d’autre décaissements. C’est le moment choisi par le pouvoir en place pour se doter d’un nouvel avion présidentiel et procéder à la signature de contrats d’équipement militaires. Drôle de coïncidence ! Ce qui a donné lieu à l’instaurant d’un climat de suspicion entre notre pays et ses partenaires. Ainsi, comme une malédiction, le Fmi, la banque mondiale, l’Union européenne ont respectivement  suspendu leur aide budgétaire. Les raisons  avancées sont entre autres : des dépenses extrabudgétaires relatives à l’acquisition d’un aéronef présidentiel et les contrats de fournitures d’armements. Laissant, du coup, notre pays sur une pente raide. Cette brusque interruption a répercuté  négativement sur le quotidien des Maliens. Car depuis plus de deux décennies la machine économique de nos Etats rime avec les aides internationales. Conséquence de l’ajustement structurel intervenu  dans les années 1980 qui a mis nos Etats sous la coupe réglée de l’occident. La reprise de la coopération a été conditionnée par un audit des finances publiques. Ainsi, la section de la Cour des comptes  et le bureau du vérificateur général ont été mis à contribution avec à la clé, l’autorisation de déverrouiller l’article 8 du code des marchés publics frappé par le sceau du secret de défense. Les rapports de ces structures ont relevé une irrégularité de surfacturation de 29 milliards impliquant des personnalités de haut rang.

La confiance rétablie

L’horizon s’éclaircit progressivement sur la gouvernance économique de notre pays. Après la tempête, le dégel est intervenu dans les rapports entre le Mali et ses partenaires techniques et financiers. La reprise effective a été annoncée depuis Washington le 1er décembre dernier, lors du Conseil d’administration du Fmi, avec à l’appui, un décaissement de six milliards. Ce fut un ouf de soulagement dans l’hôtel  des finances où était regroupé Mme Bouaré Fily Sissoko et le représentant du Fmi, en visioconférence. Comme le bonheur ne vient jamais seul, quelques jours après l’approbation des conclusions de la revue du programme économique  financier, suivie de la tenue de la 8ème revue budgétaire conjointe, achevée le vendredi 5 décembre, la bonne nouvelle pour les perspectives de 2015 est tombée. C’est –à- dire au terme de cette 8ème revue budgétaire, les partenaires techniques et financiers ont annoncé 94,5 milliards comme appui budgétaire en 2015. Depuis l’annonce de la bonne nouvelle, les autres partenaires techniques et financiers se bousculent au portillon du Ministre de l’économie et des finances. Ainsi,  la représentante résidente du groupe Banque Africaine pour le développement  au Mali, Mme Hélène Ngarnin Ganga a accordé un prêt à hauteur de 28 milliard pour le financement du programme de renforcement de la résilience à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle dans le Sahel. Cependant la reprise de la coopération comporte des exigences que le régime en place doit satisfaire. Il s’agit, bien évidemment, de l’application des sanctions pénales ou administratives contre les délinquants financier à col blanc qui ont abusivement profité de l’article 8 du code des marchés publics frappé du sceau de secret pour casser du sucre sur le dos des Maliens. En tout cas, des suites judicaires exemplaires sont attendues  aussi bien par les partenaires techniques que les Maliens dont une frange importante a battu le pavé la semaine dernière, pour exiger la démission des ministres impliqués dans ce dossier. La justice a le devoir de redorer son blason pour ne pas donner raison à l’ex-ministre de la Justice Mme Fanta Sylla qui affirmait que « La justice malienne est indépendante de tout sauf de l’argent sale ».

Boubacar SIDIBE

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