Orange-Mali : Traitements xénophobes

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Qu’ils soient techniciens, informaticiens ou autres spécialistes des télécommunications, les travailleurs maliens d’Orange-Mali commencent à rompre le silence. Surtout, après les mesures, jugées discriminatoires, dont ils se disent victimes. C’était, il y a deux semaines à la faveur d’un arrêt de travail du syndicat.

Les travailleurs maliens d’Orange-Mali se disent convaincus d’une chose : les étrangers sont mieux traités qu’eux. Car, arguent-ils, dans tous les pays où, France-Télécom est présente, c’est le même système. Les mêmes traitements discriminatoires entre les travailleurs.

Des méthodes jugées discriminatoires

Selon un travailleur d’Orange-Mali, que nous avons rencontré, la nouvelle de la baisse et de la suppression des primes pour certaines catégories d’employés maliens est tombée en juin 2009 comme un couperet. Mais ce que notre interlocuteur feint d’ajouter, c’est le silence radio que ses collègues entretiennent autour de cette décision, prise à leur encontre par France-Télécom. Sous peine de se voir licenciés.

La mort dans l’âme, notre source de poursuivre : « les travailleurs maliens sont obligés d’accepter. Car, l’employeur a tout mis en œuvre pour que les tarifs de nos heures supplémentaires soient diminués ou supprimés ». Avant de conclure : « gare à toi, si tu revendiques un droit. Encore moins d’adhérer, ouvertement, au bureau  syndical de la boîte ».

A en croire un cadre supérieur d’Orange-Mali, le traitement est loin d’être équitable entre les travailleurs. Même, à diplôme égal. Selon que vous soyez Français, Sénégalais ou Malien… votre traitement peut monter ou baisser.

« A Orange-Mali, un Français touche, à diplôme équivalent, plus gros qu’un cadre Sénégalais. Et plus gros qu’un cadre Maliens. Aussi, un cadre Sénégalais, toujours à diplôme égal, perçoit plus lourd qu’un cadre Malien », indique notre interlocuteur.

Pourtant, notre source assure que le chiffre d’affaires  journalier d’Orange-Mali est énorme : 60 millions CFA environ que la Direction de la succursale acheminerait, chaque jour, vers Dakar.

En effet, la fièvre du GSM ne souffle sur le Mali que depuis quelques années.

Orange-Mali, un Etat dans un Etat ?

Avec la faible couverture du pays, et l’ouverture du secteur des télécommunications aux capitaux étrangers, France-Télécom a investi le domaine, sous l’enseigne commerciale d’Ikatel, rebaptiser Orange-Mali.

Selon un responsable de la Boîte, déjà, en 2003, le chiffre d’affaires annuel du second opérateur du mobile était estimé à 200 milliards de francs CFA. En l’espace de cinq ans, l’exploitation du réseau aurait augmenté de 150%.

 Mais, curieusement, indiquent nos sources, l’Etat malien a dû abandonner sa souveraineté sur cette manne financière. S’y ajoutent les exos accordées en vrac à Orange-Mali et, dont les montants cumulés sont estimés à plusieurs dizaines de milliards de francs CFA par an, précisent nos sources.

« De toutes les filiales de France-Télécom, Orange-Mali est la filiale la plus rentable du groupe. Elle multiplie par 100, voire par 1000 ses recettes. Contrairement aux autres filiales du Groupe Orange de la sous-région, qui sont au rouge. C’est pour cette raison que la Direction de France-Télécom a décidé de supprimer, pour les uns ou de réduire les primes, pour les autres employés maliens. Et le but de cette mesure est simple : mettre à flot les caisses des filiales Ouest africaines d’Orange », explique un autre cadre d’Orange-Mali. Avant de marquer sa stupéfaction : « c’est bien quand une Boîte dépanne une autre, du même groupe. Mais c’est grave, s’il s’agit de supprimer ou de réduire, seulement, les primes d’une catégorie de travailleurs », conclu-t-il, en réclamant l’anonymat pour des raisons compréhensibles.

Pour d’amples informations, nous avons tenté de rencontrer la Direction d’Orange-Mali. En vain.

Alors que se reproche-t-elle, au juste ?

Nous y reviendrons !

Cyrille Coulibaly

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