Tourisme et découverte du terroir : La légende de Siranguedou

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Nous vous racontions la  légende de cette fée, de la belle Mme Siranguédou,  une diablesse avec ses beaux yeux qui a eu lieu entre les villages de Saman à Tomora  et  de Kontéla Sabousiré qui est différent de Logo Saboubiré. La situation géographique de ces deux villages khassonkés  voisins est importante. Le  village de Saman est situé dans la commune rurale de Tomora dont le chef lieu de commune est Oussoubidiagnan,  cercle de Bafoulabé et région de Kayes.  Quant à l’autre village  Kontéla Sabousiré, il  est situé dans la commune rurale de Kontéla. C’est le premier village de la commune de Kontéla quand on vient de vers Oussoubidiagnan  chef-lieu de la  commune sœur  de  Tomora.

Ces deux villages sont peuplés essentiellement de Khassonkés, de Malinkés, de Peulhs et de Soninkés. Les principales activités de ces villages sont : l’agriculture, l’élevage, le petit commerce et le maraîchage. Ils sont tous des  villages d’immigration par excellence, c’est à dire des points de départ et disposent d’écoles.

C’est la légende  d’une nouvelle mariée en la personne de Mme Siranguédou qui regagnait son époux avec son cortège de mariage impressionnant car, escorté du résonnement des tam-tams. L’atmosphère était conviviale.   Dans les us et coutumes des Khassonkés et des Malinkés,  la dot et les cadeaux  en matière de mariage se résument en 7 têtes de vaches plus 200.000 FCFA pour la jeune fille  Khassonké qui n’a jamais contracté de mariage et entre 3 à 4 têtes de vaches plus 100.000FCFA pour la jeune fille malinké (Karapha).  Le mariage a lieu très généralement les jeudis et exceptionnellement les lundis pour les  dames qui ont l’habitude de contracter mariage (Salimanlio en  langue malinké). Il faut préciser  qu’une jeune fille qui a été mariée et celle qui n’a jamais connu mariage n’ont pas les mêmes  frais de dot et  cadeaux.  Une à deux têtes seront remises  à la nouvelle mariée, plus les ustensiles de cuisine comme cadeaux de la part des parents. Après avoir fixé la date du mariage à la demande de la belle famille,  les parents,  les amis et les voisins sont informés par un forgeron du village ou un autre homme de caste. A la veille du mariage les  mères, les tantes, les cousines, les sœurs,  les amies, les belles sœurs et les voisines de Siranguédou avaient passé trois nuits successives à jouer au tam-tam.  A un jour avant le jour <j>, autrement dit un mercredi soir, les parents ont procédé à l’inventaire des trousseaux qui ont été donnés à la nouvelle mariée.   Le jeudi matin à l’aube,  c’était  l’émotion dans  la famille de Siranguédou. Ses proches parents et amies se mirent à pleurer dans la perspective de son départ chez son futur époux.  Le cortège de mariage de Siranguédou prit le  chemin sans retour, un voyage sans retour  avec le coup de fusil ou des tirs sporadiques  signalant le départ dudit cortège.     Dans la culture khassonké,  la nouvelle mariée qui regagne son foyer est transportée toujours par un cheval. Elle est assimilée à une reine. La nouvelle mariée Siranguédou fut donc royalement installée sur son  cheval pour une destination inconnue car, ce fut  une mésaventure pour la gazelle  et son cortège. A l’entrée de chaque village, le cortège de mariage d’hommes et de femmes tire des coups de fusil pour annoncer l’arrivée d’une nouvelle épouse. Quand le cortège se dirigea vers le village du futur époux selon les us et coutumes des ethnies  khassonké, malinké,   les griots entonnèrent des éloges de la reine Siranguédou.

C’est à la sortie du village de Saman, vers  le côté nord avant d’arriver  à l’autre village qui n’est autre que Samboussiré que l’aventure de Siranguédou et de son cortège  commença.  Siranguédou venait alors de s’adresser à son égocentrique marâtre, la méchante coépouse de sa mère qu’elle voulait se soulager. La doléance  fut acceptée par la marâtre. Elle la dirigea vers le flanc de la colline de Saman et  de Samboussiré. Malheureusement, le nom de cette marâtre nous est méconnu.  Lorsque la nouvelle mariée  habillée en robe blanche commença  à se soulager, sa marâtre grimpa sur un arbuste (Bam balla) en langue vernaculaire,  pour voir et rassurer que sa nièce avait fini avec la scelle. Elle descendit pieds joints et immédiatement la nouvelle mariée fut aspergée et salie par les déchets. Elle s’est mise à pleurer. Allah, le tout puissant n’a pas voulu qu’elle soit humiliée. Automatiquement, la reine Siranguédou, son cortège de mariage, les trousseaux, les ustensiles, les animaux, les cantines, le cheval qui la transportait ont été tous transformés en pierre au flanc de la colline entre les  villages de Saman et Samboussiré  du côté nord, comme dit plus haut.   Quand la belle famille a appris la mauvaise nouvelle, la tragédie,   tous les villages environs ont  été endeuillés.   Les parents, amis, proches,  des membres du cortège de mariage se sont rendus sur le lieu. Le futur  époux ne verra jamais  sa femme. Cette drôle d’histoire  est une leçon, un enseignement sur la méchanceté humaine. La nouvelle mariée Siranguédou est devenue une statue au flanc de la colline qui reçoit par an des milliers de visiteurs, des curieux, des touristes. Ce mariage raté a été une dure épreuve de la vie, une mésaventure  pour  des centaines de membres du cortège de mariage.  La joie s’est transformée en tristesse.    Cette histoire qui remonte à des  centaines de siècles est contée de bouche à oreille, de génération à génération.   C’est fabuleux !

                                                                                                                            Mamadou  SISSOKO

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