Edito : Elections guinéennes, arbitrage malien

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La Guinée commence à Djikoroni-Para, ce grand quartier populaire à l’ouest de Bamako, aime à répéter le président Touré. C’est dire jusqu’où les soubresauts de ce pays frère doivent nous concerner. Mais la nomination depuis quarante-huit heures de Siaka Sangaré à la tête de la Ceni guinéenne va faire de tout le Mali la proche banlieue de Conakry. 

Et ce pour plusieurs raisons : Sangaré est notre compatriote. Sa nomination, à en juger par les micro-trottoirs de la presse guinéenne, a été  accueillie avec force louanges. Ensuite, il dispose de tous les atouts d’abord technique -un professionnel reconnu de l’élection- puis politique – il a su rester neutre et indépendant en dix mois de séjour guinéen- pour mener à bien sa mission. Enfin son choix comme l’acceptation de ce choix par lui confirme ce que nous savons tous : la Guinée et le Mali ne sont différentes que sur la carte.

Quel honneur que vient de nous faire notre voisin imprévisible dans ses excès comme dans ses sagesses ! Mais aussi quel beau geste de fraternité de la part de l’officier malien et sans doute de nos autorités qui ont dû donner leur aval ! Ceci dit, Sangaré vient à la fin d’un processus. Il le conclut sans l’avoir initié au départ.

 Le temps lui est dramatiquement compté. La Guinée piaffe d’impatience. La tension du mardi est certes retombée mais elle n’était qu’un épiphénomène, le cœur du problème étant la victoire à tout prix pour les militants de chacun des candidats. Autrement dit, plus il y a de raisons de critiquer le second tour, moins l’issue en sera acceptée par les challengers. Le défi de notre compatriote, à cet égard, ne sera alors pas d’organiser le second tour, mais d’organiser un second tour techniquement acceptable.

Cela est d’autant plus improbable que les vols de matériel continuent à la Ceni  – dix sept ordinateurs dont la disparition a été signalée hier mardi – et que les membres de la même Ceni auraient remis à Sékouba Konaté, toujours dans la matinée d’hier, un rapport pessimiste sur l’échéance du dimanche.  Nul doute, Sangaré  a l’expertise qu’il faut mais aura-t-il le temps pour bien faire ? Et la Guinée la volonté de bien faire? A voir. En tout cas, les heures à venir sauveront le processus électoral guinéen ou l’enterreront pour de bon. 

Adam Thiam

 

 

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