Ligne de Force : Pourparlers d’Alger : La voie sans issue de l’indépendance prônée par les séparatistes

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Les groupes armés, qui revendiquent l’indépendance pour le nord du Mali aux pourparlers de paix en cours en Alger, ne sont fondés à le faire ni au regard de l’histoire ni en droit.

 

 

Saouti Labass Haidara, DirPub L'Indépendant
Saouti Labass Haidara, DirPub L’Indépendant

Historiquement, ce qu’ils appellent ” l’azawad ” fait partie intégrante du Mali depuis 800 ans. Davantage si l’on remonte à l’empire du Ghana dont le territoire du Mali actuel constituait l’épine dorsale. Les vieilles cités de Gao et de Tombouctou, dont les séparatistes rêvent de faire les deux poumons de ” l’azawad ” réclamé assurément à tort, ont été des pôles de rayonnement culturel et cultuel sous l’empire du Mali et, plus tard, l’empire songhoï érigé sur ses cendres. On a beau fouiller les livres d’histoire et interroger les traditions orales, on n’a pas connaissance d’une formation étatique dénommée ” azawad ” qui aurait existé et se serait épanouie dans l’espace décrit sous ce vocable et dont on voudrait faire une entité séparée du Mali. En revanche, ceux qui s’intéressent un tant soit peu à l’évolution du Mali savent que Kidal est devenu la huitième région administrative du Mali, sous l’appellation de ” région de l’Adrar des ifoghas» seulement en 1993. Jusque-là, il n’était que le cercle le moins peuplé et le plus déshérité de la région de Gao.

 

Au plan juridique, les promoteurs de ” l’azawad ” n’ont pas reçu mandat des populations du nord du Mali pour parler, agir et décider en leur nom et place. Ce sont donc des usurpateurs et des imposteurs. Il n’empêche. Forts de la puissance de leur feu, momentanément supérieure à celle des forces armées maliennes et de l’appui diplomatico-médiatique que leur apportent certains Etats et groupes de pression occidentaux, ils remettent sur la table des discussions leur exigence de création d’un Etat de ” l’azawad ” pourtant tombée en déshérence dès lors qu’ils ont signé l’accord de Ouagadougou du 18 juin 2013 et la feuille de route d’Alger du 24 juillet dernier.

 

Une attitude qui montre bien le peu de respect, voire l’absence totale de respect que ces gens portent à leur propre signature. Mais qui n’est toutefois pas pour surprendre. Au cours du quart de siècle écoulé trois grands accords ( Tamanrasett en 1991, Pacte national en 1992, accord d’Alger en 2006) et plusieurs mini accords intermédiaires ont été signés au gré des rebellions qui surgissaient. Ils s’articulaient pour l’essentiel autour de l’intégration des ex-combattants dans les forces de l’ordre et de sécurité et l’administration ( sans concours alors que les jeunes issus d’autres régions du pays sont soumis à cette obligation) la création d’activités génératrices de revenus pour ceux qui le souhaitaient, la démilitarisation des villes du nord.

 

Les statistiques prouvent que les gouvernements successifs se sont évertués à remplir leur part de contrat : des milliers de jeunes Touareg ont été intégrés dans les forces armées, un nombre considérable nommé aux grades supérieurs sans en avoir ni le parcours universitaire ni la formation militaire appropriée. D’autres milliers ont bénéficié d’aides à l’insertion socio-économique pour monter des petits projets d’élevage, de commerce, de transport, d’artisanat etc.

Des ex-leaders de rebellions sont devenus des hauts administrateurs, des diplomates accrédités dans les capitales occidentales et asiatiques, des ministres, des responsables d’organismes de financement des collectivités. Des agences de développement ont été mises sur pied, spécialement dédiées aux régions du nord. Elles y ont injecté des centaines de milliards de FCFA généreusement collectés auprès des bailleurs internationaux.

 

Cet effort gigantesque n’a pas produit l’effet escompté. Le septentrion malien, la région de Kidal en particulier, a continué à être secouée par des rebellions cycliques alternant avec des opérations de banditisme ordinaire comme l’attaque de convois forains, le braquage d’ONG et de succursales de banques, le vol de bétail, le détroussement d’innocents voyageurs et, pour finir, la grande criminalité comme l’enlèvement d’Européens vendus par la suite à coups de millions d’euros aux réseaux terroristes.

 

Non fondée au double plan de l’histoire et du droit, la revendication indépendantiste du MNLA, de ses alliés locaux et de ses soutiens étrangers ne peut aboutir à Alger pour la raison que voici : elle suppose une partition du territoire national en deux entités distinctes, quitte à ce qu’elles se regroupent pour former une fédération. Ce qui requiert nécessairement une révision de la Constitution du Mali.

 

Or voici ce que stipule la Constitution en la matière en son titre XVI, article 118.

 

L’initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au président de la République et aux députés.

 

Le projet ou la proposition de révision doit être voté par l’Assemblée nationale à la majorité des deux tiers de ses membres. La révision n’est définitive qu’après avoir été approuvée par référendum.

 

Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire “.

 

Les séparatistes, leurs alliés locaux et leurs amis d’Outremer sont avertis: c’est un échec cuisant, une bérézina pire que ce que les indépendantistes écossais viennent de subir, qui les attend si, par extraordinaire, leur projet de scission devait passer par la procédure constitutionnelle. Il n’ y a aucune chance, en effet, qu’un tel projet soit voté par les deux tiers des députés maliens. Encore moins que le peuple malien le valide par référendum.

 

Alors, autant épargner du temps, de l’argent et surtout éviter une humiliante défaite en encourageant hic ac nunc ( ici et maintenant) les sécessionnistes à explorer les immenses possibilités qu’offre « la décentralisation poussée» ou « renforcée» proposée par le gouvernement malien.

 

 

Par Saouti Labass Haidara

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11 COMMENTAIRES

  1. Dans l’histoire de l’humanité et sur toute la planète,jamais les terroristes n’ont bénéficié d’autant de considération,d’attention et de respect avec des négociations interminables.
    Après le coup d’Etat le plus débile,c’est des négociations les plus absurdes.
    Tout cela sur le compte du même Mali
    C’est vraiment trop pour le même et seul pays

  2. Soyons lucides, les populations du Nord (Songhaï , Peulh , Tamasheck ) ont des préoccupations par rapport à la gouvernance du pays et du Nord en particulier et elles doivent être prises en compte. Quant au MNLA qui est une pure création de certaines puissances occidentales dans le cadre d’une reconfiguration de la géostratégie au Sahel et au Magreb n’a pas mandat de parler au nom des touaregs à plus forte raison les autres communauté du Nord. Le MNLA est puissant de notre impuissance. Le MNLA, le MAA et HCUA hébergent en leur sein des djihadistes tout le monde le sait. S’il nous impose la guerre nous ne devons pas battre en retraite, soyons prêts à se battre et mourir s’il le faut sinon ce serait l’asservissement en d’autres termes c’est une forme de recolonisation qui se prépare.Dire qu’ils sont invincibles est une pure création de l’esprit.

  3. De plus en plus le blueprint que nous ne cessions de presenter depuis le debut du conflit devient clair aux yeux des maliens: la recolonisation de notre pays. Les mercenaires du MNLA ont simplement ete transferes de la Libye. Cest le symbol de la naivete que nos diplomates appelent ces traitres anti -africains “nos freres du nord”. Il faut les appeler les “groupes rebelles”… Car ils sont loin d etre nos freres ces marionettes internationales. Il est temps qu on cesse de chercher la paix dans l esclavage. Il nous faut d autre partenaires sinceres pour faire un contre-poids a l hypocrisie internationale qui veut donner notre pays a quelque mlliers de bandits mercenaires venus de la Libye.. Qui ne represente en realite aucune communaute au nord. Comment du le MNLA qui etait en fuite en Mauritanie devient aussi important face a l etat legitime du Mali si ce n est a cause du complot de nos faux amis ?

  4. Diversion. Diversion. Et Diversion. Inscrits entre les lignes d’un de leurs documents, voilà ce que ces bandits recherchent au fond avec l’appui des militaires de la France et d’AREVA : les sites géostratégiques de Tessalit (déjà obtenus gratuitement par l’accord de défense sans que le Mali y gagne quoi que ce soit), la poudre de l’Indépendance/Fédéralisme/Autonomie (possibilité pour eux de négocier directement les contrats d’uranium, de pétrole futur, postes et argent frais détournés au nom de la Région de Kidal, démilitarisation du Nord de Kidal (pour favoriser leurs trafics de blancs, de drogues, d’armes et de cigarettes), mais les charges sociales de la Région de Kidal seront au compte de l’Etat malien). L’AMUSEMA quant à elle ne pense qu’à ses perdiems et honoraires pour acquérir villas, vergers et voitures à leur retour, même si de pauvres tchadiens en font les frais tragiques SANS COMBAT. Quant à l’Etat malien, au lieu de chercher de petits avions de combat qui viendront en appui aux troupes au sol, son unique souci est de détourner et de s’amuser plus que l’AMUSEMA, …

  5. 🙄 Bien décortiqué !

    En un mot, ils ont intérêt à accepter la régionalisation proposée par le gouvernement, d’ailleurs, cette régionalisation n’a rien à envier à l’autonomie, ce n’est qu’une question de terminologie : Le Président du Conseil de cercle a les mains libres pour tout gérer pour le développement de sa région, y compris la défense (recrutement, commandement de mission etc.)…s’ils sont de bonne fois, ils accepteront ça avec joie.

    🙁 Mais étant donné qu’ils sont à la base de trop de malheurs, de souffrances et de désolations, s’étant allier à satan, ils méritent surement la punition divine, car auteurs de trop de “hakè”…

  6. Francis bonjour

    Je trouve l’idée d’une marche formidable…mais dans le Nord ça va être chaud…

    Par contre dans tout le PAYS là où c’est possible organiser UNE
    MARCHE POUR L’UNITE DU PAYS ce serait fort..Bien sûr le must ce serait BAMAKO…

    Pour montrer à ces groupes UTOPISTES que le Mali existe …

    Tout ceci relayé par les médias nationaux et les réseaux sociaux !!!

    Et si des médiaux OCCIDENTAUX se faisaient l’écho du succès de cette mobilisation ce serait le pied

  7. M. Haïdara! L’Empire du Mali et la République du Mali font deux sur tous les plans! Arrêtez de nous pomper l’air avec cette histoire! Si l’Azawad a fait partie de l’Empire (en partie puisque Taoudenni n’a jamais fait partie de l’Empire du MalI), Niani (en Guinée Conakry) était la capitale de l’Empire, pourquoi M. Haïdara ne revendique-t-il pas cette région Guinéenne aujourd’hui! Du vent, l’argument basé sur l’histoire! Sur le Droit d’accord avec vous; sauf que point de droit pour des groupes armés sans foi ni loi et dommages pour les populations prises en otage. Par ailleurs la régionalisation que le GVT met en avant n’a aucun contenu et le projet de loi vient d’être renvoyé par l’AN jeudi dernier pour compléments d’informations! Pauvres populations!!!

  8. Si le gouvernement avait organisé une concertation, il serait allé à Alger fort d’une position venant de toute la nation malienne, malheureusement,il s’est contenté de la majorité représentative. J’invite le peuple à organiser une marche verte sur Kidal. Que les 15 millions de maliens que nous sommes, marchent sur nos villes de Kidal de Tessalit d’Agueloc etc.
    Le Gouvernement devrait mettre immédiatement en place un comité d’organisation.
    Vive UN MALI.
    Vive UN PEUPLE, UN BUT, UNE FOI.

    • Salut Francis! Ton histoire de concertation tient la route; mais ton histoire de marche cessera d’être verte à partir de 10 km de Gao: elle sera jaune, orange puis rouge feu! plusieurs scénarios pourront être envisager mais c’est certain que le scénario que tu attends ne se produira pas! What else!

    • Si on y va tous, ils vont faire un contournement vers le Burkina Faso et prendre la capitale 🙂

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