L’école malienne: la crise des compétences

2

L’avenir d’une nation passe forcément par l’éducation de sa jeunesse. Le savoir est donc l’alpha et l’oméga de tout développement.

Le Mali, notre pays souffre depuis déjà trop longtemps du piteux état de son école.

 

A la chute du Président Modibo KEITA, ses tombeurs, la bande à Moussa TRAORE    étant très peu éduqués  ont tout fait pour saboter les enseignants car le Président Modibo était un instituteur de formation.

Le coup d’état a fait que les derniers sont devenus les premiers.

En s’en prenant à cette noble profession, ils ont dégradé involontairement l’école car ignorant ce que vaut l’éducation dans un pays.

Le métier d’enseignant fut dégradé, déconsidéré. Ce n’est pas un hasard qu’après la réalisation du coup d’état en 1968, des élèves professeurs comme ATT abandonnèrent l’ENSEC (l’Ecole Normale Secondaire (qui formait les maîtres du second cycle de l’enseignement fondamental) au profit de L’EMIA (École Militaire Inter Armes) école des élèves officiers.

Mais, compte tenu du fait que le monde de l’’éducation dure avant de s’écrouler peu à peu les meilleurs étudiants évitèrent les écoles de formation de maîtres au profit de l’ENA pour devenir juge, avocat, douanier et autres, Car la corruption, la jouissance, le paraître ayant fait leur entrée désormais au Mali.

 

C’est dans cette atmosphère délétère marquée par 23 ans d’inculture et favorisé par la chute du mur de Berlin et la conférence de la Baule que l’AEEM (Association des Élèves et Étudiants du Mali) vit le jour.

Cette association fut le moteur de la lutte contre le pouvoir en kakis.

En juin 1992, Alpha Oumar KONARE a été élu Président de la République et paradoxalement c’est sous le règne de cet enseignant, fils d’enseignant, frère d’enseignants et époux d’enseignante  que l’école malienne a connu les pires moments de son existence.

Les dirigeants de l’AEEM sont devenus des businessmen, les notes sexuellement et financièrement transmissibles sont devenues légion.

Les examens et concours sont obtenus soit contre espèces sonnantes et trébuchantes soit par réseaux.

Les écoles privées de bas niveau sans aucun contrôle ni des locaux, ni de la qualité des enseignants, poussent partout.

Les vampires de la République mettent leurs rejetons dans des écoles chics, les enfants de la grande majorité des maliens subissent les doubles vacations et les doubles divisions.

Les syndicats des enseignants dans ce sauve-qui-peut, sont devenus des « chercheurs de parts » Les meilleurs universitaires courent à la recherche de places dans les cabinets ministériels, les ambassades et autres consulats. Le Mali peut s’écrouler, les hautes autorités qui viennent même souvent des familles misérables ayant pu étudier par ce qu’il y avait une école publique, ont tout fait pour casser cette école publique.  Moustaph DICKO responsable  du syndicat de l’enseignement supérieur fut nommé par Alpha Ministre de l’Enseignement Supérieur bien qu’étant  en grève,  une prime à la grève. Depuis cette période, les professeurs du supérieur sont en grève récurrente chacun croyant pouvoir réaliser un jackpot à la Moustaph DICKO.

 

La venue d’ATT n’a rien arrangé bien au contraire aucune année scolaire n’est entière, les années sont tronquées.

Entre temps des diplômes sont délivrés   continuant à entretenir l’illusion d’un savoir acquis.

 

A la chute d’ATT,   Salif BERTHE, doyen de la faculté de droit de Bamako a eu l’honnêteté de dire que 70 pour 100  des Professeurs de sa faculté n’ont pas le niveau. Triste constat, amère réalité Mr BERTHE a dit tout haut ce qui se dit tout bas.

 

Il est temps de nous réveiller ;ce réveil passera par des reformes profondes.

La première consisterait à faire en sorte qu’à la FLASH désormais la moyenne générale puisse permettre de passer en classe supérieure de sorte qu’aucun professeur ne puisse faire chanter une fille pour l’avoir dans son lit, en clair que toutes les unités se compensent.

Beaucoup de filles sont en droit ou en économie car elles redoutent les blocages d’un seul enseignant en FLASH; alors qu’en droit/économie la moyenne suffit pour passer.

 

La deuxième c’est de faire en sorte qu’au   BACCALAUREAT et au DEF le coefficient soit 3 à l’examen au lieu de 2 actuellement et que la moyenne de classe reste coefficient 1.

Il faut tout mettre en œuvre  afin d’éviter les doubles vacations et les doubles divisions, de sécuriser davantage les sujets et les examens du DEF,BAC,CAP,BT.

Organiser des vrais états généraux de l’éducation.

 

Il serait souhaitable que notre  nouveau Ministre Maître TALL examine  la question des centaines de jeunes maliens, master de recherche en poche, ( aujourd’hui sans papiers) qui sont en France entrain de faire de petits boulots. Certains veulent rentrer au Mali mais, n’ ayant personne pour les pistonner,  ils ont peur du retour. Il serait souhaitable à partir de Paris d’intégrer les meilleurs comme Enseignants et avec cette garantie ils retourneront servir le pays.

 

Car, qu’on veuille l’admettre ou non le Mali est en crise de compétences à 54 ans de  son indépendance.

 

Boubacar Sekou SOW,                                                                                                   [email protected]                                                                                   Correspondant du journal OPTION en France

 

Commentaires via Facebook :

2 COMMENTAIRES

Comments are closed.