Situation des enfants de la rue au Mali : A qui la faute ?

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À l’instar des autres pays du monde entier, Le Mali a souscrit à l’obligation de tenir compte de la spécificité de l’enfant et de la nécessité de l’entourer par des mesures de protection tant sur le plan législatif, organique que structurel. Mais avec tous ces efforts, plusieurs enfants sont en rupture avec leur famille et s’évadent dans les rues. A qui la faute ?

 

La convention internationale des droits de l’enfant (C.D. E) de 1989, la charte Africaine des droits et du bien être de l’enfant de 1990, la loi N°01-081 du 24 août 2001 portant sur la minorité pénale et institution des juridictions pénales pour mineurs et l’ordonnance N°02-062/PRM du 05 juin 2002 portant code de protection de l’enfant au Mali sont entre autres les textes qui régissent la situation des enfants au Mali.

Le ministère de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, l’Unicef,  l’assemblée et le parlement des enfants,  la cité des enfants, Bollé mineur, les orphelinats tels que la pouponnière et celui de la cité des enfants ainsi que plusieurs associations nationales et internationales sont quelques structures et organes qui œuvrent pour la cause des enfants dans notre pays.

 

Malgré toutes ces structures, le phénomène des enfants de la rue reste encore notre tendon d’Achille. Ce phénomène est à la base de la délinquance juvénile qui est actuellement considérée comme étant une monnaie courante dans notre société. On avait tendance à croire que la délinquance est une affaire d’adultes, qui sont les plus intégrés dans le milieu du banditisme, voire de la criminalité. En réalité, la plupart des passages à l’acte quotidien entrent dans ce qu’on appelle la délinquance juvénile. Il est clair que tous les enfants délinquants ne sont pas issus des familles défavorisées. Cela dit, on constate que l’absence d’attention familiale constitue le terreau quasi systématique sur lequel se développent des attitudes individualistes et marginales des enfants livrés à eux-mêmes. Les actes de délinquance juvénile sont généralement commis par des enfants qui sont ou ont été victimes de l’exploitation économique en ce sens, ils  profitent des petites activités commerciales ou de la mendicité pour embrasser cette mauvaise carrière. Nous constatons les cas du vol, de l’alcoolisme et la toxicomanie qui sans doute constituent les actes les plus fréquents chez ces enfants. Le constat est amer sur toute l’étendue du territoire et d’ailleurs les statistiques du centre national de documentation et d’information sur la femme et l’enfant CNDIFE nous le prouve davantage. Avec 223 enfants dont 191 garçons et 42 filles qui ont été déférés en 2008 contre 378 enfants dont 277 garçons et 101 filles en 2009. En 2008,11 enfants de moins de 13 ans dont 9 garçons et 2 filles ont été déférés contre 23 enfants de moins de 13 ans dont 20 garçons et 3 filles en 2009. La situation ne fait qu’augmenter de degré et de jour en jour d’où les scènes déplorables auxquelles nous assistons. Pour ce faire, la question qui mérite d’être posée est de savoir : quel est l’impact de la délinquance juvénile dans notre société ?

Avant de répondre à cette question, il est nécessaire de remonter et souligner encore une fois la source qui n’est autre que le phénomène des enfants de la rue. Alors il ne s’agit pas d’organiser des festivités lors des journées telles que le 16 juin mais plutôt de consacrer des actes concrets pour faire sortir les enfants de ces tragédies. Si l’on s’en tient aux œuvres réalisées par le gouvernement et ses partenaires comme l’Unicef, on se rend compte de la réalisation de beaucoup de choses. Toujours est-il que ces belles initiatives nécessitent de bonnes stratégies d’accompagnement. Autrement dit, nous constatons qu’après plus de deux décennies de manifestations pour la cause des enfants, ces derniers souffrent encore. Cette responsabilité ne saurait incomber qu’à l’Etat seul. Les parents, la société civile, les leaders religieux et d’opinions ont eux aussi leur part du gateau.

TANGARA MAMOUTOU

 

 

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