Élections régionales, locales et communales partielles du 17 décembre 2017 : Les raisons d’un report indispensable

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Le Gouvernement a convoqué le collège électoral pour des élections couplées des régionales, locales et communales partielles pour le 17 décembre 2017. Dans un pays à plus de 70 % d’analphabètes et en proie à une insécurité grandissante, vouloir organiser trois  élections concomitamment et sur toutes les régions du Mali excepté trois, relève d’une fuite en avant. Pourquoi le gouvernement voudrait-il organiser les élections sans résoudre en amont les questions cruciales comme la sécurité et le retour des milliers de Maliens réfugiés dans les pays voisins ? Voici quelques raisons d’un report indispensable.

Première raison : la méconnaissance de ce type d’élection

Si, un tant soit peu, le Gouvernement voudrait bien que ces élections aient lieu, il devrait se donner un temps pour expliquer des élections couplées, en faisant beaucoup de sketchs et de publicités. Mais, à moins de deux mois des joutes, les électeurs ne savent pas comment voter. Pour cette raison, le report s’impose pour une large communication autour de cela.

Deuxième raison : l’insécurité qui ne faiblit pas

Le constat général qui se dégage est que l’insécurité n’a pas diminué elle va même crescendo. Avant-hier c’était le nord seulement, hier le centre et une partie du sud s’y sont ajoutés. Aujourd’hui, l’insécurité s’est propagée à l’ouest avec l’enlèvement d’un Commandant de Brigade dans le cercle de Nara. Dans une telle situation on ne peut organiser des élections dignes de ce nom, surtout que beaucoup de préfets, de juges ont déserté leurs postes dans ces localités. Alors pourquoi ne pas reporter jusqu’à des meilleurs jours sur le plan sécuritaire ?

Troisième raison : des élections locales en l’absence des populations réfugiées et déplacées

Ils sont des centaines de milliers de maliens réfugiés dans les pays voisins contre leur gré et qui désirent rentrer au bercail pour participer à la construction de leur pays. Selon le HCR, ils étaient, au 30 juin 2017, 143 103 réfugiés et 498 170 déplacés internes. Le Gouvernement ne doit-il pas faire face à cette épineuse question au lieu de vouloir organiser les élections parce que telle est la volonté de la communauté internationale. Une démocratie participative suppose l’implication de tous. Faute de pouvoir organiser le retour des réfugiés, il est plus que nécessaire de reporter pour que beaucoup ne se sentent pas exclus.

En plus de ces trois raisons, il y a aussi le fait que beaucoup d’électeurs potentiels qui sont pénalisés parce qu’ils n’arrivent pas à avoir leur carte NINA qu’ils attendent, pour beaucoup depuis plus d’une année. Pour éviter un imbroglio électoral, le Gouvernement doit avoir la sagesse de reporter afin de se donner le temps et les moyens nécessaires pour organiser des élections dont les résultats seront acceptés de tous les acteurs.

Youssouf Sissoko

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