Fait divers : Sauvée par des Sotrama

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    Elle avait fait de l’auto-stop pour rentrer à la maison. Mais le conducteur de la voiture, qui avait une idée dernière la tête, prit un autre chemin.

    Le spectacle des jeunes, le pouce levé, arrêtés au bord des avenues bamakoises aux heures de pointe le matin ou au coucher du soleil est devenu anodin. Ils sont nombreux aussi à aborder directement un automobiliste remontant dans sa voiture après une halte sommaire ? L’auto-stop s’est généralisé dans notre pays ces dernières années. Les adolescentes branchées de la capitale en sont de friandes adeptes. Cette façon de se déplacer d’un point à l’autre de Bamako présente d’indéniables avantages. Mais encore plus d’inconvénients. Les jeunes n’hésitent pas à stopper un motocycliste ou un automobiliste pour lui demander de les déposer quelque part sur leur trajectoire. Secourir une personne qui fait de l’autostop est un excellent moyen pour les conducteurs de voitures de rendre service à leurs prochains dans le besoin. La présence d’un passager brise la solitude du chauffeur. Il passe agréablement le temps avec quelqu’un à ses côtés, surtout s’il est un routier ou un voyageur solitaire qui doit parcourir de longues distances ennuyeuses. L’autostop favorise parfois la connaissance de personnes intéressantes. L’auto-stop un bon moyen de secours, si on a raté son bus ou son Sotrama. La personne évite de venir en retard à l’école, au bureau ou à la maison. Plusieurs scolaires qui ne gagnent pas encore beaucoup d’argent, privilégient cette solution économe.

    PIED DE GRUE. A Bamako, l’autostop reste toujours d’actualité pendant l’année scolaire. L’engouement pour ce mode de déplacement devient grand à cette période. Les scolaires n’hésitent pas à faire le pied de grue longtemps avant qu’un conducteur ne veuille s’arrêter pour les embarquer. Les jeunes changent souvent plusieurs fois de véhicule avant d’arriver à destination. Cependant, l’autostop à Bamako constitue un véritable danger surtout pour les jeunes filles. Les auto-stoppeuses courent le risque d’être importunées, agressées ou même violées. Beaucoup de conducteurs, pervers, pensent que chaque auto-stoppeuse use de cette tactique pour les séduire. Ils trouvent normal qu’une auto-stoppeuse remercie son conducteur en acceptant un détour dans un endroit discret. Ainsi, beaucoup de jeunes hommes pervers n’hésitent à faire un tour de voiture devant les cours des lycées de Bamako à la recherche d’autostoppeuse généreuse. La méthode est devenue un tremplin pour les bandits. Ce phénomène nouveau est assimilé aujourd’hui à une nouvelle dérive sociale pouvant déboucher sur des actes criminels comme les vols, les viols et la pédophilie. Ces actes criminels se produisent le plus souvent près des domiciles, sur les terrains de jeux, à la sortie des écoles ou sur le chemin de retour. Ces violences ont des conséquences psychologiques traumatisantes sur les parents et les victimes. Malheureusement, la pratique de l’auto-stop est en phase de devenir un mode de prostitution pour certaines filles. Ces volages n’hésitent même pas à finir dans le lit de leur soi-disant « bienfaiteur ». Des témoignages recueillis auprès de chauffeurs de véhicules particuliers et de certaines jeunes filles en disent long sur cette pratique, devenue banale à Bamako.

    UNE BELLE VOITURE DE LUXE. Notre fait divers du jour, relate un cas de kidnapping favorisé par l’autostop. Les faits se sont déroulés lundi dernier. La victime A.C, est une lycéenne. Elle habite au quartier « Zerni » situé entre Banankabougou Yirimadjo. La belle A.C. fréquente un lycée privé à Sogoninko. Ce jour, elle avait cours jusqu’à 17 heures. A la sortie des classes comme d’habitude, A.C. traversa l’avenue pour faire de l’autostop. Elle leva le pouce et fit signe à une première voiture. C’était une Mercedes-C de couleur gris foncé, une belle voiture de luxe. Le conducteur du véhicule s’arrêta et interrogea l’autostoppeuse sur sa destination. A.C. expliqua qu’elle allait à « Zerni », mais le conducteur pouvait la déposer au niveau de la Tour de l’Afrique à Faladié. Le conducteur l’invita à monter dans la Mercedès. La jeune fille s’installa confortablement et la voiture démarra aussitôt. Le conducteur très à l’aise se lança dans une conservation exploratoire avec la jeune fille. Il posa des questions sur son nom, le lycée que A.C. fréquente et même l’adresse de sa famille. Celle-ci, très à l’aise répondait aux questions de son bienfaiteur en affichant un large sourire.

    Les deux compagnons arrivèrent au niveau de la Tour de l’Afrique. Le véhicule contourna le monument pour prendre la direction de Ségou. Cela arrangeait A.C. Elle expliqua au conducteur qu’elle descendait juste après la Cour d’Appel de Bamako. Mais, le conducteur rétorqua : « qu’est ce que tu vas faire à la maison à pareille heure ? Tiens, accompagne moi, quelques part, je reviendrai te déposer devant votre porte ». A.C. déclina la proposition du conducteur sous prétexte qu’elle avait du travail à la maison. Mais l’homme insista et la jeune fille persista dans son refus. Voyant qu’elle dépassait sa destination, la jeune fille demanda au conducteur de freiner sur le champ. Mais celui-ci refusa de s’arrêter et augmenta la vitesse. Il bloqua les portes et les vitres de la voiture. Paniquée, A.C., elle supplia le conducteur malveillant de la déposer au bord de la route. Mais le vicieux roulait toujours à toute allure. Décontenancée, A.C se mit à crier. Elle tambourinait la vitre de la voiture. Cette tentative désespérée de A.C fut remarquée par une femme assise dans un Sotrama que la Mercedès dépassa au niveau de Niamana. La passagère du Sotrama fut alertée par la vision de la fille assise dans la voiture et qui pleurait en tapant sur la vitre. La femme demanda aussitôt au chauffeur de Sotrama de suivre la Mercedès pour comprendre ce qui se passait. C’est ainsi qu’une course poursuite commença entre le Sotrama et la Mercedes. Dans le Sotrama, les commentaires fusaient de tous les côtés.

    Certains pensaient qu’il s’agit qu’une fille en pleine crise de folie que son parent conduit chez le guérisseur, d’autres concluaient à un enlèvement ou à un kidnapping. Mais unanimement tous voulaient savoir les raisons qui poussaient la jeune fille à pleurer. Le conducteur de la Mercedès avait apparemment remarqué que deux Sotrama le suivaient. Il ralentit au niveau de Djalakorobougou, déclencha l’ouverture automatique des portes et somma la fille de descendre. Celle-ci s’éjecta de la Mercedes qui démarra en trombe. Les deux Sotrama s’arrêtèrent pour comprendre ce qui se passait dans la voiture. A.C narra sa mésaventure. Les passagers sidérés lui conseillèrent d’aller porter plainte à la police. Mais la fille encore étourdie a décidé de rentrer à la maison. Le lendemain accompagnée d’une camarade de classe, elle est venue nous exposer les faits pour mettre en garde d’autres filles de son âge du danger de l’autostop en solitaire. De ce fait divers, chacun doit tirer ses propres conclusions. Car, empêtrés dans toutes sortes de combats, les services de sécurité ne peuvent plus lutter seuls contre toutes ces menaces à la sécurité des individus.

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