Violence faite aux enfants : Deux mineurs envoient leur père en prison

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    Deux enfants, âgés entre 4 à 3 ans, sauvagement battus par leur père ont échappé de justesse à la mort. Le premier rescapé souffre d’une contusion hémorragique cérébrale étendue ayant provoqué chez lui une paralysie des membres supérieur et inférieur droits et une déviation labiale droite. Le second, quant à lui, est sorti des griffes de son père avec une fracture à la clavicule. La Brigade des mœurs saisie desdites affaires, a procédé à l’arrestation des deux pères dignes d’une autre époque pour les mettre à la disposition de la justice.

    L’un de ces pères sauvages s’appelle Mohamed Lamine Diarra, chauffeur de profession, domicilié à Moribabougou, dans la préfecture de Kati. Courant octobre dernier, un jour, après avoir quitté son lieu de travail, il surprend chez sa sœur, son garçon de 4 ans entrain de manger un plat. Pour des raisons que Mohamed Lamine Diarra est le seul à connaître, il se saisit du petit B. Diarra, c’est son nom et le traîne par terre par le bras comme une ordure. La suite est infernale pour le garçonnet.  Comme un fou déchaîné, il se met à le rouer de coups de poing et de pied avant de le cogner contre le mur jusqu’à ce que l’enfant sombre dans le coma. Voyant que le petit B. Diarra respirait à peine, il le transporte dans son taxi pour lui prodiguer des soins au centre de santé de référence de Korofina en Commune I du district de Bamako. Il le confie à une de ses tantes pour vaquer à ses affaires.

    L’état de santé du garçonnet se dégradait de jour en jour. Il ne peut plus parler et marcher. Malgré cette situation préoccupante, Mohamed Lamine Diarra refuse de le faire soigner.  La mère du petit garçon religieusement mariée à Mohamed Lamine, réside à Kayes. Celle-ci est informée plus tard par une tierce personne de l’état gravissime dans lequel son enfant se trouve. Le même jour, Lala Goïta, car c’est d’elle qu’il s’agit, rassemble ses affaires pour atterrir à Bamako où elle fait diagnostiquer son enfant à l’hôpital à ses frais. Selon le professeur de neurologie Hector Léon Rouba, en service au Pavillon Neurochus-Traumato de l’Hôpital Gabriel Touré, il ressort de l’examen physique du patient qu’il souffre d’une paralysie flasque du membre supérieur droit, du membre inférieur droit, sans abolition des réflexes intestinaux, d’une asphyxie et d’une déviation labiale droite. Un autre examen au scanner découvre une contusion hémorragique cérébrale étendue. 

    Devant ces renseignements cliniques de son enfant, la dame Lala Goïta a failli tomber en syncope. Sur le champ, elle s’est transportée à la Brigade des mœurs pour expliquer à la commissaire divisionnaire de police Ami Kane le geste on ne peut plus rébarbatif de son fiancé sur son enfant de 4 ans. Celle-ci lance immédiatement les éléments de sa brigade de recherche aux trousses de Mohamed Lamine Diarra. Arrêté à Moribabougou, il est conduit et écroué à la Brigade de mœurs pour coups et blessures volontaires ayant occasionné une incapacité physique chez son propre enfant. Au cours de l’enquête préliminaire, il n’a pas nié les faits. Mais, il explique qu’il a corrigé son enfant avec une corde et non avec des coups de poing et de pied. Cette stratégie de défense s’écroule vite lorsqu’on lui a exhibé le dossier médical de sa victime.

    A Kognambougou, des minutes infernales pour un autre enfant de 3 ans

    Deux jours avant la folie de Mohamed Lamine Diarra, un autre père, du nom de Daouda Sangaré, domicilié à Kognambougou en Commune IV, avait fait porter la couronne d’enfer sur la tête de son enfant de 3 ans. N’eût été la présence d’un policier du Groupement Mobile de Sécurité (GMS) sur les lieux, il serait entrain de dormir pour l’éternité dans un cimetière du district. Selon des renseignements, Daouda Sangaré est de nature violent. Chaque jour avant de sortir, il administre à son enfant sa dose de gifle et de coups de pied. A Kognambougou où il a logé avec sa famille après son arrivée de la Côte d’Ivoire, son épouse a demandé au propriétaire de la maison de bien conseiller son mari pour son caractère brutal à l’endroit de son enfant. Ce dernier s’exécute, mais en vain. A la mi-octobre dernier, il bat le petit garçon qui en est sorti avec une clavicule fracturée.

    Sa mère l’accompagne chez un guérisseur traditionnel pour les soins élémentaires. Au moment même où le petit Sangaré suivait les traitements, son père le traîne au fond de sa chambre où après l’avoir bastonné, il se met débout sur lui en vue de le piétiner pour le péché qu’il a commis. En attendant l’arrivée des secouristes, l’enfant mouille abondamment sa culotte avec des matières fécales. Les gens en colère tentent de le lyncher. Mais, un policier du GMS, présent au moment des faits, le sauve pour le mettre à la disposition de la Brigade des mœurs. Interrogé sur les faits, Daouda Sangaré déclare qu’il a corrigé son enfant au motif qu’il se rend régulièrement au pied de la colline du quartier. Il ne reconnaît pas l’avoir fracturé la clavicule, même si les faits sont évidents.

    L’association SOS-enfants victimes de violence poursuit les deux pères

    Après son travail de policier, la commissaire divisionnaire de police Ami Kane se met dans sa double peau de mère et de défenderesse des droits de l’enfant en sa qualité de présidente de l’Association SOS-enfants victimes de violence. Son association très active à Bamako et à l’intérieur du Mali, porte plainte contre Mohamed Lamine Diarra et Daouda Sangaré pour violences faites à leurs enfants. Pour la présidente, l’enfant a des droits au même titre que les adultes ou les vieilles personnes, reconnus par les Nations-Unies dans la Convention Relative aux Droits de l’Enfant. L’association SOS-enfants victimes veillera à ce que ces droits ne soient plus bafoués au motif d’une éducation digne des temps médiévaux. Il y a de cela quelques mois qu’elle avait porté plainte contre la dame Irina Diarra pour avoir porté atteinte à l’intégrité physique d’un petit garçon à Badalabougou. L’affaire est toujours pendante devant le tribunal de la Commune V en espérant que la décision qui sortira de cette affaire puisse servir de leçon aux auteurs de violences faites aux enfants.

    O. BOUARE

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