«Le Mali sous Moussa Traoré» : Le général a foulé au pied son serment d’officier en se maintenant au pouvoir durant 23 ans

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Les auteurs du livre: «Le Mali sous Moussa Traoré» ne nous apprennent sur leur mentor Moussa Traoré. En 1968, quand Moussa Traoré et ses amis du Comité militaire de libération nationale (CMLN) ont perpétré leur coup d’Etat, ils n’avaient consulté personne.

Retournons en arrière pour voir l’éditorial consacré par le journal «L’Essor», N°5509 du vendredi 22 novembre 1968: le mardi 19 novembre 1968, le communiqué officiel du Comité militaire de libération nationale, présidé par le lieutenant Moussa Traoré, annonçait que “l’heure de la liberté a sonné au Mali”.

Cet éditorial parlait de “misère exécrable que nous avons héritée de l’ancien régime, la preuve manifeste de la défaillance de l’équipe de Modibo Keïta, qui s’est tout simplement contentée de se hisser au pouvoir en menant la “dolce vita” en marge d’une société qui attendait des sauveurs“.

Le même éditorial disait que : “… le niveau de vie du peuple avait considérablement baissé par le fait d’une mauvaise gestion de l’économie nationale qui a donné naissance au déséquilibre de la balance de paiement“.

Les auteurs du coup d’Etat de novembre 1968 reprochaient à l’équipe du président Modibo Keïta de ne rien réaliser. C’est le président Modibo Keïta et son équipe qui avaient créé l’armée malienne. Moussa Traoré était où? Les auteurs du livre oublient la création du bagne de Taoudeni en 1969, la suite  donnée à la lettre des détenus politiques d’Intadenit au Comité militaire (1er janvier 1973). La mort de Monsieur David Coulibaly, mort sans soins véritables. La détention illégale des membres de l’US-RDA et des membres de son gouvernement. Moussa Traoré et son CMLN avaient taxé le régime du président Modibo Keïta de corrompu. Et pourtant, ils n’ont jamais présenté personne parmi eux devant une juridiction pour répondre de leurs actes.

Les auteurs du livre «Le Mali sous Moussa Traoré», que pour comprendre Moussa Traoré, il faut lire sa déclaration de 1979: “Si je me sens soutenu par la jeunesse, il ne resterait que Moussa seul à la barre” (déclaration faite devant la délégation conduite par le ministre de la Jeunesse et des Sports, le professeur Alpha Oumar Konaré et de l’Union nationale des jeunes du Mali). Cette déclaration de Moussa Traoré explique toutes les liquidations de ses amis du CMLN à savoir le capitaine Yoro Diakité, Tiécoro Bagayoko, Kissima Doukara, Karim Dembélé et autres.

En fait, l’explication de cette déclaration se trouve dans la déclaration du général Moussa Traoré faite devant les militaires dans les camps après les événements du 28 février 1978. Ce jour, Moussa Traoré avait dit devant les militaires: “un proverbe a dit que si tu ne veux pas avoir un enfant, tu ne peux pas empêcher  ta coépouse qui désire d’en avoir“. Il voulait rester au pouvoir après 1978 et pour cela, il a créé son parti l’UDPM. Quand ses amis du CMLN dont Kissima et Tiécoro l’avaient rappelé, il a créé l’amalgame. Il avait son complice Youssouf Traoré. C’est lui qui s’était occupé de la région de Gao dont Tombouctou faisait partie. C’est lui qui était chargé de l’explication du programme du CMLN après juin 1979. C’est lui qui avait présenté le bilan du CMLN. Bilan de la médiocrité. La montagne a accouché d’une souris : le retard des salaires, la liquidation des sociétés et entreprises d’Etat. Personne n’a ni enfant ni femme.

Lisez l’interview de son ami Joseph Mara dans «Le Républicain» en 1993. Un homme qui n’a rien à donner à sa famille, n’a pas de leçons à donner à cette famille. Les mêmes officiers qui avaient dit qu’ils vont retourner dans les casernes, ce sont eux- mêmes qui sont à l’œuvre de la création d’un parti politique. Le colonel Joseph Mara l’avait dit dans le journal «Le Républicain »: “Moussa nous a tous trompés…”.

Youssouf Traoré avait annoncé à la place de l’Indépendance de Tombouctou à l’été 1977 ceci: “le 30 juin 1979, le Comité militaire de libération nationale disparaitra complètement sous sa forme actuelle et que militaires et civils feront de la politique“. Demandez au professeur Ali  Nouhou Diallo sur le passage de Youssouf Traoré à Gao à cette époque. Il en sait quelque chose car il était le directeur de l’hôpital de Gao à l’époque.

Quand Moussa Traoré a piétiné son serment d’officier qui disait ceci: “le Comité militaire de libération nationale a donné le serment solennel du retour de l’armée dans les casernes dès que les conditions d’une véritables démocratie seront remplies“. Il avait dit au journal “Demain l’Afrique” crée par l’ancien journaliste de «Jeune Afrique» Claude Bernetelle en 1978 qu'”il n’a jamais dit qu’ils iront dans les casernes car les militaires sont des citoyens en uniforme”. C’est ce grand mensonge qui lui a été fatal en mars 1991. Il ne s’était pas créé une situation de sortie du pouvoir car il l’aimait beaucoup.

Les membres du CMLN ont donné le serment de ne pas monter en grades pendant toute leur période de transition. Ce serment a été violé en 1971 en portant au grade de colonel, le lieutenant Moussa Traoré. Ce jour, seul le capitaine Yoro Diakité avait dit pourquoi et les explications ont été apportées par l’ami de Moussa Traoré qu’il avait envoyé à Taoudéni, le lieutenant Joseph, devenu colonel.

Les auteurs du livre avaient oublié le transfert du procès économique contre Kissima et son groupe en 1979 à Tombouctou. Pourquoi Moussa Traoré avait transféré ce procès à Tombouctou? La question est posée aux auteurs du livre: «Le Mali sous Moussa Traoré». Sur l’arrestation du capitaine Yoro Diakité, le colonel Mara a été très clair: “Pour les Yoro, je pense que c’était une machination parce qu’il y avait un problème de bicéphalisme à l’époque au niveau du Comité. On avait relevé Yoro de la présidence du gouvernement. On a essayé de faire comprendre qu’il voulait intenter un coup d’Etat. Mais je pense qu’en réalité, il commençait à être gênant“. (Le Républicain, N°21 du 3 février 1993).

Aux auteurs du livre, «Le Mali sous Moussa Traoré», votre mentor ne peut être démocrate car en 1968, il avait braqué les armes sur le peuple pour prendre le pouvoir. C’est le même Moussa Traoré qui s’était identifié à Allah qui est le seul détenteur du Paradis et de l’Enfer. Il avait promis une couronne d’enfer sur la tête des  Bamakois. La plupart des auteurs du livre sont des enseignants et Moussa Traoré avait dit en 1985-86 lors de sa guerre contre Thomas Sankara du Burkina Faso, “qu’il va mettre les enseignants dans un mortier et les piler”.

Les premiers ennemis du CMLN étaient les enseignants. Quand il disait qu’il n’accepte pas qu’un élève touche un seul cheveu d’un enseignant, c’est du bluff. La première des choses à donner aux enseignants, c’est leur droit légitime: leurs salaires à échéance. Les enseignants étaient chassés des maisons en location à Koutiala et ailleurs car ils n’avaient pas à tirer “la queue du diable”. Ils ne faisaient pas partie des agents de la répression.

L’école sous Moussa Traoré n’était rien que l’élan que le président Modibo Keïta et son équipe lui avaient donné en 1962 avec la reforme. Cet élan est comparable au soldat qui voulait sauver son capitaine en danger de mort pendant la guerre du Vietnam. Ce soldat courait pour défendre son capitaine. En courant vers son capitaine, il a été fauché par une balle et il avait perdu sa tête. Il avait couru sans tête et il avait dépassé son capitaine de 100 m pour tomber et mourir.

Pendant tout le règne du CMLN-UDPM, aucune école supérieure n’a été créée à plus forte raison une université. C’est sous Moussa Traoré que son syndicat qui roulait sous sa botte, nous avons nommé le SNEC avait comploté pour arrêter et déporter dans le nord (Gao) des militants de la division III du SNEC qui discutaient avec Youssouf Traoré sur la situation des primes de correction des examens. Le seul enseignant de Gao qui avait refusé de surveiller et corriger le bac 1980, M. Y. O. a été arbitrairement muté à Kayes. Le SNEC a été vidé de son essence après l’arrestation de sa crème en 1971.

Bandjougou Bidja Doucouré dont les auteurs parlent et qui a été ministre des Sociétés et Entreprises d’Etat, avant lui, Moussa Traoré avait nommé des ministres à la tête de ses sociétés. C’est la gestion du CMLN qui avait fait tomber ces sociétés d’Etat. Nous voyons bien à l’époque le festin des membres du CMLN et Moussa Traoré ne disait rien. Il était bien informé.

Mais, c’est son pouvoir personnel qui l’intéressait et il attend. C’était là les événements du 28 février 1978. Quand il parlait de ce que ses amis avaient réalisé à Koutiala et des exactions de Tiécoro Bagayoko et des biens de Kissima Doukara, il en sait bien quelque chose. Bandjougou B. Doucouré est vivant même s’il est vieux maintenant. C’était un enseignant de formation qui a passé par le journalisme. Il était syndicaliste et il avait ironisé les enseignants. Il a été suspendu à vie du syndicat.

Aux auteurs du livre, «Le Mali sous Moussa Traoré» est une période sombre de l’histoire du Mali. Moussa Traoré, même son ami personnel Youssouf Traoré, son camarade de promotion, en tant que sous-officier et à l’école militaire de Fréjus (France), avait un moment de sa vie “honte de son amitié avec Moussa Traoré” (voir le journal «Le Miroir», 18/08/1993).

Après les événements du 19 novembre 1968, c’est la citation du président Modibo Keïta qui était d’actualité: “Quand le propriétaire regarde en spectateur, c’est le festival des brigands“.

Les sociétés et entreprises d’Etat sont tombées car elles sont devenues les tanières des lions du CMLN -UDPM. Aux auteurs du livre, «Le Mali sous Moussa Traoré», un lion ne peut jamais être un démocrate. Le lion, le tigre, la panthère appartiennent au même genre: le genre Panthera. Le logo de l’UDPM est le lion débout et Moussa Traoré même est surnommé wara (le lion) par son griot. Quand il avait voulu s’en prendre à un politicien de l’UDPM de Gao qui était devenu son député après, son griot lui disait “le lion ne mange pas le mouton, mais la vache“. C’est comme ça que le griot avait pu tirer ce politicien des griffes du lion.

En 1990, il avait dit aux Bamakois que si quelqu’un touche à un seul membre de sa belle famille, il va porter sa tenue de général pour descendre. Ah! Messieurs les auteurs du livre, «Le Mali sous Moussa Traoré», vous avez oublié que votre mentor a tué même ceux qu’il avait consultés pour perpétrer le coup d’Etat du 19 novembre 1968. Ils sont les premiers à accrocher une ardoise au cou de ceux qu’ils voulaient humilier. Malheureusement, ils ont eu l’ardoise au cou avant de mourir. Pouvez-vous nous dire ce que le président Modibo Keïta et son équipe avait détourné des biens du peuple malien?

Nous verrons la suite, incha Allah !

Yacouba ALIOU

 

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1 commentaire

  1. L'article de Mr Yacouba Aliou rappelle beaucoup de souvenirs tristes du regime carnivore de Moussa Traore.Pour memoire je dois preciser que le hero enseignant auquel il a fait allusion est MONSIEUR YOUNA OUEDRAGO,l'oncle d'un ami Mahamane Saliou Cisse dit BEBE et mari de Dr Ramata Cissoko tous de GEORGIA.L'homme politique auquel l'auteur de l'article faisait allusion, etait mon propre frere MR AMADOU MAHAMANE TOURE de BOUREM,region de GAO.

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