Scandale foncier à Ouezzindougou : le conseil Communal au bord de l’implosion

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Si vous devez vous rendre à la mairie de Ouezzindougou, un conseil: mieux vaut être sur vos gardes. En tout cas, ce n’est pas ce vieil homme et son fils qui ont été passés à tabac par des agents de la mairie qui diront le contraire. C’était mardi dernier, aux environs de 11 heures.

En effet, ce jour-là, une violente dispute éclate entre un “agent” de la mairie et un vieil homme, accompagné de son fils d’une trentaine d’année, venu s’enquérir de la situation de sa parcelle. L’agent de la mairie dont nous tairons le nom, du moins pour l’instant, a, avec l’aide d’un gendarme en civil, roué de coups et déchiré les vêtements du jeune homme. Sous le regard impuissant de son père. Et ce, sans que l’agent de sécurité, en service ce jour-là, à la mairie, n’intervienne, ne serait-ce que pour s’interposer. Tous semblaient être indifférents. Face à notre étonnement, un homme s’est empressé de nous dire : « voici notre quotidien ici ». Ce n’était donc pas un cas isolé, mais un parmi tant d’autres. L’affaire a une suite.

 

« Chaque conseiller,  une parcelle »

La loi est claire: le pouvoir de retrait des parcelles à usage d’habitation appartient au maire. Alors le maire, Mamourou Keita, a bien le droit de faire des retraits sur ces parcelles. Ce qui est décrié et déploré par la population, et même, par certains de ses collaborateurs, c’est le moment et la manière choisis par celui-ci de retirer les parcelles et de les réattribuer. Une parcelle à usage d’habitation non mise en valeur dans un délai de 2 ans, peut être retirée par le maire, selon une procédure bien déterminée (loi Hamidou Diabaté). Ainsi, voilà justifiée, légalement, la décision n°2014-36/ CRM du 20 Août 2014. Décision qui a permis au maire de procéder à des retraits.

L’édile affirme, à qui veut l’entendre, que la procédure de retrait des parcelles suivie par un huissier de justice est légale et qu’il répondrait de ses actes en tout lieu. Le problème, c’est que cette affaire intervient à un moment où le ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires Foncières a décidé de suspendre dans un délai de deux fois six mois, toutes les activités sur le foncier. La commune rurale du Mandé est-elle une exception à cette décision ministérielle?

Un autre problème,  c’est que les ” victimes” du maire affirment avoir été informées de la décision de retrait qu’après que celle-ci ait été effective. Alors que la loi exige que le retrait ne soit effectif qu’après une mise en demeure restée infructueuse.

Au cours de notre investigation, nous avons appris que chaque conseiller à la mairie a, généreusement, reçu une parcelle de la part du maire. Histoire peut-être de s’assurer de leur soutien. Mauvais calcul ! Car, non contents des agissements du maire, certains conseillers communaux l’accusent, d’être « une sangsue ». A la tête des frondeurs, Hadi Touré, conseiller à la mairie et non moins 1er vice président du Conseil de Cercle de Kati. Selon lui, la décision du maire n’honore pas les élus qu’ils sont. En plus, elle a été prise sans que la tutelle n’en soit informée.

 

Pour qui roule  le préfet du cercle de Kati ?

Peiné par les actes du maire, Hadi Touré a écrit au préfet du cercle de Kati, Baye Konaté. D’abord, pour lui expliquer la situation et ensuite lui demander d’intervenir. Aucune suite à sa demande. Alors, M. Touré rencontre le ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires Foncières, Mohamed Aly Bathily. Le ministre lui prête une oreille attentive puisque le mercredi, une délégation conduite par le préfet s’est rendu à la mairie, sur ordre du ministre.

A l’issue de la réunion, la position du préfet du Cercle de Kati n’a pas été comprise par nombre de personnes. «Dans cette affaire vous devez vous unir et travailler ensemble. Tout sera réglé», telles sont les conclusions du préfet. Alors questions: le préfet de Cercle de Kati était-il au courant des agissements du maire. Serait-il complice?

« Non ! » répond Hadi Touré. Le préfet ne roule pour personne. La vérité lui a été cachée. On lui a dit ce qu’on voulait qu’il entende. Alors pour éviter qu’une crise ne vienne s’ajouter à la crise que traverse le Mali, il a prôné la voie du dialogue au sien du conseil communal.

Inutile de préciser que cette réponse ne convainc pas certains.  Pour eux, aussi puissant qu’il soit, le maire ne saurait effectuer un retrait sur des parcelles attribuées, jadis, par le préfet du Cercle sans que ce dernier ne soit au courant de l’affaire. Mieux sans qu’il ne donne son feu vert.

 

La population est  sur le qui-vive.

Un climat de tension et de méfiance s’est installé à Ouezzindougou. Chacun se défend selon ses moyens, ses affinités. Les jeunes ont formé des brigades de lutte contre la spéculation foncière. Ils n’hésitent plus à démolir des chantiers sur les parcelles qui sont, selon eux,  illégalement attribuées par le maire.

Affaire à suivre !!!

Mamadou TOGOLA

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4 COMMENTAIRES

  1. Vivement le pool économique.après audition, le maire mamourou keita a fini par craquer et à annuler la décision de retrait des parcelles à ouezzindougou.
    Le coxeur Alou camara est porté disparu.
    Il doit rembourser au moins une centaine de millions à ses clients.lui qui se promenait avec ses gorilles.

  2. Malgres la suspension, Le maire de la commune du mande continu de plus bel avec les lotissements du marché de samanko , les retraits sur les parcelles de ouenzzindougou.la methode utilisée consiste à antidater les actes.sa force réside dans le cousinage qu’il entretien avec le procureur de kati .

  3. Dans quel pays sommes-nous? Un maire retirer des parcelles attribuées par le Commandant de Cercle depuis des années. Le commandant n’est pas au courant. C’est une honte pour ce dernier C’est une patate chaude que le Maire vient de lui jeter à la face. Ce dernier est condamnable à plus d’un titre et doit même faire la prison à sa place car il ne mérite pas d’être à cette place. Ce Commandant doit être au centre de cette spéculation ou il ne maitrise pas ce qui se passe dans sa circonscription. A quoi sert la tutelle si elle ne contrôle rien des faux actes posés par ses agents. Il doit mettre l’édile en demeure de rapporter sa fausse décision de retrait qui n’a obéit à aucune procédure en matière foncière au Mali.

    Notre pays n’a pas aujourd’hui besoin que des édiles obscures lui créent inutilement des problèmes. Tout ce qui concerne la population doit être pris au sérieux car sa réaction face à l’injustice est brutale et incontrôlée. L’injustice est déjà là. La population spoliée de ses terrains qui sont devenus des droits acquis, des terrains revendus à prix d’or à des spéculateurs qui ont des moyens de les construire en 40 jours pour mettre tout le monde “devant le fait accompli” voilà des pratiques qu’il faut bannir à jamais.

    Pour aussi puissant qu’il soit, le maire ne saurait effectuer un retrait sur des parcelles attribuées, jadis, par le préfet du Cercle sans que ce dernier ne soit au courant de l’affaire. Mieux sans qu’il ne donne son feu vert.

    Le Gouvernement suspend les attributions des maires les violent impunément. N’en parlons pas de retraits non autorisés et la tutelle n’est pas au courant. C’est trop facile Monsieur le Préfet. Vous ne méritez pas d’être à votre poste. Et dans tout cela le Ministre envoie un conseiller sur le terrain et le maire les tourne en dérision. Pauvre gouvernement. Oh mon pays de pagaille, mon pays de non droit, mon pays dans lequel tout est permis.

    Attendez-vous à ce que les propriétaires de terrains défendent leurs droits injustement spoliés par tous les moyens à leur disposition. Force devrait rester à la loi mais hélas, l’Etat est absent, absent…

    A votre décharge, Monsieur le Ministre vous mouillez le maillot mais vos collaborateurs sont soit incompétents ou complices donc la vérité ne vous remonte pas. Monsieur le Ministre 400 terrains attribués avec des papiers en bonne et due forme par le Commandant retirés et redistribués par un maire d’une commune rurale c’est le comble. Il faut les mettre en demeure de rapporter purement cette décision si elle existe pour éviter une révolte populaire.
    Le Gouvernement ne peut pas tout le temps dédommager les gens avec l’argent du contribuable qui a payé ses impôts avec la sueur de son front à causes des turpitudes des agents de l’Etat.
    Le gouvernement doit prendre un texte réglementaire ou législatif pour définitivement rendre responsables les édiles de leurs actes.
    Tout maire qui se rendra coupables des actes répréhensibles doit les payer pécuniairement et pénalement comme cela il cessera de vendre impunément les terres des particuliers ou de l’Etat.

  4. Il y a pire a Kati.
    Je demande a M. Le Ministre de jeter un coup d’oeil sur la Mairie de Kati.
    La place reserve au Centre culturel de la ville en face du cerclea ete vendu
    a une banquea l’insue du Conseil Communal. La Banque qui s’y est installee
    a obtenue son titre foncier sur du faux.
    Des associations de Kati ont ecrit a vous M.Bathily, Ministre de la justice
    [c’etait en octobre 2014], au verificateur, au procureur de Kati, au President
    de la Republique. Sans suite. La ville de Kati se guetorise….Pas de places pour
    les espaces verts ou les marches…les cimetieres sont reduits. La mairie vend tout
    et morcelle tout jusqu’aux rues.
    LES RETRAITES ET SANS EMPLOIS, Conseillers a la mairie de Kati exposent une
    richesse indecente. L’avenir de nos villes est en danger.

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