Après l’intervention française au Mali, quelle stratégie pour les islamistes ?

5

DAKAR — Les islamistes armés, qui ont perdu en 48 heures deux de leurs trois bastions dans le nord du Mali, reconquis par les soldats français et maliens, regroupent leurs forces dans l’extrême nord-est du pays, où ils restent dangereux, sur le territoire malien et au-delà, selon des experts.

Gao, la plus importante ville du nord du Mali samedi, Tombouctou, cité mythique mutilée par les jihadistes lundi, les deux villes les plus peuplées de la région, deux symboles des exactions et destructions commises par les groupes islamistes armés ont été reprises quasiment sans combats.

Face aux moyens aéro-terrestres mis en oeuvre – assaut commando sur l’aéroport de Gao, largage de parachutistes près de Tombouctou, progression par voie terrestre de colonnes de soldats français et maliens, frappes aériennes sur les dépôts d’armes et de carburant – les islamistes ont refusé le combat frontal.

“Ils devraient basculer vers une tactique plus classique de guérilla, de harcèlement, d’attaques ponctuelles, avec des enlèvements, des attentats”, juge Alain Antil, responsable du programme Afrique subsaharienne à l’Institut français des relations internationales (Ifri).

Les villes qui viennent d’être reprises et dont la sécurisation pourrait prendre du temps et mobiliser un nombre conséquent de soldats, pourraient constituer des cibles de choix.

“Après avoir libéré les villes, il faut les tenir. Ca veut dire checkpoints, ça veut dire contrôles, ça veut dire aussi risque de kamikaze ou d’attentat suicide”, selon Dominique Thomas, de l’Institut d’études de l’islam et des sociétés du monde musulman.

Les observateurs se souviennent que s’il a suffit de cinq semaines, à l’automne 2001, pour que les Etats-Unis et leurs alliés locaux chassent du pouvoir les talibans et prennent Kaboul, l’insurrection islamiste n’a ensuite cessé de prendre de l’ampleur.

En dépit de la mobilisation, au plus fort de l’engagement international, de plus de 150.000 soldats étrangers, les talibans ont pris le contrôle de vastes zones dans le sud et l’est de l’Afghanistan, tout en semant la terreur dans le reste du pays, avec des embuscades, des attentats suicide et des bombes artisanales

“Il n’y a plus de sanctuaires”

Au Mali, de nombreux témoignages font état d’un repli des chefs les plus connus, Iyad Ag Ghaly, pour Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) et l’Algérien Abou Zeid pour Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans les montagnes de Kidal, à 1.500 km au nord-est de Bamako, près de la frontière algérienne.

Le massif des Ifoghas, dans la région de Kidal, est aussi le berceau traditionnel des mouvements séparatistes touareg.

“Ils sont en train de se disséminer dans le Nord, les régions montagneuses difficiles d’accès et difficiles à frapper. On entre dans une stratégie de conflit asymétrique, sur deux fronts: à la fois au Mali et à l’extérieur”, juge Jean-Charles Brisard, consultant indépendant sur le terrorisme.

S’il juge le risque d’attentats en France possible, il estime que “pour des raisons pratiques, ces groupes envisagent d’abord des représailles en Afrique”.

Les katibas (unités combattantes) d’Aqmi et ses alliés ont prouvé de longue date leurs capacités à monter des opérations coups de poing dans la région, dont la plus spectaculaire et la plus récente est la prise d’otages massive sur le site gazier d’In Aménas, dans le Sahara algérien, du 16 au 19 janvier.

Plusieurs centaines de personnes ont été menacées et 38 ont été tuées dont 37 étrangers, lors de cette opération, par un commando jihadiste composé de six nationalités différentes (Algériens, Tunisiens, Canadiens, Egyptiens, Maliens, Nigériens et un Mauritanien) et pendant l’assaut de l’armée algérienne.

“Plus personne n’est à l’abri, il n’y a plus de sanctuaire. Regardez la composition du commando qui a attaqué, toutes les nationalités représentées: tout est dit”, souligne Kader Abderrahim, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), spécialiste de l’Algérie.

Les spécialistes mettent ainsi en garde contre une dissémination du danger jihadiste dans la région.

“Ils vont se repositionner, sur la Libye, l’Algérie, voire la Tunisie. C’est un réseau international avant tout. Il va y avoir hémorragie dans les pays frontaliers”, craint Souleimane Mangane, universitaire malien spécialiste des mouvements islamistes.

Pour Dominique Thomas, c’est surtout l’évolution des pays de la zone, “le Sahel avec ses frontières poreuses”, qu’il faudra surveiller, “en particulier la capacité de la Libye à se structurer en Etat stable et sécurisé”.

Commentaires via Facebook :

5 COMMENTAIRES

  1. SI LE JUGE ETAIS JUST L’AQUISER A TOR NE SERAIS PAS CONDANNE .JE M’INQUIETTE ETTAND BIEN QU’ILS SONT TOUS PARTIR ?

  2. ETTANT BIEN DIT PAR ALYN FOKA ; UN CONTINANT SANS HISTOIRE EST T’UN MONDE SANS AME MAIS MOI JE VEUT SAVOIRE ; A QUANT L’AFRIQUE ?

Comments are closed.