Crise malienne : Ansar Dine durcit ses positions avant de discuter avec Bamako

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Le groupe islamiste armé Ansar Dine, l’un des maîtres du nord du Mali, a durci ses positions, réclamant l’autonomie et la loi islamique pour cette région au sein d’un Etat malien proclamé “islamique”, avant des discussions avec Bamako le 10 janvier autour du médiateur burkinabè.

Défense de l’identité touareg et de la charia (loi islamique): c’est le coeur de la “plateforme politique” remise le 1er janvier par une délégation d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) au président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne pour la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Dans ce document de 17 pages que s’est procuré vendredi le correspondant de l’AFP à Ouagadougou, le mouvement du charismatique Iyad Ag Ghaly, surtout composé de Touareg maliens comme lui, se livre à un réquisitoire contre les régimes maliens successifs qui ont traité, selon lui, les habitants du Nord en “citoyens de seconde zone”.

Conscient que la communauté internationale est “hostile” à toute partition du Mali, il affirme renoncer dans l’immédiat à une sécession, qui était la revendication initiale du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), rébellion touareg laïque d’abord alliée puis marginalisée sur le terrain par les islamistes.

Il réclame donc une “large autonomie”, mais dans le cadre d’un Etat malien qui proclamerait dans sa Constitution son “caractère islamique”, au motif que “le peuple malien est musulman à plus de 95%”.

Dans le Nord, l’application “stricte” de la charia est “un impératif non négociable”, insiste le groupe. Il justifie les châtiments corporels mais promet de tenir compte de “l’air du temps” dans l’application de certaines dispositions.

Nouveau rendez-vous à Ouagadougou

Cette “plateforme” a de quoi hérisser le gouvernement malien, pour lequel le respect de l’intégrité du territoire du Mali et de la laïcité de l’Etat sont des pierres angulaires.

Si une autonomie du Nord – et non une indépendance – peut a priori ne pas être un casus belli, trouver un terrain d’entente sur la charia paraît pour l’heure impossible.

Le prochain test sera le 10 janvier: le président Compaoré a invité ce jour-là les émissaires de Bamako, d’Ansar Dine et du MNLA à Ouagadougou pour de nouvelles discussions, a-t-on appris de source proche de la médiation. Il s’agira du second rendez-vous après les premières discussions directes qui s’étaient tenues dans la capitale burkinabè le 4 décembre 2012.

Ansar Dine est l’un des groupes islamistes armés dominant le nord du Mali depuis juin, avec les jihadistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Tous prônent l’application de la charia, au nom de laquelle ils commettent de nombreuses exactions.

Sous la pression du Burkina Faso et de l’Algérie, les deux pays médiateurs, Ansar Dine avait annoncé fin 2012 renoncer à appliquer la charia dans tout le Mali, mais seulement dans ses zones d’influence, un périmètre qui s’agrandit peu à peu. Il avait également pris, au moins verbalement, ses distances avec Aqmi et le Mujao en rejetant le “terrorisme”, et s’était dit disposé au dialogue avec Bamako.

Iyad Ag Ghaly avait annoncé jeudi que son groupe retirait son offre de cessation des hostilités, en accusant le pouvoir malien de ne pas être prêt au dialogue. Mais sans fermer la porte à de nouvelles discussions, désormais fixées à la semaine prochaine.

Le 20 décembre, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution approuvant le déploiement d’une force armée internationale au Mali pour déloger les islamistes armés, sans préciser de calendrier. L’ONU a toutefois indiqué que ce déploiement était programmé par étapes et a appelé les autorités maliennes au dialogue avec les groupes armés rejetant le terrorisme et la partition du Mali.

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4 COMMENTAIRES

  1. Bonjour,
    Que faut-il pour que les négociations génèrent des résultats utiles pour une reconstruction durable dans l’unité du Mali ?

    Pour ce faire, des PRINCIPES (refus du terrorisme, non impunité, respect des droits de l’homme et coexistence pacifique) et des CONDITIONS (dépôt des armes, intégrité territoriale et laïcité), CONSTITUANT L’ENGAGEMENT RESPONSABLE ET PATRIOTIQUE, doivent être respectés par TOUS.

    En cas de non respect, par une partie prenante, de cet engagement, cette dernière ne doit plus être acceptée dans les négociations.

    J’ai écrit une lettre ouverte au Président et à tous les Maliens pour proposer un GUIDE et une PLATEFORME de concertations nationales et de négociation pour une sortie durable de la crise Malienne.

    CES DERNIERS SONT INDISPENSABLES, POUR AVANCER DANS LES NÉGOCIATIONS EN SE RESPECTANT ET POUR DES RÉSULTATS UTILES POUR LA RECONSTRUCTION DURABLE DANS L’UNITÉ DU MALI.

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    EXPERT TIC/GOUVERNANCE
    [email protected]

  2. Ces voyous ne comprennent que le rapport de force. Les discussions sont unitiles, les maliens doivent prendre leur courage et leur botter le c…Comme l’ont fait Modibo Keita, Moussa Traore.

    • Allez dire cela à ALPHA OUMAR KONARÉ et ATT qui leur ont livré le pays sur un plateau d’argent.
      De plus Blaise Compaoré apprendra un jour à ses dépens que ces gens-là sont d’une mauvaise foi incommensurable quand ils se retourneront contre lui.
      IYAD AG GHALI qui ose critiquer les régimes successifs au mali. Bon dieu !
      Modibo Keïta et Moussa Traoré oui; car ceux-ci ont fait ce qu’ils avaient à faire. C’est-à-dire leur botter les fesses. mais Alpha et ATT ont tellement courbé l’échine devant eux qu’ils ont sacrifié notre pays.Ils leur ont tout donné. C’est ce même AG GHALI qui a détourné les premiers fonds destinés au développement du nord après la signature des accords de Tamanrasset. Cet imbécile prend la médiation et la communauté internationale pour des cons. Seulement, il a toujours eu en face de lui des incapables. Même IBK l’a encensé un jour lors de l’affaire ZAHABY. Comme quoi, on ne peut rien tirer de bon de ce traître.
      QU’ALLAH DANS SA MISÉRICORDE, AIT PITIÉ DE NOTRE PAYS.

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