Instauration de la paix et la sécurité au Mali : IBK a-t-il atteint ses limites ?

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Interview (presque) imaginaire : IBK : « Karim Keïta n’a pas d’avion ; mais s’il a les moyens de s’en procurer, pourquoi pas ? »

La question mérite d’être posée, car avec la seconde réunion de haut niveau du Comité de Suivi de l’Accord(CSA)  qui a regroupé du 10 au 11 février, tous les acteurs  concernés par la mise en œuvre de l’Accord, on croyait enfin que le bout du tunnel de notre mal a été atteint.

Il avait été prévu des actions énergiques pour installer les Autorités Intérimaires, les responsables régionaux et l’opérationnalisation  du MOC et les patrouilles mixtes.

Prévue le samedi 18 février 2017, l’installation du président de l’autorité intérimaire a été annulée à la dernière minute suite au refus de la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad) de voir siéger Sidi Ag Ichrach, un proche de la Plateforme, au Gouvernorat de la région de Kidal. Le même jour a eu lieu à Tombouctou, une marche pacifique de la société civile pour dénoncer le mode de désignation des autorités intérimaires. L’installation de ces autorités intérimaires décidée lors de la dernière réunion de haut niveau du Comité de Suivi de l’Accord, le 10 février 2017 est contestée par les associations de la société civile des régions du nord et les mouvements politico-armés qui continuent de dénoncer le « caractère non inclusif » de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger signé il y a de cela plus d’une année et demie entre le gouvernement malien et les groupes armés séparatistes du nord.

Le même jour, à l’appel de la société civile de Tombouctou, une marche pacifique a réuni des centaines de personnes dans les rues de la ville sainte. L’objectif des manifestants était de contester le mode de désignation des autorités intérimaires devant siéger dans les régions du nord du Mali.

Dans  une  déclaration remise aux autorités de la ville, le Collectif des Organisations de la société civile appelle le gouvernement à abroger les décisions prises pour la désignation des autorités intérimaire « dans le souci de préserver la paix et de favoriser la réconciliation nationale ». « Les nominations faites par le gouvernement relatives à la conduite de la période intérimaire sont non-inclusives et de nature à fragiliser la cohésion sociale tant prônée. Les dites nominations n’ont fait l’objet d’aucune discussion préalable à la base et n’ont pas été  consensuelles. La concertation reste un facteur déterminant de la mise en œuvre de l’Accord… ».jusque-là le Président IBK n’a pas compris cela.

La société civile de Gao a aussi contesté le choix de vouloir installer des autorités intérimaires dans les régions de Tombouctou et de Gao à deux mois des élections régionales. L’Association Gao Lama s’interroge du « bien fondé d’un tel accord concocté par la médiation internationale au profit des éléments de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) consacrant de facto la partition du pays ». « Pourquoi mettre des autorités intérimaires à Gao et Tombouctou à deux mois des élections régionales  se demande l’Association Gao Lama ?

Quant à la Coalition des Peuples de l’Azawad (CJA) dirigée par Azarock Ag Inaborchj, cela ne fait aucun doute : « l’inclusivité est la seule condition à une paix durable ». Face à la presse, le samedi dernier à Bamako, les leaders de la CJA ont exigé leur prise en considération dans le processus de paix. « Nous n’allons mener aucune action hostile contre la paix, mais nous mènerons toutes les actions qui vont conduire à la prise en compte de notre point de vu. L’accord ne leur donne pas  un blanc-seing  pour mépriser les populations. Ce sont les populations qui doivent choisir. Si on n’est pas inclue  dans le processus, les choses risquent de mal tourner », explique Azarock Ag Inaborchj. Encore un futur obstacle se dresse contre la paix.

Les présidents des Assemblées régionales de Kidal, Taoudéni et Ménaka ont été désignés sur proposition du gouvernement, ceux des régions de Tombouctou et Gao, ont été désignés respectivement par la CMA et la Plateforme. Ainsi Hassan Ag Fagaga de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) a été nommé président des autorités intérimaires dans la région de Kidal. Djibrila Maïga de la plateforme est désigné président de l’assemblée régionale de Gao. A Tombouctou, c’est Boubacar Ould Hamadi de la CMA qui a été choisie comme président de l’assemblée régionale. Abdoul Wahab Ag Ahmed Mohamed du Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA) prend les rênes des autorités intérimaires de Ménaka. A Taoudéni, Hamoudi Sidi Ahmed Aggada de la partie gouvernementale présidera les autorités intérimaires.

Aussitôt nommé le vendredi dernier comme Gouverneur de la région de Kidal Sidi Mohame Ag Inaborchj, une figure historique de la rébellion de 1990-1992 a été contesté par la CMA.

En réalité, les mouvements de Kidal veulent surtout maintenir leur contrôle sur la région de Kidal. D’où leur refus de voir un nouveau gouverneur nommé dans la localité, la veille même de l’installation des autorités intérimaires. Aussi, le manque de fermeté de Bamako à l’égard de la CMA ne permet aucune solution de sortie de crise. Les responsables de ce mouvement sont dans une logique permanente de soumettre l’Etat malien à un chantage sans fin. Comment faire la paix avec des gens qui ont de gros intérêts en jeu à Kidal ? C’est là toute la question et IBK fait semblant d’ignorer cela. Et dans tout cela que vont dires  les Laudateurs du régime qui ne jurent que par l’accord,  pour ce énième volte-face où échec de la mise en œuvre d’un accord à problème.

Les forces vives avaient demandé une assise nationale pour baliser le terrain de la négociation avant Alger. Malheureusement, elles n’ont pas été écoutées. Voilà pourquoi, la situation stagne encore.

Badou S. KOBA

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1 commentaire

  1. Atteindre ses limites??? Il est à 1 km de ses limites, dans la nature en train d’errer

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