A la Une : vers une deuxième crise électorale en RDC ?

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« Vers le deuxième acte de la crise électorale ? » s’interroge Jeune Afrique. Sur son site internet, le journal se demande si « le cafouillage électoral et la crise qui ont suivi l’élection présidentielle en République démocratique du Congo vont s’étendre aux législatives ». Rappel des faits : les deux scrutins se sont déroulés le même jour, le 28 novembre, mais les résultats des législatives ne doivent être annoncés que le 13 janvier.

Et alors qu’elle avait conditionné, lundi dernier, « la poursuite de la compilation des résultats à l’arrivée d’experts étrangers, [la commission électorale indépendante, ou CENI] a finalement décidé de faire marche arrière et de reprendre la compilation des résultats ». Donc, « sans attendre, insiste Jeune Afrique, les experts américains [et britanniques] » qui ne doivent arriver qu’en janvier. « Un coup de tonnerre », juge L’Avenir en RDC. « Une marche-arrière [qui] n’est pas de nature à crédibiliser le processus électoral [ni] la CENI ».

Que viennent chercher les experts ?

La presse est très sceptique quant au rôle futur de ces experts étrangers. D’abord pourquoi viennent-ils si tard ? « La classe politique visiblement prête à en découdre aura-t-elle la sagesse de patienter ? », s’inquiète le blog de Bark Biiga, au Burkina Faso, qui titre : « Jusqu’au bout du capharnaüm électoral ». Et puis pourront-ils vraiment faire quelque chose, ces experts ? « Leur nombre et leur mandat précis (…) restent flous, écrit L’Avenir en RDC, alors que le travail à accomplir [avant le 13 janvier] est immense ». « Comment ces ‘médecins après la mort’ pourront-ils s’arranger pour faire accepter le verdict des urnes, peut-on lire sur le blog burkinabé. Que viennent donc chercher ces fameux experts dans la galère Rdcienne? ».

L’Observateur à Kinshasa, rappelle aussi que « dans l’opinion, certaines voix s’élèvent pour condamner l’infantilisme de [ces] pays qui » (…) « cinq décennies après les indépendances africaines continuent à recourir à l’expertise internationale ». Mais « à qui la faute ? » s’interroge le journal. « A la CENI ou aux acteurs politiques congolais qui ne se font pas mutuellement confiance? » Pouvait-on ne pas faire appel à eux, « pouvait-il en être autrement, quand on sait qu’au Sud du Sahara presque aucune élection organisée par le pouvoir en place n’a été acceptée comme valide par l’opposition ».

Côte d’Ivoire : un général en liberté provisoire

On part maintenant en Côte d’Ivoire, où la presse s’intéresse à la détention des anciens hommes forts du régime de l’ancien président Gbagbo.L’un d’entre eux, incarcéré depuis août, a été remis en liberté provisoire : le général de gendarmerie Georges Guiai Bi Poin, qui a recouvré la liberté à la suite d’une audition expéditive, écrit Jeune Afrique. « Sa requête lui a été accordée après une audience de 30 minutes » seulement, précisait mercredi Nord-Sud, à Abidjan. Pourquoi ce traitement ? s’interroge Jeune Afrique, qui titre : « les dessous d’une libération ».

Il reste en effet beaucoup de zones d’ombres. D’abord les raisons de son arrestation : on parlait au départ « d’un charnier à l’école de gendarmerie d’Abidjan, dont Guiai Bi Poin était le directeur », rappelle le site du journal. Des faits qui n’avaient pas pu être vérifié par les forces de l’ONU ou les forces françaises sur place. « Finalement, les charges imputées à [celui qu’on surnommait « le chérif »] seront requalifiées en crimes économiques (atteinte à l’économie nationale, vols à main armée…) ».

Et puis, autre point intéressant précisé par Jeune Afrique, l’arrestation est intervenue alors que le chef de l’État et son 1er ministre étaient à l’étranger, et alors que le général avait conclu un accord avec le nouveau régime en échange de sa collaboration. Jeune Afrique avance donc qu’il s’agirait peut-être d’une erreur: « Le général (…) a été arrêté par méprise, avance un conseiller du [1er ministre] Guillaume Soro sous couvert d’anonymat. (…) Mais il fallait laisser faire la justice sans immixtion du politique », assure-t-il. Aujourd’hui, quel avenir imaginer pour Georges Guiai Bi Poin ? Selon la presse, il devrait retourner à son poste de l’inspection au ministère de la défense, décrit par Jeune Afrique comme « une espèce de ‘garage’ pour les officiers en fin de carrière ».

Maison d’arrêt « dévoreuse de vie »

L’octroi de ce type de liberté provisoire ne semble pas facile, à en croire la presse. D’autres anciens partisans de Laurent Gbagbo. Le Patriote rapporte que plusieurs détenus proches de l’ancien régime ont encore échoué à l’obtenir hier. Et « déjà la semaine dernière, explique le journal, la demande de mise en liberté provisoire de plusieurs [autres] pro-Gbagbo avait été rejetée ». « Elle concernait 26 personnes détenues dans le nord du pays depuis 8 mois » préciseLe Nouveau Courrier, pour qui le tribunal « avoue [ainsi] son impuissance ».

Dans un article séparé, le journal avance que la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan, qualifiée de « dévoreuse de vie », détient toujours « des militaires et des civils » soupçonnés d’être proches de Laurent Gbagbo. Ils seraient tout simplement « oubliés ». Le quotidien estime que certains sont détenus pour des accusations qui relèvent de l’insolite. L’un d’entre eux l’est par exemple pour « occupation des locaux d’un tribunal ».

Par Marie Normand

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