Afrique du Sud: vote secret ou à main levée, une décision clé pour l’avenir de Zuma

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Le président sud-africain Jacob Zuma lors d'un réunion de son parti, le Congrès national africain (ANC), le 5 juillet 2017 à Johannesburg / © AFP/Archives / GIANLUIGI GUERCIA
Le président sud-africain Jacob Zuma lors d'un réunion de son parti, le Congrès national africain (ANC), le 5 juillet 2017 à Johannesburg / © AFP/Archives / GIANLUIGI GUERCIA
Les parlementaires sud-africains sauront lundi après-midi s’ils voteront à bulletins secrets ou non la motion de défiance contre le chef de l’Etat Jacob Zuma, une décision qui pourrait encourager des députés de l’ANC au pouvoir à lâcher le controversé chef de l’Etat.

La motion, qui doit être débattue mardi, ne devrait cependant pas passer, selon les analystes, compte tenu de la confortable majorité du Congrès national africain (ANC) au parlement. Mais le vote est considéré comme un test pour le parti de feu Nelson Mandela, désormais ouvertement critique vis-à-vis du président Zuma.

Le chef de l’Etat est embourbé dans des scandales politico-financiers à répétition, tandis que le pays, première puissance économique du continent, est entré en récession. Une situation qui affaiblit grandement l’ANC, à deux ans des élections générales.

C’est à la présidente du parlement, Baleka Mbete, une alliée du chef de l’Etat, qu’il revient le choix d’opter pour un vote à mains levées ou à bulletins secrets. Elle doit annoncer sa décision lundi à 15H30 (13H30 GMT).

L’opposition qui a déposé la motion réclame un vote à bulletins secrets, persuadée de pouvoir “retourner” une partie des députés de l’ANC.

La colère gronde en effet depuis des mois dans les rangs du parti au pouvoir, qui a mal vécu son revers historique aux élections municipales d’août 2016 et difficilement digéré le limogeage en mars du ministre des Finances Pravin Gordhan, pourfendeur de la corruption.

Le parlement se prépare “à l’une de ses plus importantes sessions depuis l’avènement de la démocratie” en 1994, ont estimé les vétérans de l’ANC, dont certains ont combattu, aux côtés de Nelson Mandela, pour l’abolition de l’apartheid.

L’Afrique du Sud “est le témoin d’un vol à grande échelle, qui laisse le pays appauvri et de plus en plus entre les mains d’un gouvernement de criminels”, ont-ils dénoncé dans un communiqué.

Pour les vétérans, “la motion de défiance est une issue inévitable de la myriade de scandales dans lesquels” le président Zuma s’est “malheureusement empêtré”.

– ‘Instabilité politique’ –

Le Parti communiste, membre de la coalition tripartite au pouvoir, a “réitéré” la semaine dernière son appel au président Zuma à démissionner. Il n’a toutefois pas donné publiquement de consigne de vote à ses députés qui sont membres du groupe parlementaire de l’ANC.

Dans ce contexte tendu, le parti au pouvoir ne cache pas sa fébrilité. Le chef du groupe parlementaire de l’ANC, Jackson Mthembu, a mis en garde ses députés contre “les conséquences désastreuses” de l’adoption d’une motion de défiance.

Cela “plongerait le pays dans une complète instabilité politique et une incertitude économique”, a-t-il prévenu.

Si la défiance était votée, le président et le gouvernement devraient démissionner.

Le vote représente “une opportunité pour (…) tous de dénoncer la corruption et de se débarrasser du président Zuma et de son gouvernement”, a estimé la principale formation de l’opposition, l’Alliance démocratique (DA).

Pour qu’elle soit entérinée, la défiance doit recueillir la majorité absolue, soit 201 députés sur les 400 que compte le Parlement. Un scénario hautement improbable puisque l’ANC y possède une confortable majorité de 249 sièges.

Le président Zuma, dont le second et dernier mandat expire en 2019, a déjà survécu à trois votes de défiance.

L’opposition pourrait saisir la justice dans le cas où les députés seraient appelés à voter à mains levées. Une telle décision serait susceptible de retarder le vote prévu mardi.

(©AFP / 07 août 2017 16h09)

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