Baccalauréat 2015 au Niger : Des fuites massives ont entraîné l’annulation de certaines épreuves

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La fuite a été trop flagrante  au point que certains  élèves se retrouvaient en groupe dans leurs établissements respectifs tard dans la nuit à recopier les corrections, en présence de leurs enseignants. Pis, les autres envoyaient même les sujets à leurs amis via les réseaux sociaux tels que Facebook, Whatsapp, Viber… La supercherie a été découverte au moment où certains candidats ont été surpris dans la cour de leur centre d’examen en train de corriger une épreuve de mathématiques, avant qu’ils ne composent dans cette discipline.

L’information ayant atterri au niveau du ministère de l’Enseignement supérieur, le premier responsable du département ministériel a convoqué les principaux organisateurs de cet examen, à savoir le Service des examens du Baccalauréat, pour la conduite à tenir. À l’issue de leur rencontre, il a été décidé de l’annulation des épreuves d’histoire/géographie et mathématiques qui, semble-t-il, selon le ministre Ousmane Abdou, sont les seules matières ayant fait l’objet de fuite.

Dans un point de presse qu’il a animé le vendredi 3 juillet dans l’après-midi, le ministre de l’Enseignement supérieur a officiellement annoncé l’annulation et la reprise de ces matières incriminées par les candidats dès le mardi 7 juillet prochain au niveau de l’ensemble des jurys A4 du pays. «Ces fraudes concernent uniquement les matières d’histoire/géo et mathématiques de la série A4», a laissé entendre Ousmane Abdou.

«S’agissant des autres séries, notamment A8, D, C, G et les autres Bacs techniques, les examens se sont déroulés dans l’ensemble sans incident majeur», a renchéri le patron de l’Enseignement supérieur. Évoquant la traçabilité des fuites, M. Abdou a rassuré l’opinion nationale et internationale qu’une enquête a été déjà ouverte et que les auteurs de ce crime vont être punis conformément à la loi et à la hauteur de l’acte qu’ils ont commis.

De la réapparition du phénomène des fuites aux examens

Dix (10) ans après la rocambolesque affaire des fuites flagrantes au Baccalauréat de l’année 2005, où plusieurs enseignants ont perdu leurs postes, la fraude concernant les fuites des sujets est en train de revenir malgré la rigueur et l’intégrité du chef du Service des examens du Bac, Dr. Abdo Alassan. Si la décision du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, de concert avec le Rectorat, d’annuler les épreuves d’histoire/géo et mathématiques a été saluée par les citoyens, cependant, pour plusieurs observateurs, le ministère a fait deux poids deux mesures.

Selon certaines sources, il ne s’agit pas uniquement des candidats de la série A4 qui ont bénéficié des fraudes, encore c’est au-delà des deux épreuves, comme veut le faire croire M. le ministre. En dehors du Baccalauréat, même certains candidats au Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC), qui ont composé une semaine avant leurs aînés, ont bénéficié des fuites. Pour les citoyens, l’Etat doit prendre toutes les dispositions nécessaires pour contrecarrer ce phénomène qui décrédibilise ce premier diplôme universitaire, qu’est le Baccalauréat.

De la nécessité de revoir l’organisation du Bac

Organisé depuis plus de 40 ans par l’Université Abdou Moumouni Dioffo de Niamey, qui était la seule jusqu’en 2009, l’organisation du Baccalauréat doit être revue compte tenu de la création de sept (7) autres Universités dans les régions. Pour preuve, aujourd’hui, les candidats de la série A4 des régions d’Agadez, de Diffa, de Dosso, de Maradi, de Tahoua et de Zinder ont été victimes de la faute des candidats de Niamey qui ont reçu les fuites. À défaut d’une organisation décentralisée du Baccalauréat, pourquoi ne pas alors créer un service national qui ne soit rattaché à aucune des universités compte tenu du caractère autonome de gestion de ces universités ? Bien que le monopole de l’Université de Niamey d’organiser le Baccalauréat, au détriment des autres, n’est pas étranger à la situation de la fraude, surtout que dans la plupart des cas, ce ne sont pas les enfants des pauvres qui monnaient les épreuves des examens du Baccalauréat.

Moussa IBRAHIMA

(Depuis Niamey)

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