Bombardement massif sur Beyrouth, affrontements à la frontière

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BEYROUTH (Reuters) – Des affrontements ont éclaté jeudi matin entre des soldats israéliens et des combattants du Hezbollah à la frontière avec le Liban; dans la nuit, l’aviation a déversé un tapis de bombes sur un bunker du Hezbollah dans le sud de Beyrouth.

Sur le front diplomatique, des consultations sont prévues dans la journée au Conseil de sécurité des Nations unies, où Kofi Annan exposera les recommandations de la mission de paix qu’il a envoyée dans la région avant de dîner avec la secrétaire américaine d’Etat, Condoleezza Rice.

Selon l’armée israélienne, les accrochages de la matinée ont lieu à proximité de l’endroit où deux soldats israéliens ont été tués mercredi dans un engagement armé avec des miliciens chiites.

Quelques heures plus tôt, au coeur de la nuit, l’aviation israélienne avait bombardé massivement un bunker du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth à la suite d’informations laissant supposer que de hauts responsables du mouvement chiite s’y trouvaient.

Des dizaines d’avion qui participaient à ce raid ont déversé peu avant minuit un tapis de 23 tonnes de bombes sur la cible, précise-t-on de source militaire israélienne.

D’après le site internet du quotidien Maariv, qui cite un haut responsable de l’armée, les informations collectées par le renseignement semblaient indiquer la présence de Hassan Nasrallah, le chef du "Parti de dieu", à l’intérieur du bunker visé par l’aviation.

Mais à Beyrouth, le Hezbollah a démenti dans un communiqué "qu’un seul de ses leaders ou membres ait été tué lors du dernier bombardement dans la banlieue sud". Le Hezbollah ajoute que le bâtiment touché lors du bombardement était une mosquée en construction dans le secteur de Bourj al-Barajneh, dans les faubourg sud de la capitale libanaise, et non un bunker abritant des responsables du mouvement.

A l’aube, une nouvelle explosion sourde a retenti au-dessus de Beyrouth, et des nuages de fumée se sont formés au-dessus d’une banlieue majoritairement chiite de la capitale libanaise.

REUNION À L’ONU

Plus d’une semaine après le déclenchement de la crise, aucun signe ne laisse entrevoir une désescalade.

Avec 63 civils libanais tués dans les frappes israéliennes, la journée de mercredi a même été la plus sanglante depuis le début du conflit entre Israël et le Hezbollah.

Un raid de Tsahal contre le village de Srifa dans le sud du pays a tué 17 civils, dont plusieurs enfants et fait 30 blessés. Au moins 46 autres civils ont été tués dans des frappes aériennes dans l’est et le sud du Liban et le Hezbollah a annoncé la mort d’un de ses combattants.

Côté israélien, deux enfants ont été tués par l’explosion d’une roquette à Nazareth, dans le nord du pays. De nouvelles roquettes sont tombées sur la ville portuaire de Haïfa.

Depuis le début de la crise, au moins 299 Libanais et 29 Israéliens ont péri.

Et, alors que les évacuations de ressortissants étrangers via Chypre sont entrées dans une phase active – un millier d’Américains sont arrivés dans la nuit au port de Larnaca -, certains Libanais redoutent même une aggravation de la situation.

"J’ai un très mauvais pressentiment, lorsque les étrangers auront fui les bombardements, les choses vont empirer", dit Ziad Nayef, un styliste de 37 ans. "Personne ne se préoccupe de la vie des Arabes", ajoute-t-il.

Mercredi, le Premier ministre libanais Fouad Siniora a renouvelé son appel à un cessez-le-feu au Liban. Dans un appel diffusé à la télévision, il a exhorté la communauté internationale à intervenir pour mettre fin à l’offensive israélienne et a réclamé une aide humanitaire d’urgence pour les réfugiés. "J’espère que vous ne nous abandonnerez pas", a-t-il déclaré.

Mais aux Nations unies, où les Etats-Unis estiment qu’un cessez-le-feu "avec une organisation terroriste" n’a pas de sens, c’est toujours l’impasse.

Kofi Annan est attendu en fin de matinée (heure de New York) devant le Conseil de sécurité pour exposer les conclusions de la mission qu’il a dépêchée dans la région. De sources diplomatiques, on indique que la délégation recommanderait le déploiement de troupes libanaises au Sud-Liban et l’accroissement des effectifs de la mission internationale déjà en place.

 

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