Le Premier ministre ivoirien Soro échappe à une attaque à Bouaké, 4 morts

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ABIDJAN (AFP) – vendredi 29 juin 2007 – 23h08 – L”avion du Premier ministre ivoirien Guillaume a été attaqué par des inconnus vendredi matin à l”aéroport de Bouaké (centre), un acte isolé qui a fait au moins quatre morts, mais épargné M. Soro, et jeté un froid sur le processus de réconciliation en cours dans le pays.

Le Fokker 100 qui transportait le Premier ministre et sa délégation a été atteint par plusieurs tirs de roquettes et rafales de kalachnikov peu après 10H30 (locales et GMT), alors qu”il venait de se poser sur la piste, selon des sources de sécurité concordantes.

Quatre personnes ont été tuées, et une dizaine d”autres blessées, selon un dernier bilan donné vendredi soir par l”entourage de M. Soro.

Le Premier ministre s”en est tiré apparemment indemne. Il est apparu vendredi soir en bonne santé devant un journaliste de l”AFP, sans faire de déclarations.

"L”avion a été percuté par trois roquettes. Trois des quatre personnes tuées, assurément des gardes de corps, ont eu leur tête arrachée par la violence de l”impact", a expliqué Diarra Sanou, un journaliste ivoirien se trouvant à bord, joint au téléphone par l”AFP.

"L”objectif était de faire exploser l”avion", a indiqué à l”AFP Sidiki Konaté, ministre du Tourisme et l”un des lieutenant de M. Soro, en accusant les "ennemis du processus de paix" d”avoir perpétré cet attentat.

Les assaillants restaient inconnus vendredi soir, et aucune personne n”avait été arrêtée en lien avec l”attaque.

Selon des sources de sécurité concordantes, l”attaque, brève, a été menée par un petit groupe isolé, quelques hommes équipés d”un lance-roquette et de kalachnikovs, cachés près de la piste et qui se sont vite enfuis.

Guillaume Soro a été évacué à Bouaké par ses hommes, qui ont effectué des tirs de sommation aux abords de la ville. Les tirs ont cessé vers midi.

La sécurité était renforcée vendredi soir autour de la résidence de M. Soro, gardée par une trentaine de soldats armés et des Casques bleus marocains de l”Opération des Nations Unies en Côte d”Ivoire (Onuci).

Le Premier ministre était venu à Bouaké, fief de la rébellion des Forces nouvelles (FN) qu”il dirige, pour présider une cérémonie du processus de paix ivoirien. Celui-ci vise à réunifier le sud ivoirien, contrôlé par le président Laurent Gbagbo, et le nord tombé aux mains des FN en septembre 2002.

Aucun incident ou évènement anormal n”a été observé vendredi dans le reste du pays, et notamment à Abidjan, centre névralgique du sud ivoirien.

M. Gbagbo, ancien ennemi de M. Soro devenu son allié après l”accord de paix signé par les deux hommes le 4 mars dernier, n”a fait aucune déclaration.

Une source présidentielle ivoirienne a toutefois minimisé l”attaque, estimant qu”elle n”était qu”"un des derniers soubresauts sur le chemin irréversible de la paix" engagé avec l”accord du 4 mars.

Elle a également précisé qu”elle ne remettait "pour le moment" en cause ni la participation de M. Gbagbo au sommet de l”Union africaine (UA) de ce weekend à Accra, ni sa visite prévue le 5 juillet à Bouaké, sa toute première dans la moitié nord du pays tombée aux mains de rébellion il y a près de cinq ans.

Cette attaque, qui met fin au climat d”apaisement qui prévaut depuis le 4 mars, a été dénoncée par le conseil de sécurité de l”ONU, l”UA, la Communauté économique des Etats d”Afrique de l”ouest (Cedeao) et par le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui ont tous dénoncé une atteinte au processus de paix, et jugé que celui-ci devait être poursuivi.

L”Opération des Nations unies en Côte d”Ivoire (Onuci) l”a également condamnée, en appelant les acteurs ivoiriens au calme.

Plusieurs observateurs à Abidjan estiment que cette attaque pourrait provoquer des tensions au sein des FN, divisées entre ceux qui ont poussé M. Soro à se rapprocher de M. Gbagbo et à accepter le poste de Premier ministre, et ceux qui estiment qu”il a trahi la cause de la rébellion en le faisant.

AFP

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