Nigeria: des centaines d’habitants fuient Potiskum après les attaques

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Capture d’écran d’une vidéo postée sur YouTube le 12 avril 2012 montrant Aboubakar Shekau (c), le chef présumé du groupe islamiste Boko Haram
© YouTube/AFP

Le nord-est du Nigeria, depuis jeudi sous les attaques répétées du groupe islamiste Boko Haram, comptait et enterrait ses morts dimanche, et des centaines d’habitants s’enfuyaient avec leur famille et leurs biens de la ville de Potiskum, où au moins 30 personnes ont été tuées.

Des centaines d’habitants de Potiskum, le grand centre commercial de l’Etat de Yobe, dans le nord-est, partaient de crainte de nouvelles attaques.

La ville a été mise sous haute sécurité, l’armée patrouille dans les rues et les habitants, apeurés, restent enfermés chez eux.

Les mesures de sécurité se sont relâchées dimanche matin et des centaines d’habitants en ont profité pour s’enfuir.

“Beaucoup de monde quitte la ville après la diminution de la surveillance par les soldats ce matin”, a déclaré un habitant qui s’est juste identifié comme Hassan.

“Des centaines d’habitants, surtout ceux qui vivent aux alentours de la ville qui ont été les plus touchés par les attaques, prennent la fuite en emportant leurs affaires”, a-t-il ajouté.

“Ceux qui ont une voiture chargent leurs affaires et quittent la ville, alors que d’autres prennent des autocars et des taxis dans les garages ou le long de la route principale et vont vers le sud”, a-t-il ajouté, en indiquant que lui-aussi pensait quitter la ville dans les prochains jours.

L’un des habitants en fuite, Hamisu Nababa, raconte qu’il quitte la ville avec toute sa famille.

“Ma femme et mes trois enfants sont traumatisés par ces attaques et veulent changer d’endroit pour pouvoir trouver la paix”, a-t-il dit, ajoutant qu’ils partent à Kaduna, plus au sud, où ils ont un parent.

“Beaucoup de gens s’en vont maintenant que les soldats ont ouvert la route et autorisent à entrer ou sortir de la ville”, a-t-il ajouté.

Un autre habitant, Bular Kolo, a expliqué à l’AFP que la plupart des églises étaient fermées et que les fidèles s’en tenaient à l’écart, craignant qu’elles ne soient la cible des islamistes de Boko Haram.

“Les habitants chrétiens de Potiskum sont restés chez eux pour des raisons de sécurité. Une église a aussi été brûlée lors des attaques  et les gens ont eu peur d’aller à la messe du dimanche”, a-t-il dit.

“Les soldats ont renforcé la sécurité dans la ville avec des barrages tous les cent mètres dans toute la ville”, a indiqué à l’AFP un habitant de Potiskum, Kukar Kolo.

Des morts emmenés à la morgue ou enterrés par les familles

Les forces de sécurité ont souvent été accusées de riposter brutalement aux attaques qui ont frappé le pays et ont été accusées d’avoir tué des civils et incendié des habitations.

Il n’était pas clairement établi si l’armée était responsable de destructions à Potiskum et les habitants ont rapporté que des assaillants ont lancé des bombes artisanales sur les maisons.

Au moins 31 personnes ont été tuées depuis jeudi dans les deux villes de Potiskum et Maiduguri.

Samedi, à Potiskum, une infirmière de l’hôpital général a signalé l’arrivée de 20 corps à la morgue et des habitants ont indiqué que trois morts avaient été enterrés par leurs familles à la suite des explosions et des fusillades survenues dans cette ville jeudi et vendredi.

“Nous avons à présent un total de 20 cadavres amenés hier après l’attaque de la nuit précédente”, a indiqué à l’AFP l’infirmière sous couvert de l’anonymat.

“La plupart d’entre eux ont été tués par balles mais quelques uns ont eu la gorge tranchée. Parmi les morts, figurent un officier de police et un gardien de prison”, a-t-elle précisé.

Des habitants estiment que le bilan pourrait être plus élevé car plusieurs familles ont enlevé les corps de leurs proches dans la rue pour les enterrer.

“J’ai participé à l’enterrement de trois habitants tués dans les attaques. J’ai assisté à leurs funérailles successives hier. Ce sont les seules dont j’ai eu connaissance. Il a pu y en avoir d’autres”, a raconté à l’AFP une habitante, Hamisu Nababa.

Les assassinats et attentats de Boko Haram dans le centre et le nord du Nigeria et leur répression ont fait des milliers de morts depuis 2009.

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