Nigeria : au moins dix morts lors de manifestations indépendantistes pro-Biafra

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Cetet photo a été prise dans le camp de déplacés de Dikwa, le 2 février 2016. C'est dans ce camp qu'au moins 58 personnes ont été tuées dans deux attaques-suicides attribuées à Boko Haram, le 9 février 2016. © STRINGER / AFP
Cetet photo a été prise dans le camp de déplacés de Dikwa, le 2 février 2016. C'est dans ce camp qu'au moins 58 personnes ont été tuées dans deux attaques-suicides attribuées à Boko Haram, le 9 février 2016. © STRINGER / AFP

Lagos – Au moins dix personnes ont été tuées dimanche et lundi lors de manifestations de militants indépendantistes pro-Biafra qui marquaient l’anniversaire du début de la guerre civile en 1967 et contre lesquelles la police a ouvert le feu, a annoncé mardi la police nigériane.

Un porte-parole de la police de l’Etat d’Anambra (sud-est du Nigeria) a indiqué à l’AFP que cinq corps avaient été retrouvés dans la capitale Onitsha. Dans l’Etat voisin du Delta, cinq personnes ont été tuées selon la police.

Dans cet État du Delta, la police dit avoir ouvert le feu parce que des membres du mouvement Peuple indigène du Biafra (IPOB) avaient tiré sur les forces de sécurité déployées à l’occasion des manifestations.

Nous avons déployé nos agents pour nous assurer que la manifestation se passe dans le calme mais nous avons été surpris par la violence des manifestants, a affirmé Charles Muka, porte-parole de la police de l’Etat du Delta.

Mais le porte-parole de l’IPOB, Anayo Chukwu-Okpara, a nié ces accusations, et affirmé qu’au moins 35 membres de l’IPOB avaient été tués à Onitsha.

Des violences ont également émaillé les manifestations dans les capitales des États de Imo, Ebonyi, Abia et River, tous situés dans le sud-est du pays.

Les membres du mouvement séparatiste pour le peuple Igbo commémoraient le 49e anniversaire de la déclaration d’indépendance du Biafra du 30 mai 1967, qui conduisait un an plus tard à une guerre civile sanglante qui a fait plus d’un million de morts.

– unité à tout prix –

Le chef de l’IPOB, l’indépendantiste Nnamdi Kanu, est toujours en détention dans l’attente de son procès pour trahison depuis son arrestation en octobre 2015.

Son arrestation et le refus du gouvernement de le libérer sous caution malgré plusieurs décisions de justice ont provoqué une vague de protestations à travers tout le sud-est du Nigeria et relancé les appels à l’indépendance du Biafra.

Prince Emmanuel Kanu, le frère de Nnamdi Kanu, a en outre accusé la police d’avoir tué 20 personnes dimanche soir lors d’un premier rassemblement à Onitsha, et d’avoir ensuite tué 16 personnes et blessé une cinquantaine d’autres lundi lors de la manifestation toujours à Onitsha.

Ils (la police, NDLR) ont bloqué les manifestants, puis ils ont commencé à nous tirer dessus, ils ont tiré sur 56 personnes, qui sont blessées, a-t-il affirmé.

Mardi, le chef de la police fédérale nigériane, Solomon Arase, a prévenu que tout membre de l’IPOB découvert en possession d’une arme serait arrêté et jugé.

La police continuera à travailler d’arrache-pied pour éliminer toute menace sur la sécurité intérieure du pays, a-t-il déclaré, faisant écho aux déclarations du président Buhari qui a déclaré publiquement qu’il ne tolèrerait aucune menace contre l’unité du Nigeria.

Des membres de l’IPOB ont récemment affirmé à l’AFP que des forces de sécurité militaires et policières avaient usé de gaz lacrymogènes et tiré à balles réelles sans distinction sur la foule, lors de précédentes manifestations.

-excès de violence-

L’organisation de défense des droits de l’Homme Human Right Watch a appelé à une enquête judiciaire crédible sur cette affaire.

Dans un contexte de violences croissantes dans le sud-est du Nigeria, les forces gouvernementales devraient prendre des mesures raisonnables pour assurer la sécurité du pays et éviter un usage démesuré de la force lorsqu’elles encadrent des manifestations publiques, a déclaré Mausi Segun, représentante d’HRW.

Découverte de charniers et personnes portées disparues sont régulièrement mentionnées au Nigeria, où l’armée a été montré du doigt à plusieurs reprises pour ses excès de violence, notamment dans le conflit contre les jihadistes de Boko Haram. Des accusations similaires ont été portées dans la ville de Zaria, dans le nord du pays, où les forces de sécurité auraient fait plus de 300 morts parmi des membres d’une communauté chiite.

(©AFP / 31 mai 2016 18h50)

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