RDC : le M23 se désengage progressivement de Goma, une page pourrait être tournée

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Le colonel Sultani Makenga est devenu « général de brigade » de la branche militaire du M23 rebaptisée l’Armée révolutionnaire du Congo.
REUTERS

Alors que les troupes de la rébellion commencent à quitter la capitale du Nord-Kivu et que des policiers congolais ont débarqué en ville dans le calme, la situation dans la région est encore loin d’être stabilisée.

Avec notre envoyé spécial à Goma

Le grand mouvement du M23 est engagé. Ce vendredi 30 novembre, des centaines, peut être un millier de combattants, ont quitté les postes les plus avancés pour transiter par Saké, au sud-ouest de Goma. Dès samedi, ces troupes devraient remonter sur leurs bases à vingt kilomètres au nord et au nord-ouest de la capitale provinciale du Nord-Kivu.

Samedi matin, le M23, s’il tient promesse, abandonnera également Goma. Une parade doit même être organisée pour bien montrer aux yeux du monde que la rébellion se conforme à ses engagements en ne laissant qu’une centaine d’hommes à l’aéroport.

Contrairement à ce qui avait été annoncé précédemment, les politiques et les policiers du M23 seront du voyage. Le projet d’une nouvelle administration contrôlée par la rébellion à Goma est donc pour le moment enterré et les autorités gouvernementales, ainsi que les soldats des FARDC, ne devraient pas tarder à revenir. Dès vendredi, près de 280 policiers ont débarqué au port de Goma en provenance de Bukavu.

La page de la présence du M23 à Goma semble être en passe d’être tournée mais vendredi, un évènement a peut-être tout remis en cause. Pourtant sérieusement renforcé après avoir mis la main sur des dépôts d’armes et de munitions des forces gouvernementales, le chef militaire du M23 a voulu s’emparer d’un autre stock, cette fois contrôlé par les Nations unies à l’aéroport. Un incident avec les Casques bleus qui, selon le général Sultani Makenga, pourrait provoquer un nouveau retard dans le départ de ses hommes de la capitale du Nord-Kivu.

Lieutenant-colonel Prosper Basse

Porte-parole militaire de la Monusco au Nord-Kivu

Le M23 a voulu récupérer des munitions qui sont sous le contrôle de la Monusco

RETRAIT DU M23 DE GOMA : QUI SORT GAGNANT ?

Si le M23 tient sa parole et quitte Goma ce samedi 1er décembre, la crise sera encore loin d’être résolue mais une page aura belle et bien été tournée. Pour la rébellion, la décision a été difficile à prendre. Au sein du mouvement, ces derniers jours, les réunions se sont multipliées et les lignes de fractures entre politiques et militaires mais aussi au sein même de l’état-major se sont révélées. « On a évité la casse », avoue un cadre du M23 sous couvert d’anonymat.

Plusieurs facteurs semblent avoir été déterminants dans la prise de cette décision. Tout d’abord, les pressions des pays considérés comme amis. Grâce à ce retrait, le Rwanda et l’Ouganda, qui étaient accusés d’être des fauteurs de guerre par le gouvernement congolais, et l’ONU se voient légitimer comme interlocuteurs incontournables pour la stabilité de la RDC. Ensuite, en se conformant aux exigences internationales, le M23 acquiert une légitimité inimaginable il y a encore quelques jours. « Nous étions considérés comme des bandits et maintenant nous pouvons garder nos armes, des positions et nous allons négocier directement avec le gouvernement alors c’est déjà une victoire », confie un membre de la rébellion.

Après la signature formelle d’un cessez le feu, le M23 entend entamer des discussions où il sera principalement question de postes ministériels pour les politiques et de reconnaissance des grades pour les militaires. Le grand marchandage qui a fait et défait les rébellions congolaises pourrait alors commencer mais tout cela, dit le M23, dépend en bonne partie de la volonté de Kinshasa.

RFI /01/12/2012

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