Cerfitex de Ségou : Une structure dynamique sur laquelle il faudra compter pour le développement de la région en particulier et celui du pays en général.

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Qui est le Docteur Moumine Traoré ? Qu’est ce que le CERFITEX ? Quels bilans faites-vous du CERFITEX, de sa création à nos jours ? Qu’en est-il des recommandations de la 11ème session du Conseil d’Administration du CEFITEX ?

Quels sont les objectifs visés à court, moyen et long termes pour cette année 2014-2015 ? Quels sont les rapports entre le CERFITEX et ses partenaires notamment les autorités locales, l’U.S, les syndicats ? Quelles sont les difficultés qui prévalent dans la gestion du CERFITEX et les solutions envisagées ? Qu’en est-il du système LMD et de son application au CERFITEX ? Quels regards portez-vous sur le système d’Enseignement Supérieur au Mali ? Voilà entre autres questions que le journal a bien voulu posé au Directeur général de cette structure de formation et qui ont été répondues avec entière satisfaction. Autant de réponses satisfaisantes qui permettent de tirer une leçon : le dynamisme du CERFITEX et l’apport qu’il peut apporter dans le cadre du développement de la région en particulier et du Mali en général. Lisez plutôt.

Le Flambeau : Qui est le Docteur Moumine Traoré ?

Dr Moumine Traoré : Avant tout propos, permettez-moi tout d’abord de remercier la rédaction du journal ‘’Le Flambeau’’ qui a bien voulu m’accorder l’opportunité de m’exprimer. Je suis le professeur Moumine TRAORE, Maître de Conférences et chevalier de l’Ordre National du Mali.

Le Flambeau : Pouvez-vous-nous présenter le CERFITEX ?

Dr Moumine Traoré : Le Centre de Recherche et de Formation pour l’Industrie Textile (CERFITEX) est un Etablissement Public à caractère Scientifique et Technologique (EPST) créé par la loi N°04-003 du 14 Janvier 2004. Le siège social du Centre est à Ségou, République du Mali. Elle a pour missions d’assurer la formation initiale et continue et de contribuer à la promotion de la recherche dans le domaine des textiles et annexes au niveau national, sous régional et régional.

Le Flambeau : Quels bilans faites-vous du CERFITEX, de sa création à nos jours ?

 Dr Moumine Traoré : Le CERFITEX est né des suites de l’ESITEX, une structure créée en 1990 par la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEAO), pour répondre à la demande de ses États membres qui souhaitaient disposer d’un Centre commun de formation aux métiers du textile. Elle n’a fonctionné que de 1990 à 1994. Malgré cette courte période de fonctionnement, elle a eu la réputation d’avoir effectué des formations de qualité. Avec l’appui financier de la BID, les autorités maliennes ont fait réaliser entre 1998 et 2000 par le cabinet Manal Management, une étude pour la relance des activités de l’école afin de répondre aux besoins des entreprises textiles. Suite aux conclusions de ces études, le Gouvernement du Mali a décidé de créer le CERFITEX. Le CERFITEX dans ses missions, a la particularité de faire la synergie entre l’agriculture et l’industrie. Le bilan est globalement bon. Je le présenterai en deux périodes.

 

Concernant la première période, notamment de 2005 à 2011…le CERFITEX, au cours des six (06) premières années de fonctionnement, a formé des ingénieurs, des techniciens supérieurs et des techniciens de nationalités, Béninoise, Burkinabé, Camerounaise, Malienne et Tchadienne,  et obtenu  globalement les résultats dans les domaines de la formation initiale. À ce niveau, le centre a produit 25 diplômés dont 16 ingénieurs en option technologie textile et 9 en option génie électrique et informatique industrielle. Pour ce qui concerne la formation professionnelle, 175 ingénieurs ont été formés dans le cadre d’un accord avec le Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle à travers l’Assemblée Régionale de Ségou. Les jeunes formés sont titulaires du DEF dans les filières de filature, le tissage, la teinture, l’impression, les aides laborantins, l’électricité bâtiment et l’informatique bureautique.

 

Enfin au niveau de la formation continue, 229 auditeurs ont été formés dans le domaine du raffinage des huiles, du tissage, du classement instrumental du coton, de la manipulation des Chaînes de Mesures Intégrées (CMI), de l’utilisation des résultats du classement instrumental dans le commerce du coton fibre, de l’informatique- bureautique, du tissage artisanal, du tri des contaminants de coton graine et de coton fibre. Il faut préciser que depuis Octobre 2011, le Centre a fortement renoué avec la formation initiale et depuis, cette dynamique se poursuit.

 

Au sujet de la deuxième période, à savoir de 2011 à 2014…il convient de noter 56 diplômés répartis ainsi : 15 détenteurs de Brevet du Technicien (BT) en mécanique textile, 20 détenteurs du CAP technologie textile, 6 détenteurs de Licence technologie textile et 15 diplômés en Licence génie électrique et informatique industrielle.

Au titre de la formation professionnelle, le centre a ouvert des filières de formation dans le cadre d’un partenariat Conseil Régional – Direction régionale de la Formation Professionnelle – Lux Dev et l’Agence Française de Développement (AFD) en teinture, filature tissage, électricité bâtiment, maintenance électronique et installation solaire photovoltaïque. Tandis qu’au niveau de la formation qualifiante, 66 apprenants en teinture et en électricité bâtiment ont été formés en 2014.

Au titre de la formation continue, le Centre a assuré la formation de 41 opérateurs et techniciens au Contrôle qualité dans l’industrie textile, à la préparation du coton dans une usine de filature, filage du coton dans une usine de filature classique et Classement automatique du coton fibre. C’était dans le cadre de la mise en œuvre du Projet d’Appui à la Filière Coton-Textile (PAFICOT) dans les quatre pays de l’Initiative Sectorielle en faveur du Coton (Bénin, Burkina, Mali et Tchad).

 

Dans le cadre de l’Agenda pour la compétitivité de la filière coton-textile de l’UEMOA, la Commission de l’UEMOA a décidé d’appuyer la filière coton de la sous-région, et le CERFITEX d’assurer une série de modules à 33 opérateurs et techniciens de nos sociétés cotonnières et unités textiles (du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée Bissau, du Mali et du Sénégal Guinée Bissau). Aussi, sur le financement du FAFPA, 199 agents, opérateurs techniciens des unités textiles des huileries ont reçu des formations à la carte dans leurs domaines de compétences respectifs.

 

Le Flambeau : Dans quelles conditions se déroule l’année académique 2014-2015 ?

Dr Moumine Traoré : L’année académique 2014-2015 se déroule dans de bonnes conditions. Le Conseil Scientifique s’est tenue et a validé le programme de recherche du Centre. En formation initiale, le Centre compte au total 235 étudiants et élèves dans les cycles master, licence, brevet de technicien et CAP dont 14 étudiants orientés par l’Etat Burkinabé. Un contingent d’étudiants des pays du C4 est envisagé avec beaucoup d’espoir pour la rentrée prochaine. En formation qualifiante, le Centre abrite aujourd’hui 80 apprenants. Les filières de formation sont le tissage, la maintenance électronique et l’installation photovoltaïque.

La première promotion de licence a terminé en novembre 2014 dont 6 diplômés en Licence de technologie textile et 15 diplômés en Licence de génie électrique et informatique industrielle. Le Centre a préparé et réussi son entrée dans le système LMD.

Le Flambeau : Qu’en est-il des recommandations de la 11ème session du Conseil d’Administration du CEFITEX ?

 Dr Moumine Traoré : À l’issue des travaux de la 11ème session, le Conseil d’Administration du CERFITEX a fait les recommandations ci-après : la soumission du projet d’achat d’un regularimètre automatique USTER TESTER 5 au Budget Spécial d’Investissement (BSI) ; la poursuite des démarches concernant le dossier d’inscription du CERFITEX au répertoire des consultants de l’ONUDI ; l’élaboration d’un business plan pour le CERFITEX pour les 5 prochaines années ; l’élaboration d’un plan de communication afin de mieux exposer les potentialités du Centre au public cible ; l’instauration d’une synergie de collaboration entre la COMATEX SA et le CERFITEX en matière d’analyses des eaux industrielles ; la réalisation de la mise en œuvre et le suivi du plan de formation de l’Office du Niger en collaboration avec le FAFPA ; la poursuite du processus d’accréditation des laboratoires en collaboration avec l’AMANORM. Etc. Chacune de ces orientations stratégiques sont déjà prises en charge et les meilleurs résultats seront atteints avant la fin de l’année 2015.

Le Flambeau : Quels sont les objectifs visés à court, moyen et long termes pour cette année 2014-2015 ?

Dr Moumine Traoré : A court terme le défi est de passer une bonne année scolaire, de réussir une bonne rentrée scolaire en octobre, de rechercher et trouver sur le marché de l’emploi les ingénieurs dont nous avons besoin, d’obtenir le financement du plan de développement du Centre, de finaliser et mettre en ouvre le business plan. Nos objectifs à long terme consistent à ériger le Centre en Centre d’excellence régional de l’UEMOA, amener le maximum d’étudiants de notre pays et de la sous-région à s’inscrire librement au CERFITEX, avoir de bonnes relations en termes de collaboration avec les universités et centres de recherche, être une réponse idoine aux problèmes de valorisation du coton et des textiles et être une structure de formation pour les industries sur la base d’un contrat plan avec l’État.

Le Flambeau : Quels sont les rapports entre le CERFITEX et ses partenaires notamment les autorités locales, l’U.S, les syndicats ?

 Dr Moumine Traoré : De notre point de vue, nos rapports avec toutes ses entités sont très bons. Avec les autorités régionales, nous avons les meilleures relations. Le Gouverneur est notre chef direct, nous obéissons à ses instructions et nous n’avons pas connaissance jusque-là d’avoir eu à lui causer de soucis. Je vous dirai la même chose du Président du Conseil régional, avec qui nous travaillons cordialement. Nous avons toujours bénéficié du soutien inestimable de toutes ces autorités et nous les en remercions. Pour ce qui concerne l’Université de Ségou (US), nous avons des relations de collaboration dans plusieurs domaines. D’ailleurs nous sommes en train de formaliser toutes ces relations par des conventions spécifiques.

Le Flambeau : Quelles sont les difficultés qui prévalent dans la gestion du CERFITEX et les solutions envisagées ?

 Dr Moumine Traoré : Il s’agit certainement des difficultés sur le plan de la gestion des formations et de la recherche. Malgré les difficultés léguées par les crises de ces dernières années, le CERFITEX continue de consolider ses acquis et d’améliorer ses performances. Nous avons obtenus des résultats positifs  et encourageants. Les difficultés structurelles sont à résoudre graduellement. Les projets globaux de développement du pays contribueront en partie à leurs résolutions. Pour notre part nous apportons une réponse à la gouvernance du Centre en améliorant quotidiennement l’ensemble de la gestion. Nous y sommes aidés par la tenue régulière des réunions des instances statutaires et les organes de contrôles.

Le Flambeau : Qu’en est-il du système LMD et de son application au CERFITEX ?

 Dr Moumine Traoré : Le Conseil scientifique du CERFITEX a recommandé au Centre de passer au LMD. Aussi le Centre a formé les enseignants au LMD. Des ateliers de formation ont été organisés au Centre sur la supervision des spécialistes de l’enseignement supérieur dont les Professeurs Salam DIAKITE et Ouateni DIALLO. Les enseignants ont participé aussi aux ateliers d’élaboration de programme de formation de l’enseignement supérieur. En 2011–2012, les licences ont effectivement démarré  au Centre avec la licence de technologie textile et la licence de génie électrique et informatique industrielle. Il n’y a pas de problème dans l’exécution des programmes de formation. Cette année, la première promotion de Master de technologie textile a démarré avec 7 étudiants dont 4 étudiants envoyés par l’Etat du Burkina Faso. La formation se passe bien.

Le Flambeau : Quels regards portez-vous sur le système d’Enseignement Supérieur au Mali ?

 Dr Moumine Traoré : Du reste, quant au regard que je peux porter en tant qu’enseignant sur notre système d’enseignement supérieur, je citerai Platon : « lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au dessus d’eux l’autorité de rien et de personne alors, c’est là en toute beauté et en toute jeunesse le début de la tyrannie ». Pour conclure que c’est la société qui définit le type d’homme dont elle a besoin, charge à l’école de le produire. L’enseignement supérieur est fils de l’éducation nationale. Dès que les autres ordres d’enseignement cesseront de produire suivant les taux de recrutement corrélés avec les taux de renvoi alors, nous pourrons mieux définir les mesureurs de nos systèmes d’enseignements. Hier, n’étions-nous pas performants ? Qu’est ce qui a changé aujourd’hui ?

Propos recueillis par

Fily FAINKE

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