Colonel à la retraite Youssouf Traoré : « Il revient aux décideurs de s’organiser, de travailler leurs méninges pour faire occuper cette jeunesse »

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Le Mali célèbre demain mardi 22 septembre, les cinquante cinq ans de son accession à la souveraineté nationale et internationale. Jeune officier fraichement rentré au pays, le colonel à la retraite Youssouf Traoré, un ancien du Comité Militaire de Libération Nationale,  ancien ministre de l’Information est en ce moment le président du parti Union des Forces Démocratiques pour le progrès (UFDP) « SAMATON » crée en mai 1991. Le retraité que nous avons rencontré n’est ni de la majorité présidentielle, ni de l’opposition.

 

Colonel Youssouf Traoré
Colonel Youssouf Traoré

Le Pouce : Vous avez assisté à l’accession du Mali à l’indépendance, que retenir et que dire à la génération montante ?

Youssouf Traoré :

« Ancien officier de l’armée française pendant plus d’une décennie, nous nous souvenons des circonstances dans lesquelles, le Mali a accédé à l’indépendance en 19960. J’avoue qu’à l’époque ce n’était pas facile, malgré le patriotisme et la ferveur révolutionnaire qui nous animaient. Il fallait avoir les moyens à sa disposition pour créer une armée. Nous autres jeunes rentrant fraichement des écoles de formation militaires avons du pain sur la planche, pour encadrer les jeunes recrues. Celles-ci devraient tout apprendre du métier du soldat. On n’avait aucun document pédagogique entre nos mains pour dispenser cette formation qui s’imposait. Fort heureusement, en venant de la France nous avons amené ces documents avec nous. Avec l’évacuation des bases françaises de l’époque, les français ont tout emporté ou tout brulé. Il n’y avait plus rien. Les uns après les autres, notre équipe s’est relayée à la tête des structures de formations des recrues. On collaborait avec des ainés commandant et colonel. Nous avons noté la volonté du RDA de politiser l’armée et la douane. Nos ainés, avec à leur tête le colonel Sékou Traoré, ont eux le courage de dénoncer la création des comités du RDA dans les casernes et de prendre en charge des officiers qui n’avaient reçu aucune formation professionnelle douanière. L’armée a continué et il est arrivé ce qui devait arriver. Comment relever le défi de notre armée ? Nous en sommes là. Depuis fort longtemps, il est question de la reforme. La première tentative en 2012 avec le CNDRE du capitaine Sanogo a échoué parce qu’il devait échouer. La reforme est de nos jours relancée. Le FDR dont on se souviendra toujours a proposé à ce que l’on fasse l’état des lieux. Je formule le vœu que la reforme de l’armée réussisse afin que l’on ne retombe plus dans le piège ».

Le Pouce : Quelle a été l’implication de nos forces armées dans le combat pour l’indépendance ?

Youssouf Traoré : « L’armée a joué un rôle fondamental. L’évacuation des bases françaises en 1960-1961 a été saluée comme une décision courageuse qui a donné place à une armée malienne digne de cette appellation et bénéficiant des coudées franches de toute la nation. L’effectivité  de cette armée était un acquis très important pour la nation et pour le démarrage de cette souveraineté dans la quiétude et dans la sécurité ».

Le Pouce : Et si on demandait de conter à vos petits- fils les 55 ans du Mali Indépendant ?

Youssouf Traoré : « Pour un pays comme le Mali, fier de son passé, je leur dirais que la souveraineté nationale et internationale n’a pas de prix. Ils doivent en être fiers. Cependant cela est sous tendue par un ensemble d’obligations, d’engagements responsables de tous les enfants du Mali. Leur responsabilité doit être assumée avec détermination. Un citoyen d’un pays indépendant ne saurait être un slogan creux. Ce citoyen doit travailler pour hisser le Mali sur le podium des plus grandes nations. La jeunesse doit s’atteler à réaliser avec détermination des actions positives. Elle doit s’inspirer des hauts faits des pères et autres cadres de l’indépendance. Il faut que le mérite soit récompensé. Il revient aux décideurs de s’organiser, de travailler leurs méninges pour faire occuper cette jeunesse. Des jeunes qui ne travaillent pendant des années deviennent des oisifs. Il revient aux autorités de remettre au travail toute cette génération ».

Le Pouce : Après cinquante cinq ans, est ce que vous êtes satisfait ?

Youssouf Traoré : « 55 ans, c’est beaucoup mais c’est très peu dans la vie d’une nation. Cette période a connu une évolution en dents de scie. Il faut en tirer les enseignements et faire son mea-culpa. Que chacun se demande pourquoi on est tombé si bas par moment ? Qu’est ce qui est arrivé ? Comment faire pour relever le défi ? Oui l’indépendance a été acquise. Force est de reconnaitre qu’elle ne suffit pas aujourd’hui. En cette période de démocratie, l’instauration d’un véritable Etat de droit est obligatoire de même que la saine distribution de la justice. Il faut lutter contre la misère, l’injustice, l’analphabétisme, la délinquance financière, devenue un système bien huilé au Mali. Pour avancer, il urge de combattre ces fléaux. Il est inadmissible que les uns travaillent et que  les autres se complaisent dans le détournement. A ce rythme, on n’avancera pas. Les resultats actuels ne nous donnent pas satisfaction. Les cadres chargés de la gestion des fonds publics sont à 80% de mauvaise moralité ».

Le Pouce : Quelle appréciation faites-vous de la menace de partition qui plane sur le Mali indépendant ?

Youssouf Traoré : « Les maliens font face à une menace extrêmement grave, celle de la partition de notre pays. Le peuple n’est pas d’accord et ne sera pas d’accord. Si cela devra arriver, il va falloir se battre et de façon bien organisée. L’armée doit jouer pleinement sa partition dans la préservation de l’unité du territoire et de l’intangibilité de nos frontières. Dans le monde, à ce que je sache aucune partition ne peut se réaliser à l’insu du peuple. Quelque fois , on va au referendum. Aujourd’hui, vous ne trouverez personne pour voter pour la partition du Mali. Le Mali ne sera pas divisé par qui que ce soit ».

Le Pouce : Que retenez-vous des deux ans de gestion du pouvoir de SEM Ibrahim Boubacar Keita, président de la République du Mali ?

Youssouf Traoré :  « On peut dire ce que l’on veut. Seulement sachez monsieur le journaliste, qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite. Je retiens que nous sommes sur le chemin du changement. A l’époque du FDR, nous avons tout fait pour que le Mali reste dans un cadre constitutionnel. Ceci pour que l’ordre constitutionnel soit respecté. On nous a accusés de tous les noms. Fort heureusement que le FDR était là. C’est cet ordre constitutionnel qui a permis l’accord de Ouagadougou, l’organisation des élections. Ce cadre est très positif avec des hauts et des bas. Il revient aux cadres chargés de la gestion de la chose publique de faire leur travail avec un esprit de responsabilité et de patriotisme afin de sauvegarder la chose. Trouvons la solution au gaspillage des deniers publics. Si cela est réalisé, le travail des maliens portera ses fruits ».

Le Pouce : Parlons de l’opposition qui a un chef de file ?

Youssouf Traoré : « C’est une très bonne chose. Au sein de la commission Daba Diawara, nous avons travaillé sur le sujet. On a élaboré des textes pour élaborer les conditions de travail de l’opposition. L’opposition est très utile dans une démocratie. Et il est bon de la traiter comme telle, afin d’en finir avec la pagaille. Je suis très content de l’effectivité de l’opposition ».

Le Pouce : On peut savoir vos attentes sur le travail de cette opposition ?

Youssouf Traoré : « Elle doit travailler à ce que la majorité corrige ses défauts. L’homme n’étant pas parfait, il y’a toujours ici bas, des défaillances. Sur le terrain, la majorité dirige et peut se planter. Il revient à l’opposition de dénoncer les déviances et les tares en vue d’une bonne gouvernance, gage d’un développement harmonieux et durable de la nation. L’opposition est très utile, si elle fait des critiques saines et constructives.  Elle ne doit pas être un outil de désinformation de délation ou de déstabilisation. Au jour d’aujourd’hui, nous voulons une opposition responsable et critique. Au temps du COPPO, nos avons animé l’opposition pour que la démocratie malienne avance. Malgré les matraques, les gaz lacrymogènes et la pression, nous ne regrettons rien en ce moment ».

Le Pouce : Avez un message en cette veille de fête ?

Youssouf Traoré : « A voir de près la situation dans laquelle évolue le Mali, il ya des remarques qui s’imposent. C’est pour la première fois qu’un pays bénéficie de la solidarité de la communauté internationale. Tout le monde est venu au chevet du Mali pour le sauver. Nous en sommes très fiers. Il revient en ce moment aux maliennes et maliens de serrer les coudes, de se parler, de se réconcilier, d’avancer ensemble et de trouver une solution à leurs problèmes. On vient nous aider. On ne vient pas nous remplacer. Ne dit-on pas « aides toi, le ciel t’aidera ». L’heure est à l’unité nationale, à la concorde. Si d’aventure ce régime venait à échouer, le Mali en ferait les frais. Les menaces qui pèsent sur notre indépendance, l’intégrité du territoire, sur la démocratie doivent nous amener à une union sacrée. C’est le Mali qui compte avant tout autre considération. Les menaces sont réelles et graves. Faisons attention. Soyons vigilants ? Écoutons-nous. Parlons-nous afin de sauver notre pays indépendant depuis maintenant 55 ans. A toutes et tous, le parti UFDP-SAMA TON souhaite un bon anniversaire et une bonne fête de tabaski ».

Entretien réalisé par Tiémoko Traoré

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6 COMMENTAIRES

  1. @ Sikasso,
    Je vais vous raconter un tout petit peu sur Youssouf Traore. Apres le coup d’etat en 1968, il ya avait uninfirmier d’état originaire de Sikasso du nom de Tiefing Kone. Tiefing etait le chef de la section RDA de Yanfolila. Apres le coup d’etat, la population s’est levee contre tout ce qui representait Modibo Keita (Paix a son Ame). Dans le but de proteger Tiefing Kone, Moussa Traore depecha Youssouf Traore a Yanfolila. Malheureusement, Tiefing avait deux femmes. La deuxieme etait nordiste de peau blanche et bien moulee. Youssouf en a carrement fait son deuxieme bureau au nez et a la barbe du pauvre Tiefing au’il etait sense allait proteger.
    C’est ça votre reference?

  2. Sikasso,vraiment tu ne connais rien sur youssouf traore (CmLN) pour dire qu il reference ,ton reference oui.c est bien lui youssouf bolokeleni qui a vole l or au palais dans LA journee du 19novembre 1968,c bien lui youssouf qui par sa mechante beaucoups d innocent (commissaire de police)sont alle mourir a kidal et taoudeni,c bien lui youssouf qui est alle dit au president modibo keita “on va t enferme a moribabougou dans ton champ (moquerie) .president modibo keita disait a son geolie soungalo samako ” youssouf traore est le seul qui ma manque du respect parmi Les putchistes pourtant j ai l age de son pere” …

  3. Sikasso,vraiment tu ne connais rien sur youssouf traore (CmLN) pour dire qu il reference ,ton reference oui.

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