Invité Afrique Modibo Sidibé: «Nous devons avoir au Mali un véritable choc de gouvernance»

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«La situation au centre du Mali me coupe le sommeil, mais je suis sûr que nous trouverons une réponse adéquate», a déclaré le 4 septembre 2016 le président malien Ibrahim Boubacar Keita. De fait, dans la région de Mopti, les attaques meurtrières de la rébellion se multiplient. Comment réagit l’opposition à Bamako ? Modibo Sidibé a été Premier ministre pendant quatre ans, de 2007 à 2011. En 2013, il s’est présenté à la présidentielle. Aujourd’hui, il préside les Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (FARE).

Voilà trois ans que le président Ibrahim Boubacar Keïta est au pouvoir. Quel bilan faites-vous de son action ?

Modibo Sidibé : Notre appréciation, c’est que ces trois ans n’ont pas du tout correspondu à ce qu’on attendait pour notre pays. Il n’y a pas eu de projets politiques, il n’y a pas eu de vision, donc de direction du pays. Par conséquent, tout ce que nous vivons aujourd’hui en tant que mauvaise gouvernance, c’est dû à cela. La situation n’a pas cessé de se dégrader dans le nord du pays, cela a atteint le sud du pays et l’est du pays, et maintenant cela s’étale lâchement dans le centre du pays.

Le limogeage du ministre de la Défense après les attaques de juillet-août-septembre. Est-ce que cela ne vous rassure pas ?

Comment être rassurés ? Ce n’est pas une question d’hommes, je suis désolé. Ce n’est pas une question d’hommes, c’est une question de vision. Combien de ministres se sont succédé au ministère de la Défense ? Combien de ministres se sont succédé dans d’autres départements ministériels ? Non, on a un véritable problème de vision, on a un véritable problème de direction de notre pays. Nous avons besoin d’un gouvernement qui fonctionne, un gouvernement qui n’est pas dans les affaires, mais un gouvernement qui est aux affaires.

Quand vous dénoncez un «gouvernement qui est dans les affaires», faites-vous allusion à la corruption qui pourrait avoir gangrené le sommet de l’Etat malien ?

Bien sûr. Comment voulez-vous comprendre que le lendemain de la prise de pouvoir, l’équipement de l’armée fasse l’objet d’autant de prédations. Comment voulez-vous qu’on déclare l’année 2014, année de lutte contre la corruption, alors qu’à l’arrivée, c’est l’année de tous les scandales. Il faut un véritable choc de gouvernance.

Alors vous dénoncez donc cette mauvaise gouvernance, mais quand vous étiez le secrétaire général du président Amadou Toumani Touré, puis son Premier ministre, est-ce que le régime de l’époque n’a pas laissé se développer les trafics en tout genre dans le nord du Mali, ce qui a provoqué l’énorme crise de 2012 ?

Je sais bien tout ce qu’on dit à ce sujet. Je ne sais pas en quoi les pratiques de gouvernance ont laissé se développer ce qui s’est passé là-bas. Ce qui s’est passé là-bas, c’est connu, c’est lié à une situation géopolitique. Et nous, nous disons simplement que sur la question du nord, il faut une refondation des institutions. Quant au blocage actuel concernant l’accord de paix, je le dis très clairement, il faut sortir du fétichisme de l’accord. Nous ne pouvons pas avoir l’accord pour l’accord, comme horizon politique pour le Mali. Il est nécessaire aujourd’hui que tous les dispositifs d’arrangement sécuritaire soient mis en œuvre dans le nord et dans le centre du pays. En faisant cela, il faut un souffle politique. Le souffle politique ne peut venir que d’une véritable discussion, d’un dialogue national véritable et refondateur. Et là, les réponses pour le nord, on les trouvera.

Donc ce que vous demandez, comme l’opposant Soumaïla Cissé, c’est une grande concertation nationale ?

Je ne dis pas exactement la même chose que Soumaïla Cissé pour la bonne raison que ça, c’est une démarche que les FARE ont promis dès le lendemain de l’arrivée au pouvoir du président Ibrahim Boubacar Keïta. Nous préconisons cela pour avoir un véritable projet politique partagé par l’ensemble des Maliens. Et c’est important qu’on se parle, qu’on soit dans un dialogue véritablement refondateur. Donc je ne dis pas la même chose que lui. Peut-être que c’est lui qui dit la même chose que nous, depuis le temps qu’on essaye de le répéter.

Ce qui est frappant dans les dernières attaques rebelles, à Nampala au mois de juillet et à Boni au mois de septembre, c’est que l’armée a détalé sans combattre. Est-ce qu’il n’y a pas un vrai problème au niveau de l’armée nationale malienne, que cette grande concertation que vous appelez de vos vœux ne règlera pas d’un seul coup de baguette magique ?

Il n’y a pas de refondation de nos institutions sans refondation de notre système de défense et de sécurité. Et c’est en parlant ensemble que nous pourrons la définir. Le diagnostic de la faiblesse ou des points forts de l’armée ne peut pas être simplement une question militaire. La défense, c’est la force de la Nation et la reconstruction qui est faite par l’EUTM, n’est pas une reconstruction, c’est juste pour permettre d’avoir des bataillons ordonnés pour que l’armée malienne tienne sa place dans le dispositif avec nos forces alliées.

Donc la formation des militaires européens de l’EUTM [European Training Mission], ce n’est pas la solution ?

Ce n’est pas la solution pour moi. J’ai dit, c’est comme un peu une espèce de transition parce que c’est vrai qu’il fallait reconstituer les choses, il fallait remettre des choses ensemble. Mais la vraie refondation va au-delà de cela. Mobilité, puissance de feu, renseignement, observation… nous devons voir quelles sont les capacités dont on a besoin.

L’arrivée au secrétariat général de la présidence, un poste que vous connaissez bien puisque vous l’avez occupé, d’un «sécurocrate» comme Soumeylou  Boubèye Maïga. Est-ce que cela ne vous donne pas satisfaction ?

Encore une fois, j’apprécie beaucoup toutes les qualités de mon frère Soumeylou Boubèye Maïga. Il est certainement peut-être bien «sécurocrate». Mais dois-je répéter encore, ce n’est pas une question d’homme. Nous sommes en présence de gouvernants qui sont en panne de vision. Ils n’ont pas de projet. J’apprécie que dernièrement ils ont fini par parvenir au fait qu’il faut un vrai dialogue national tel que nous le demandons, pas cette chose qui pourrait servir comme une espèce de catharsis seulement. Un vrai dialogue national.

Donc pour vous, le grand rendez-vous à venir, c’est la présidentielle de 2018 ?

C’est un grand rendez-vous certainement pour notre pays et notre peuple. Mais il est clair que nous nous préparons à constituer des regroupements comme un nouveau pôle politique. Nous nous préparons à ce qu’il y ait un projet alternatif crédible dans une démarche à long terme et structurante, qui n’est pas calée sur des politiques de courte vue. Nous ne voulons pas de politique, excusez-moi, à effet de manche ou à effet d’aubaine. Les Maliens n’ont pas besoin de ça. Et nous disons très clairement, ceux qui pensent que, par le jeu de projets de loi ou d’une réforme électorale, ils pourraient empêcher certains candidats d’être là, ils ont intérêt à changer de stratégie parce que rien ne nous dissuadera d’être là et de répondre aux préoccupations des Maliens et de notre pays. Si vous dites : rendez-vous en 2018, je dis oui pour 2018. Inch’Allah !

Source : RFI

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11 COMMENTAIRES

  1. Les maliens ont vu Modibo a l’oeuvre et lui et son president ATT ont presque achevés le Mali en tant que nation. J’ai beaucoup de pitié pour mon pays en voyant des politiciens du genre de Modibo conquerir le pouvoir encore.

    Je meprise la façon dont IBK dirige ce pays;mais je prie Dieu qu’il epargne le Mali de Modibo Sidibe car on en a assez souffert en son temps.

  2. Comrades to put what is needed in a few words is to acknowledge Mali Needs A Monster Who Cares. Here I Am. Keep it real. Very sincere, Henry Author Price Jr. aka Obediah Buntu IL-Khan aka Kankan.

  3. le vrai home politique c est lui? mODIBO EST UN HOMME FORT humble et qui a compris que ces qui sont au pouvoir ne sont rien et que plus tu les respectes plus ils te consident pas regarder comment amadou goita ou koita qui les insulte est avec eux , ils ne connaissent pas la valeur des gens qui se respectent donc mon pre il faut commencer a etre au front nous te soutenons vive MODIBOOOOOOOOOOO? VIVE MODIBO
    TONTON ON EST ENSEMBLE , ce n est qu une question de time. MAIS IL FAUT QU ON SE PREPARE PLUS POUR NE PAS PRENDRE LE POUVOIR COMME CES AMATEURS
    SOLO

  4. Ce n’est pas Modibo qui est aux affaires. Ceux qui y sont, ont montré leurs limites. C’est un régime corrompu qui se trouve être à la tête de notre pays. Modibo est dans son rôle d’opposant, et il s’oppose à ce qu’il voit, qui ne va pas dans le bon sens pour nous tous. IBK est une tache noire dans l’histoire de ce pays. Comment se fait-il, qu’un homme comme lui, qui a occupé les fonctions les importantes dans ce pays, n’ait pu accumuler assez d’expériences pour gouverner. Ce qui prouve que pendant tout le temps qu’il est resté aux affaires, il ne s’occupait pas d’acquérir des compétences, mais de s’enrichir. Et, voilà qu’au sommet de l’état, il s’est plombé. On appelle ça, être un tchouné. L’homme ne vaut simplement rien du tout. Un incapable est un incapable. Même si vous attachez le coran sur le pied de l’âne, il ne battra pas le cheval à la course. Priez Dieu pour nous défaire de ce vieux bourricot de malheur qui risque d’entraîner notre pays vers la partition, vu ses accointances avec les bâtards de la CMA qui, subitement, sont devenus fréquentables.

    • Et voilà un autre vampire de nos politicards requins, crocodiles, coyotes, loups, rapaces, ,vautours, anacondas comme les autres qui Nous des charabias encore.
      Depuis AOK a IBK en passant par ATT qu’avez vous fait a part voler, expproprier, abuser, vous enrichir Sous LE Dos Du contribuable etc…
      Pouvoir et Opposition sont du pareil au même. Quand ils sont les bonnes sauces personnes ne dit mot pour le bonheur du peuple et quand qu’ils sont a la touche voilà qu’ils sortent tous les bons pour le peuple.
      Ahhhhhh ces marionnetistes du peuple malien.
      Pauvres de Nous depuis 56 ans les mêmes salades.

  5. …..Ntchchchchch que des conneries de mots que dit Modibo.
    Le choc c´est quoi pour lui ?

  6. Merci Sikasso,
    Ils Nous prennent des cons. Quand ils sont dans l’opposition ils font les marabouts comme si le peuple est le 1er souci. Et quand ils deviennent president , ministre etc… ceux sont eux en premier et son famille.
    Nous sommes alles de mal en pire pire pire de GMT a IBK en passant par AOK et ATT. Et pourtant ils etaient tous ces politicards vampires dans toutes les sauces.
    Quest quils font depuis plus 50ans a part voler, expproprier ,abus , detourner nos fonds et derniers publics et aussi privés.
    Des ecrocs, requins, crocodiles, coyotes, loups, vautours, rapaces, anacondas et vampires.

  7. Bero Franchement ce que vous dites est bien dit, j aimerai savoirreellemnt si Modibo avait dit ça a IBK, franchement il ne doit pas avoir le complexe d etre trainer par soumeila , nous on doit dans ce parti travailler et faire un parti costo pour prendre le pouvoir et demontrer que dans ce pays il y a des gens qui ne peuvent faire comme avant ils ont été au pouvoir mais jamais comme dit notre president ils ne se sont melés dans les affaires. JE PENSE que notre president a dirigé il ne doit pas avoir honte de cela il doit faire table raz des defauts et trancender cela pour demontre a ce peuple vaillant qu il aime tant a fin besoin des gens qui ont de la rigueur pas comme ma famille d aord, Modibo le moment est venu pour dechirer les tabaouts s imposer. merci Bero j esperque tu es du parti si c est pas le cas les portes snt ouvertes.
    CHEICK

  8. Je pense que Modibo Sidibé non plus n’a pas de vision.
    Que nos charognards aient pitié de nous,il ne nous reste que les os.
    Faites autres choses ex-dirigeants,vous aviez eu votre part de gâteau mali.

  9. Le prince qui veut n’ avoir pas à dépouiller ses sujets pour pouvoir se défendre, et ne pas se rendre pauvre et méprisé, de peur de devenir rapace, doit craindre peu qu’ on le taxe d’ avarice, puisque c’ est là une des mauvaises qualités qui le font régner.
    Modibo est un homme de valeur, je pense qu’il doit maintenir le cap de cette interview maintenant il doit se dire clairement qu’il doit complétement faire la politique mais vraiment la politique, Modibo est un homme de valeur il n a rien à prouver envers Cissé Soumeila , j’ai assisté a distance a sa rencontre avec IBK au deuxième tour de l’élection de 2013, de façon claire , il a dit a IBK qu’il ne pouvait plus changer d’avis car avec soumeila ils avaient decidé de supporter entre eux celui qui serait au deuxième tour et qu il ne pourrait jamais changer d’avis, cela aurait plu dans une certaine mesure à IBK qui aurait dit a des gens, ‘au moins il est clair!
    Modibo si Soumeila ne veut pas etre président toi tu dosi bouger car on devient pas PRÉSIDENT PAR PROCURATION COMME prétendrait SOumeila souhaiterait c ‘est pour cela qu’il est dans cette posture de”opposant responsable” Nous disons a Modibo que c est mainteant et tout de suite que les choses se préparent pour prendre le pouvoir et foutre dehors la désespérance et en fin nous lui disons en toute amitié que” tous les prophètes armés ont triomphé et les prophètes non armés succombèrent tous”
    Bero

    • Il y a certains de ces opposants que je veux plus entendre parler car voulant coût que coûte rester dans les girons du pouvoir, crient pour un poste. Certains de mes camarades de l’UNEEM qui n’arrivent, par ailleurs aussi jamais à se défèrent du style estudiantin. Je vous prie camarades, c’est Lénine du Lycée Technique (MTGC) qui vous prie d’aller du côté syndical que politique. Car la politique demande une très grande souplesse. J’ai presque dirigé toutes les marches en 1979 sans me faire voir qu’une fois au balcon du LT où je prédisais l’échec de la grève…

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