Kofi Annan sur RFI: «La question des drogues est en train de déchirer certains pays ouest-africains»

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Kofi Annan

Kofi Annan vient de lancer la Commission sur l’impact du trafic de drogue sur la gouvernance, la sécurité et le développement en Afrique de l’Ouest, qui est présidée par l’ex-président nigérian Olusegun Obansanjo. La Commission est créée par la Fondation Kofi Annan, en consultation avec des partenaires internationaux et régionaux, des gouvernements nationaux et des organisations de la société civile. Pourquoi cette commission ? Quels moyens a-t-elle pour lutter contre le narco-trafic ? L’ancien secrétaire général des Nations unies répond aux questions de Marie Casadebaig.

RFI : Pourquoi cette commission ? Il existe déjà des organisations qui luttent contre le trafic de drogue. C’était insuffisant, selon vous ?

Kofi Annan : Non, je crois qu’il y a des efforts, mais ça a joué un rôle catalytique, pour donner, si vous voulez, une impulsion sur cette affaire. J’estime que c’est très important, parce que la question des drogues est en train de déchirer certains pays ouest-africains, particulièrement la Guinée Bissau. Mais il y a d’autres pays qui sont impliqués. Il y a aussi un lien avec ce qui se passe au Mali.

Avant de revenir sur le Mali, est-ce que vous pouvez nous expliquer comment va fonctionner cette commission ? Qu’est-ce qu’elle a de particulier ?

Ça représente l’Ouest-Afrique. Il n’y a pas seulement le président Olusegun Obansanjo, il y a Pedro Pires [ancien président du Cap-Vert, NDLR], il y a Gilbert Houngbo, qui était le Premier ministre togolais, il y a des jeunes de la société civile, parce qu’on arrive à toucher tout le monde. Ce n’est pas un problème qu’on peut confier au gouvernement seul ou bien aux politiciens. Tout le monde doit s’impliquer.

Ils vont étudier les choses, on va leur soumettre des rapports et puis ils vont nous suggérer certaines actions à prendre. Mais j’espère qu’avec la lumière que la Commission va montrer, les gouvernements ouest-africains vont s’impliquer davantage. Il y a énormément de travail à faire, mais pas seulement pour les gouvernements ouest-africains, l’Amérique également, et l’Europe. Parce que nous sommes dans cette affaire ensemble.

Puisque l’Afrique de l’Ouest n’est qu’une étape ?

Oui, oui… Et on a déjà sorti des rapports sur les drogues en Amérique Latine, et puis il y a eu un « drug global ».

J’imagine que la difficulté de la Commission et de tous ceux qui luttent contre le trafic de drogue, c’est de travailler aussi avec les pouvoirs, qui sont parfois complaisants avec les trafiquants…

Absolument. Je crois que c’est important. Mais je ne peux pas dire grand-chose là-dessus. J’attends le rapport de la Commission. Mais effectivement, on doit trouver un moyen pour traiter avec les pouvoirs qui sont parfois complaisants, qui parfois même, travaillent et facilitent les trafiquants.

Mais comme je le disais avant, ce n’est pas un problème seulement pour l’Afrique. C’est tous les Etats-Unis et l’Europe. On doit aussi les encourager à prendre contact avec des dirigeants de l’extérieur.

Dans l’intitulé même de votre commission, vous faites le lien entre trafic de drogue et sécurité. En quoi le narcotrafic a un impact sur la sécurité d’un pays ? Vous parliez tout à l’heure du Mali…

Il y a un lien entre les groupes criminels et les trafics de drogue. Ça implique beaucoup d’argent. Ils arrivent à corrompre les forces sécuritaires et parfois même judiciaires.

Le trafic de drogue permet le financement de groupes armés ?

C’est ça.

Est-ce que la crise malienne à laquelle on assiste en ce moment est un exemple concret pour vous, de ce lien entre trafic et déstabilisation ?

Oui, c’est un exemple, parce que c’est clair, d’après les recherches que les gens ont fait, que les trafics passent souvent par le Sahel pour aller en Europe. Donc, le trafic de drogue, le trafic de cigarettes, les prises d’otages, tout ça fournit l’argent. Avec l’argent, ils arrivent à corrompre les gens de la sécurité, les politiciens parfois.

À propos de la crise malienne, est-ce que vous pouvez nous donner votre avis sur l’intervention française ?

Je soutiens l’intervention française, parce que les troupes ouest-africaines qui sont en train de se préparer pour se déployer n’étaient pas prêtes. Et je crois que l’action que la France a pris les a obligés à accélérer leur propre déploiement et a freiné la marche des rebelles. Et je crois que c’est une bonne chose. Mais évidemment, c’est très important que les troupes africaines arrivent le plus tôt possible pour concrétiser les gains et stabiliser la situation.

Alors justement, comment imaginez-vous la suite ? La France va-t-elle devoir rester un temps au Mali, ou selon vous, doit-elle s’éclipser rapidement au profit, justement, des troupes ouest-africaines ?

Les troupes ouest-africaines doivent prendre la relève, avec un soutien, si c’est possible, de la France et d’autres pays.

 

RFI

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6 COMMENTAIRES

  1. Il s’ennuie Anan depuis son échec en Syrie où devant l’intelligence politique de Al Assad, il a jeté l’éponge! Ici il fait des appels du pied pour une reprise de service négro-maçonnique au profit des intérêts néocoloniaux occidentaux en Afrique. Seulement, le problème est que dans cette affaire, les Maliens eux-mêmes font très bien la vente et le service après-vente de la prostitution de la Nation à l’Otan-UE-USA-FMI-BM et autres multinationales du grand capital. N’oubliez pas patriotes africains, que c’est sous l’égide onusienne de ce forestier aux ordres – tout comme ces chacals du djihado-wahhabisme- que l’Irak, le Soudan, la Somalie, le Rwanda, l’Ethiopie, la Libye, la Côte d’Ivoire…ont été saccagés ou démembrés en tant que nations et Etats au profit des prédateurs occidentaux.

  2. le Maroc est le premier producteur de Cannabis au monde et c’est lui le principal exportateur à travers le Sahel. Il contribue directement au financement du terrorisme dans cette région.

  3. le traitre de l’afrik s’est trouve un autre point de chute pour glaner l’argent des organisations internationales? Voici des “intellectuels” dont l’afrik pouvait bien se passer. des truands de grande echelle. Ou est l’argent vole a Sadam?

  4. Ce type n’a jamais ete viable! On parle de lutte contre le terrorisme .. Lui Koffi parle de drogues! Parole deplacement et malintentionnee…

    • Si vous avez quelque chose contre lui, dites-le. Mais il sait de quoi il parle. Ce qui n’est pas encore étalé au grand jour mais qui pourrait constituer une bombe doit être circonscrit et combattu. C’est un combat d’avant-garde qui se mène ici. Il y a un qui disait que ces problèmes sont connexes. Vous devez percevoir leur lien au moins.

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