Mohamed Oumar Traoré, Segal Cnosm : “Nous sommes fiers de prélever 25 % sur les projets pour financer les sports non olympiques”

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Le Comité national olympique et Sportif du Mali (Cnosm) a organisé son assemblée générale ordinaire (Ago) le samedi 1er juillet 2017. En marge de cette rencontre, nous avons eu un entretien avec le secrétaire général du Comité national olympique (CNO) autour de certaines questions importantes comme les fonds alloués par la Solidarité olympique et le sponsoring. Dans cet entretien, Mohamed Oumar Traoré (également président de la Fédération malienne de tennis), a abordé ces sujets sans langue de bois. Interview !

 

Le Reflet : Le Cnosm a récemment été victime d’une campagne de dénigrement par rapport notamment à la gestion des fonds alloués par la Solidarité Olympique. Comment ce fonds est-il géré ?

Mohamed Oumar Traoré : Je pense qu’il est nécessaire de faire la genèse de ce fonds. Les Comités nationaux olympiques (CNO) sont financés à partir du Comité international olympique (CIO). Ce fonds est destiné aux CNO, mais gérés par la Solidarité olympique. Et il est mobilisé à partir des projets que nous initions avec nos fédérations nationales pour leurs activités. Pour le dernier programme quadriennal (2012-2016), nous avons initié une vingtaine de projets avec un taux d’exécution de 100 % aux bénéfices des fédérations nationales sportives et de nos commissions de travail. Au niveau des fédérations de sport d’équipe par exemple, depuis que je suis secrétaire général, cette subvention est octroyée au basket. Et c’est 100 000 dollars. Vous pouvez faire des investigations au niveau de cette fédération si le Cnosm a une fois prélevé un centime sur cette somme versée sur quatre ans.

 

Le Reflet : Qu’en est-il des bourses olympiques ?

Mohamed Oumar Traoré : Les bourses olympiques sont octroyées à notre demande et en partenariat avec les fédérations à qui les athlètes bénéficiaires “appartiennent”. Le Cnosm les utilise juste quand ils sont qualifiés ou invités pour les Jeux olympiques. C’est à partir de là que nous les prenons en charge pour la préparation et pour la participation aux Jeux.  C’est cela notre mission.

Mais, en amont, la Solidarité octroie des bourses aux athlètes qui sont performants et susceptibles de se qualifier pour les Jeux. Ainsi, nous voyons avec les fédérations (5 à 6 fédérations) les athlètes performants et susceptibles d’atteindre les minima et de briller aux JO. Les athlètes bénéficiaient de cette bourse sur deux ans, mais ce sera maintenant sur trois ans. Elle est octroyée à un athlète pour le transport, les perdiems… Ces bourses sont versées à 100 % aux athlètes concernés soit directement, soit via leurs fédérations. Nous ne prélevons pas un centime sur le montant de la bourse.

 

Le Reflet : Existe-t-il d’autres projets ?

Mohamed Oumar Traoré : Bien sûr qu’il y a d’autres projets comme “Sport et environnement”, “Femmes et sport”… qui sont portés par le Comité olympique car dédiés au développement de ses activités. Nous disons aux commissions de prendre 75 % pour exécuter le projet. Et il est clairement indiqué que les 25 % restants sont destinés aux fédérations nationales sportives non olympiques pour financer leurs activités.

Il s’agit, entre autres, des fédérations du jeu de dames, du jeu d’échecs, de pétanque… Et il n’y a pas longtemps celles du taekwondo et du karaté figuraient dans ce lot. Et cela parce que nous sommes Comité national “olympique et sportif”. Toutes ces fédérations sont donc gérées au niveau de notre CNO car nous finançons leurs activités.

En 2016 (du 19 septembre au 3 octobre), le Mali a abrité le 17e Championnat d’Afrique des nations senior individuel masculin. Et cet événement a failli être reporté voire annulé à 5 jours du début parce que le budget n’était pas entièrement réuni. Et c’est naturellement au Cnosm que cette fédération s’est adressée et nous lui avons octroyé 5 millions de F CFA pour qu’elle puisse organiser cette activité.

Si on avait appris que cette fédération a renoncé à l’organisation d’un championnat d’Afrique à 5 jours du début des compétitions faute de financement, cela aurait posé un problème. Et pas pour la seule Fédération malienne du jeu de dames, mais pour l’ensemble du sport malien voire l’Etat malien. Cela allait entacher la crédibilité de notre pays et écornée son image.

Pour ce genre de financement, nous n’avons pas de budget au niveau de la Solidarité olympique. Mais, nous réussissons à le faire grâce aux 25 % prélevés sur l’exécution des projets de nos commissions de travail. Si ce n’est le président Habib et d’autres membres du Comité exécutif qui mettent la main à la poche.

Cette initiative, au départ, découlait du constat déplorable de l’état lamentable dans lequel se trouvaient les terrains d’entraînement de plusieurs clubs d’élite du pays. Une situation inconcevable pour le président Habib Sissoko. Et il nous a demandé de réfléchir à un mode de financement pour au moins gazonner lesdits terrains.

Ainsi, les 25 % prélevés au début ont servi à gazonner les terrains du Djoliba, de l’AS Réal, du Stade malien de Bamako, du COB, de l’Asko, les Onze Créateurs. Et cela à hauteur de 12 à 15 millions de F CFA par terrain.

Comment mobiliser de telles sommes qui ne tombent pas du ciel ? C’est donc à travers cette idée de solidarité nous relevons ce genre de défis. Voilà ce qui a été l’Alpha et l’Oméga de cette initiative permettant au Cnosm de réellement impulser le développement du sport en apportant son appui à toutes les fédérations sportives nationales.

Je le dis haut et fort, et je n’ai aucune honte à le dire, le Cnosm procède à une retenue de 25 % sur les projets de ses commissions de travail pour financer les sports non olympiques. Nous sommes très fiers de cette initiative de notre président à laquelle nous avons totalement adhéré. On ne l’a jamais caché parce que nous sommes fiers car cela contribue au développement du sport national et à rehausser l’image du Mali en dehors des arènes olympiques.

 

Le Reflet : En tant que président de fédération (tennis) et manager du sport, pensez-vous que le sponsoring initié par le Cnosm avec Sotelma/Malitel aujourd’hui avec PMU-Mali a un impact réel sur les activités sportifs au Mali ?

Mohamed Oumar Traoré : Je pense que les fédérations sont bien placées pour le dire. Et Dieu sait que tous les jours nous recevons des témoignages éloquents dans ce sens (à la fin de l’Assemblée générale, les fédérations sportives nationales ont témoigné leur reconnaissance au Cnosm et à ses partenaires que sont Sotelma/Malitel et PMU-Mali, Ndlr).

Il faut rappeler que le sport, au niveau des activités nationales, n’était financé que par des mécènes. Je dis biens des mécènes et non des sponsors. Donc par des gens comme nous, comme le président Habib Sissoko, comme les responsables des clubs, comme ces bonnes volontés qui parrainent les compétitions de masse dans nos quartiers et dans nos villages.

Mais, ce n’est pas suffisant parce que les gens ont leur limite. L’Etat, dans la mesure de ses moyens, le fait aussi. Il subventionne (entre 4 et 5 millions de F CFA) ainsi les fédérations pour leur permettre d’organiser le championnat national et la coupe du Mali. Si cette subvention est importante pour certaines, pour d’autres elle ne suffit pas à grand-chose.

Ainsi, depuis une quinzaine d’années, le Cnosm mène la réflexion pour mobiliser des financements additionnels pour le sport malien. Cela était une priorité pour le Cnosm, notamment le président Sissoko à qui ce mérite revient. Dieu faisant bien les choses, Noureddine Boumzebra est arrivé au Mali en 2009 comme directeur général de Sotelma/Malitel. Et quand nous l’avons approché, il a été très réactif à notre demande de partenariat.

Il nous a dit : “Au Maroc nous sommes conscients de l’importance du sponsoring… La Fédération malienne de tennis a signé un contrat avec l’un de nos concurrents et cela nous a fait vraiment mal. Nous n’allons donc pas laisser cette opportunité nous échapper au Mali” ! C’est ainsi qu’est parti ce partenariat.

Le président, dans sa clairvoyance, à penser à associer les fédérations à ce partenariat et notre partenaire a adhéré à cette proposition d’autant plus que la visibilité du sponsor ne reposera plus sur le seul Comité olympique, mais aussi sur les fédérations sportives nationales. En retour, nous veillons scrupuleusement à assurer une visibilité à notre partenaire Sotelma/Malitel dans toutes nos activités sportives et extra-sportives.

Au départ, elles étaient 13 fédérations et aujourd’hui elles sont 15 à bénéficier de ce sponsoring. Et toutes les fédérations qui sont dans ce contrat de sponsoring organisent chacune au minimum 8 activités par saison, en dehors du championnat national et de la coupe du Mali. Avant ce partenariat, organiser seulement le championnat-coupe du Mali était un souci pour presque toutes les fédérations. Chaque semaine, il y a au moins une activité sponsorisée à la télévision, sur les radios ou dans les journaux.

Ce dynamisme a séduit d’autres sponsors et quand nous avons frappé à la porte de PMU-Mali, cette société n’a pas hésité.  Et ce sponsoring est totalement open, c’est-à-dire qu’il est ouvert à toutes fédérations sportives nationales affiliées au Cnosm et même au-delà. Ainsi, nous avons équipé (mobiliers, matériels informatiques…) toutes les fédérations qui ont été dotées d’un siège par l’Etat. Mieux, nous leur accordons également une subvention administrative pour leur fonctionnement.

Voilà ce que représentent, entre autres, ces partenariats en termes de retombées. Sans doute que les fédérations ont aussi leur vision de  l’impact de ces partenariats sur leurs disciplines. Ce qui est sûr la transparence est une exigence dans tout ce que nous faisons.

Malheureusement, c’est facile d’accuser et dénigrer juste pour nuire et ternir l’image d’un responsable où d’une organisation comme le Cnosm dont la crédibilité est louée non seulement par les autorités nationales, mais aussi niveau d’autres organisations olympiques comme l’Acnoa et le CIO.

Propos recueillis par

Moussa Bolly

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