Après la signature de l’accord d’Alger : Série d’attaques dans le pays

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Des soldats du MNLA
Des soldats du MNLA (photo archives)

Depuis vendredi dernier, jour de l’acte, les rebelles-terroristes-djihadistes n’ont marqué aucune pause dans les actes de violence perpétrés contre les populations pour imprimer leur refus de signer l’Accord et montrer sans doute que, sans eux, celui-ci est quasiment nul et non avenue. Pendant ce temps, le gouvernement, jadis très prolixe en communiqués de condamnation, reste muet comme carpe et laisse le champ libre aux rebelles. Chronique d’une semaine infernale !

De Tombouctou à Kidal, les populations maliennes ne dorment plus que d’un œil depuis la signature de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali le vendredi 15 mai 2015. Et pour cause : la recrudescence de la violence dans le nord du pays et même à Bamako. Jamais, dans l’histoire de la rébellion malienne, les attaques ne se sont autant succédé. Au jour le jour, les rebelles laissent des traces dans une localité bien déterminée. Ils ont quasiment quadrillé le nord du pays et poussent leur audace jusque dans des coins proches de bases militaires des Fama. Les preuves :

Le vendredi 15 mai, pendant que la crème des dirigeants africains et des personnalités du monde entier honoraient de leur présence la cérémonie de signature de l’Accord, les rebelles réchauffaient les combats dans les environs de Ménaka. La Cma s’en prenait aux forces patriotiques (Gatia), désormais protectrices de Ménaka. Les combats, qui se sont poursuivis le samedi 16 et dimanche 17 mai, auraient faits 32 rebelles tués contre 6 combattants de la Plateforme.

Durant le même week-end, le Mnla aurait exécuté 3 passagers d’un camion à Ber, non loin de Tombouctou. Ber est depuis un an la chasse gardée des rebelles du Mnla qui préparent plusieurs attaques à partir de là.

Toujours les 15 et 16 mai : attaque de la localité de Bintagoungou, cercle de Goundam. Là, les séparatistes agressent les habitants pour soutirer sous la menace des informations et affolent les populations, pillent les boutiques et les magasins, enlèvent des motos et des véhicules ainsi que des gens soupçonnés d’appartenir au mouvement d’autodéfense Gandokoye.

Dans la même mouvance, le 16 mai, dans les environs d’Almoustarat (région de Gao), un véhicule-suicide a attaqué un convoi de la Minusma, faisant un blessé léger.

Le dimanche 17 mai, des hommes armés ont blessé par balles deux habitants dans le village de Tamachkoyt, commune de Tonka, cercle de Goundam.

Dans la foulée, les bandits armés ont pillé des boutiques à Tin-Aïcha et enlevé un dizaine de personnes soupçonnées d’appartenir à Gandakoye.

Le lundi 18 mai, une dizaine d’hommes armés ont fait irruption dans le village de Zorho Djindè. Les villageois ayant fui avant l’arrivée des assaillants, aucune victime n’est à déplorer. Cependant, cinq maisons et huit tonnes de céréales ont été brûlées.

Le 18 mai aura été particulièrement douloureux. Notamment avec l’attaque de Bambara Maoundé, sur l’axe Tombouctou-Douentza où des hommes armés ont attaqué un point de contrôle des Forces armées maliennes. Trois soldats des Fama ont été tués, un autre ainsi qu’un civil ont été blessés durant cette attaque. Une délégation officielle de Tombouctou s’est rendue sur place. Les blessés ont été évacués, les militaires tués inhumés. Les responsables de la Cma ont revendiqué l’opération.

La Minusma visée à Bamako

Ce n’est pas tout pour ce maudit jour du 18 mai : la ville de Hombori assiégée, pillée, avant d’être libérée, par les hommes de Hamadoun Kouffa, guide du Mouvement de libération du Macina.

Le lendemain, mardi 19 mai, des combats entre les combattants de la Cma et ceux du Gandakoye ont eu lieu à Arbichi, localité située à une dizaine de kilomètres du cercle de Gourma Rharous, dans la région de Tombouctou. Aucun bilan n’a été rendu public.

Enfin, hier 20 mai, Bamako entre dans la danse, révèle un communiqué de la Minusma. « Ce matin, aux environs de 02h30, un homme armé a tenté de mette le feu à un véhicule de la MINUSMA garé devant la résidence de plusieurs de personnels militaires de la Mission dans le quartier du Faso Kanu à Bamako. Avant de prendre la fuite, l’attaquant a tiré sur le gardien qui a été blessé, sur la maison, ainsi que sur les voitures de la MINUSMA garées et toutes clairement identifiées « UN », causant des dommages matériels », annonce ce communiqué. Qui poursuit : « Alertée, la Police Malienne s’est déployée sur les lieux avec la sécurité de la MINUSMA pour mener les investigations initiales. Une équipe d’UNMAS, le service anti-mine de la MINUSMA, a été chargée de neutraliser deux grenades non explosées retrouvées sur place. Le gardien a été transporté à un hôpital pour recevoir les soins nécessaires ».

Face à cette recrudescence de violence, la Minusma rappelle l’impérieuse nécessité du maintien du cessez-le-feu au Mali et met tout en œuvre pour assurer la protection des populations civiles dans la limite de ses capacités. « Comme déjà annoncé à plusieurs reprises par le Conseil de sécurité, les responsables de ces violations devront répondre de leurs actions et s’exposent à des sanctions », conclut le texte de l’organisme onusien.

Un peu plus tard dans la journée, c’est Tim Hama, commune située dans le cercle d’Ansongo et habitée par des Daoussahak qui ont prêté allégeance à la Cma, qui essuie les tirs des rebelles de la Cma.

Que nous réserve la journée d’aujourd’hui ? Seuls les rebelles de la Cma le savent.

De notre côté, ce que nous savons, c’est que le gouvernement reste curieusement muet depuis cette recrudescence de la violence alors que, en amont de la signature, il excellait dans les communiqués de condamnation des attaques. De jours comme de nuit, la télévision nationale était bombardée de communiqués, si ce n’est un ministre qui était sur le plateau. Les autorités ont-elles perdu pied à cette phase très cruciale de l’histoire qui impacte l’avenir du pays ?

Sékou Tamboura

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4 COMMENTAIRES

  1. Imaginez un instant que des rebelles de la Corse prennent les armes et que des forces européennes et onusiennes viennent cantonner l'armée française et l'accusent de violation de droits humains quand elle gagne une bataille et célèbrent au contraire les victoires des rebelles pour justifier des négociations obligatoires! Les patriotes maliens ont clarifié les enjeux et montré la voie de sortie de crise depuis 2012. Il suffit pour cela de lire les déclarations l'Alliance des démocrates patriotes pour la sortie de crise.

    Comment une diplomatie nationale peut-elle fouler aux pieds les principes fondamentaux de la négociation et se mettre à table avec des criminels agissant clairement contre l'existence du Mali? Comment agir en bouffons de cirque pour signer des documents soit disant de paix que le protagoniste et criminel MNLA refuse? Le show de ce cirque ne devrait jamais figurer dans les archives de la République du Mali.

    Les communiqués gouvernementaux et onusiens d'indignations et de condamnations des actes criminels des rebelles ne suffisent pas au peuple malien. Le peuple malien est violé dans sa dignité et son intégrité. Cela ne peut faire l'objet de négociations avec qui que ce soit.

    Le Président du Mali et sa cour ont failli. Au peuple et à son armée de se défendre et de forger son avenir. Debout, partout, debout pour mettre dehors toutes les forces étrangères et mettre fin aux crimes contre le peuple malien. Chaque citoyen malien doit se comporter désormais en soldat.

  2. Hé! Où est CHOGUEL KOKALA ? Il a perdu la voix après le semblant de signature de l’ accord du 15 mai. N’a t- il pas été informé sur les atrocités de la CMA à TINAHAMA et à MENAKA après l’ accord, hier seulement?
    Pense – t – il que son objectif est atteint?
    Ha! Ha! que la communication gouvernementale n ‘est pas un boulot aisé !

  3. L’armée accusée d’avoir éxécuté 9 personnes à Tin Hama ou de la distraction stratégique ! que Michel Collon, journaliste, essayiste belge, fondateur du collectif indépendant Investig’Action, qualifierait de média-mesnsonges.
    RFI, France, J…, toute la presse française se relayent l’info sur les affrontements d’hier à Tin Hama où l’armée a eu une fois de plus, « une fois n’est pas coûtume » le dessus sur des bandits armés. Ces médias et les battus parlent même d’ouverture d’enquêtes par des organisations compétentes !
    Si on nous avait habitué jusque là á multiplier la valeur d’une vie occidentale par 3 africaines, on nous a par contre, avec la recrudescence des violences, confondu avec le terme « cantonnement » qui veut dire en réalité « savoir souffrir, savoir se taire sans murmurer… », « se regrouper en attendant l’immolation sur autel », du moins en ce qui concerne les militaires maliens ! Et que faut-il retenir de ce haro sur le baudet ? une fois qu’il a eu à donner un coup de sabots !

    1- l’Injustice « …celui qui laisse commettre une injustice ouvre la voie à d’autres injustices… » disait le chancellier allemand Willy Brandt. De l’injustice, il y’en a eu, des morts, des bléssés de soldats maliens, il y ‘en a eu suffisamment ! S’il y a à chercher les coupables de ces forfaix, nos soldats sont loin d’en être commanditaires, et acteurs principaux, de ces des hostilités, au contraire, ils en sont les victimes sur leur propre territoire ! Quel pays au monde accepterait de voir massacrer quotidiennement ses militaires aux quatres coins de son propre territoire ? Nous sommes face à ce « …pauvre qui est maltraité, mais demanant le pardon après avoir commis une injustice et ce riche qui frémit seulement d’indignation après en avoir commis de même… » (Bible).Nous considérons que ce silence du riche suppose une complicité, elle même issue d’une longue préparation, entre individus ou groupes d’individus, entre sociétés, entre nations !

    2- Les médias : « …Celui qui contrôle les médias contrôle les esprits… » disait Jim Morrison, Artiste américain. En d’autres termes, elles donnent à l’individu à voir, mais pas à réflechir, encore moins à comprendre. En revanche, elles mentent lorqu’elles essayent à chaque occasion d’isoler, de discréditer , elles deviennent à cet effet amplificateurs de menaces. Les FAMA n’y furent pas exception à cette attitude depuis 2012, où même avec Aguel-Hoc, l’angélisme béatifiant des médias lui procura un sentiment de culpabilité, en qualifiant cette chasse aux tigres morts de victoire sur l’armée malienne ! En s’exubant sur Ménaka, en accusant les FAMA d’exécution à Tina Hama, sans le moindre bénéfice du doute, et après s’être tues promptement sur Léré, Diré, Bintagoungou, Goundam, Tombouctou, Tenenkou…on serait en droit de conclure que ces médias n’aiment rien de mieux que de faire étalage de la subversion pour faire oublier qu’ils la récupèrent… á quel but ? elles en sont les seules témoins !

    3- Accusations et Justice : les accusations et enquête des Organisations Intles nous rappellent un adage de notre terroir qui dit que « …Quand un riche tombe par terre, on dit que c’est un accident ; quand c’est un pauvre, on dit qu’il est ivrogne… » Victor Hugo dira que « la raison du plus fort est toujours la meilleure ». Pillages, vols, viols, meurtres et complicités d’assassinats de tous genres ont été commis exactement là où on pousse aujourd’hui des hauts cris aigus pour aller enquêter ! Seulement que la surdité et l’amour enflammé des mêmes âmes éprises de Paix et de Justice ont excusé ces crimes et délits « légers » des temps passés. Sans tomber ni dans le pessimisme ni dans la victimisation, nous seront d’avis que l’injustice, les médias, donc l’information, sont devenues des armes, constituent même le code de vie, agissant comme un virus qui détruit, mais uniquement les défenses immunitaires de leur victime. En entendant les Maliens n’ont que leurs yeux pour pleurer impuissamment les leurs, qui tombent chaque jour dans le silence absolu du désert où ils ne sont plus à l’abri d’ « embouiteillages » et de circulations incontrôlées de sables mouvants !

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