Mali : nouveau conseil de défense en perspective

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Des pilotes de l’armée françaises, en stationnement à N’Djamena, étudient les cartes en attendant leurs ordres de mission. © Nicolas Nelson-Richard / ECPAD/AFP

À 15 heures, François Hollande doit s’entretenir avec ses ministres, le chef d’état-major et le patron de la DGSE pour réfléchir à la suite des opérations militaires.

Le président François Hollande réunira à l’Élysée un nouveau conseil de défense, à 15 heures, au surlendemain du début de l’intervention de l’armée française au Mali pour repousser les groupes islamistes armés progressant vers le sud du pays. Une réunion similaire a été organisée samedi entre 15 heures et 16 h 30. Y ont participé : les ministres Jean-Yves Le Drian (Défense), Laurent Fabius (Affaires étrangères), Manuel Valls (Intérieur), le chef d’état-major des armées Édouard Guillaud, le secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale Francis Delon et le directeur général de la DGSE Érard Corbin de Mangoux.

La France, intervenant en soutien à l’armée malienne, a stoppé samedi l’avancée des islamistes dans le centre du Mali, où les pays d’Afrique de l’Ouest accélèrent leurs préparatifs pour déployer leurs troupes. “Un coup d’arrêt a été porté à nos adversaires” au Mali, a déclaré samedi soir le président français François Hollande, réaffirmant que l’intervention française “n’a pas d’autre but que la lutte contre le terrorisme”. Pour la seconde journée consécutive après l’annonce officielle de cette intervention, des frappes aériennes ont été conduites samedi pour bloquer l’avance de colonnes de pick-up armés des islamistes, a indiqué samedi le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

Un officier français a été mortellement blessé vendredi lors d’un raid hélicoptères “contre une colonne terroriste” se dirigeant vers deux villes de la partie sud du Mali, selon Jean-Yves Le Drian. Ce raid, vendredi, “a permis la destruction de plusieurs unités” islamistes et a “stoppé leur progression”, a affirmé le ministre, faisant également état de la participation aux opérations d’avions de combat Mirage 2000 et Mirage F1 basés à N’Djamena. “Nous avons fait des dizaines de morts, même une centaine de morts parmi les islamistes à Konna. Nous contrôlons la ville, totalement”, a affirmé un officier malien depuis Mopti (centre), région marquant la limite entre le nord et le sud du pays.

Les ressortissants français sous protection

Une source sécuritaire régionale a fait état d'”au moins 46 islamistes” tués, alors qu’un habitant de Konna a dit avoir “vu des dizaines de corps” d’hommes portant des tuniques arabes et des turbans. L’armée malienne a enregistré dans ses rangs 11 morts, une soixantaine de blessés, et un officier français a été tué lors des combats contre les islamistes à Konna (centre), selon une déclaration du président malien Dioncounda Traoré lue samedi à la télévision publique.

Selon l’armée malienne, les “dernières poches de résistance” étaient nettoyées après la contre-attaque réussie pour reconquérir la ville et enrayer l’offensive djihadiste. Des unités françaises ont par ailleurs été déployées à Bamako pour y assurer la sécurité des quelque 6 000 ressortissants français. Des éléments des forces prépositionnés en Afrique, venus notamment de Côte d’Ivoire et du Tchad, sont arrivés sur l’aéroport de la capitale, selon une source militaire.

Opération “Serval”

Le président Hollande a par ailleurs annoncé un renforcement, “dans les meilleurs délais” des mesures antiterroristes en France. Alors que la situation militaire était gelée, les combats avaient repris cette semaine dans le centre du pays. À plus de 700 kilomètres de Bamako, Konna était tombée jeudi aux mains des djihadistes qui occupent depuis plus de neuf mois le nord du Mali. Cette vaste région désertique est depuis avril 2012 un sanctuaire pour les groupes islamistes, notamment al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) qui détient huit otages français.

La contre-attaque franco-malienne est partie de Sévaré, localité à 70 kilomètres au sud de Konna, dotée du plus important aéroport de la région, où avaient atterri jeudi les éléments des forces spéciales françaises prépositionnées depuis des mois au Burkina Faso voisin. “La reconquête du Nord a commencé.” À la suite de ses pairs ouest-africains et de l’Union africaine, Dioncounda Traoré a remercié François Hollande d’avoir lancé l’opération baptisée “Serval”.

Washington partage l’objectif de la France

De son côté, le capitaine Amadou Sanogo, chef des putschistes de mars 2012 et d’un comité militaire officiel, a estimé que La France avait joué “un rôle capital” aux côtés de l’armée malienne. Washington, qui a dit “partager l’objectif de la France de retirer aux terroristes leur sanctuaire dans la région”, envisage de lui apporter un appui “logistique”, du ravitaillement en vol et des drones de surveillance, selon un haut responsable américain. La Grande-Bretagne va également fournir une assistance militaire logistique à Paris, mais ne déploiera pas de personnel en situation de combat, a annoncé pour sa part le bureau du Premier ministre David Cameron.

Face à l’urgence, le Burkina Faso, le Niger et le Sénégal ont annoncé le déploiement chacun d’un bataillon de 500 hommes. Depuis plusieurs mois, l’Afrique de l’Ouest a proposé l’envoi, avec l’aval de l’ONU, d’une force armée africaine de plus de 3 300 hommes, que des pays européens, dont la France, l’ancienne puissance coloniale, ont promis d’aider logistiquement, pour la reconquête du nord du Mali. Vendredi, la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) avait autorisé “l’envoi immédiat de troupes sur le terrain” pour épauler l’armée malienne “dans le cadre de la Misma (Force internationale de soutien au Mali)”.

Reconquérir les positions

“Les forces (ouest-africaines) sont en train de se positionner (…), c’est la reconquête du nord Mali qui vient de commencer”, a assuré le ministre ivoirien de l’intégration africaine, Ally Coulibaly. “L’objectif n’est pas seulement (…) d’empêcher que les djihadistes ne descendent vers le sud, mais surtout, c’est de reconquérir les positions de Tombouctou, Gao, Kidal”, les trois principales villes du Nord, selon M. Coulibaly. Le Nigeria n’a pas encore précisé son niveau de participation à la Misma, mais a déjà dépêché une équipe technique de l’armée de l’air, ainsi que le futur commandant de la force africaine, qui sera nigérian.

Acteur-clé et plutôt hostile à une intervention militaire étrangère – en particulier française -, l’Algérie a exprimé son soutien “sans équivoque” aux autorités de transition maliennes, condamnant fermement “les attaques des groupes terroristes”. Un haut responsable russe a toutefois estimé que “toute opération en Afrique peut et doit se faire exclusivement sous l’égide de l’ONU et de l’Union africaine”. La France avait demandé vendredi au Conseil de sécurité de l’ONU l’accélération de la mise en oeuvre de la résolution 2085, approuvée le 20 décembre et qui autoriserait notamment le déploiement par étapes de la Misma.

Conseil de défense

Pour justifier son intervention, Paris a mis en avant l’article 51 de la charte de l’ONU qui mentionne “le droit de légitime défense, individuelle ou collective”, en cas “d’agression armée” d’un pays membre de l’ONU. L’ancien Premier ministre de Jacques Chirac Dominique de Villepin a estimé dimanche dans une tribune au Journal du dimanche (JDD) qu'”aucune des conditions de la réussite n’est réunie” au Mali.

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7 COMMENTAIRES

  1. 😀 😀 Vous parliez ❗ ❗ ❗ ❗ l’intervention fracaise n’a pas seulement stappé le mvt vers le sud 😯 😯 mais elle a tout simplement redonné vie à un Mali mourrant 😀 😀 😀 c’est comme si vous attendez une grève d’organe et qlq’1 vs en offert à la dernière minute gratuitement 😀 😀 😀

    • Autant pour moi, je veux dire intervention francaise…….Et puis stoppé eb lieu et place de stappé 😀

  2. Une chose est l’intervention salvatrice de la France, dans un contexte dramatique. Une autre est l’incapacité du pouvoir malien à exercer la souveraineté sur son territoire, et à se défendre contre quelques centaines de fanatiques en pick-up. Cela reste un problème gravissime et entier, de même que sur le fond l’alliance des pays riches contre l’Islamo-fascisme. Au fond, le problème, Pour les citoyens français comme pour les citoyens maliens, reste de vivre dans des sociétés oligarchiques, qui ne sont pas démocratiques. Dans ces sociétés, les intérêts vitaux sont cachés, les stratégies occultes, et le vote est détourné. Dont acte. La suite au prochain numéro, après l’enlisement du conflit dans les sables du Sahara.
    Fabrice Loi, facebook

  3. Bonjour,
    Pour éviter la progression des terroristes vers le sud du Mali, les frappes aériennes en cours, par les soldats Français, le 13 Janvier 2013, signifient que l’ennemi se ré-organise, il faut donc aller très vite pour le déploiement de la FORCE INTERNATIONALE, MISMA, et pour le renfort Américain par des drones (avions sans pilote) ET pour la surveillance et les renseignements.

    Ainsi, les actions seront rapides, coordonnées et efficaces au sol et pour les frappes aériennes.

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    EXPERT TIC ET GOUVERNANCE
    E-mail: [email protected]

  4. La leçon de Konna

    La bataille de Konna du jeudi 10 janvier 2013, a été particulièrement dure et meurtrière pour l’armée malienne.

    Même si il n’a eu aucun bilan officiel pour cette journée du 10 janvier et que la ville fut finalement reprise par l’armée malienne aidée par les avions français et qu’un bilan officiel fait état de 11 victimes maliennes et d’un officier francais et de nombreux blessés pour cette reconquête de Konna après la défaite du 10 janvier.
    En effet à la sortie nord-est de la ville de Konna se trouve celle de Bima en allant vers Douentza.

    Le problème est qu’il y a une chaîne montagneuse qui couvre cette ville comme tout le bassin de Mopti et Sevaré vers le nord et tout l’est et jusqu’à Douentza.

    Un endroit idéal pour que les islamistes (très implantés à Douentza) y installent leur nids avec dispositifs anti aériens et anti chars.
    Une mauvaise appréciation du terrain et des positions de l’ennemi en absence d’un appui aérien conséquent a contribué à la déroute de l’armée malienne le 10 janvier dans cette bourgade peule à quelques minutes de vol d’oiseau de Mopti la Venise malienne.

    L’ampleur de la défaite militaire de cette première grande bataille depuis la perte du camp d’Amachach à Tessalit en mars 2012, et surtout le boulevard qu’elle offrait aux barbus pour avancer sur Sevaré et Mopti, a fait un choc psychologique international immense.

    Après 9 mois de préparation de l’armée à Sevaré, cette défaite s’apparente à un tremblement de terre qui a conduit à la demande expresse d’aide d’intervention militaire de la France, écrite par la présidence du Mali, avant même une adresse à la nation de Dioncounda Traoré pour informer les maliens de l’imminence et du sérieux de la menace, laissée volontiers à Manga Dembélé sur l’Ortm en sa qualité de porte parole du Gouvernement.

    Au delà de la douleur des familles éplorées des soldats tombés au champ d’honneur pour le Mali, le choc psychologique international, a permis à la France de Hollande d’intervenir très rapidement par des moyens aériens (avant même d’attendre d’en informer le parlement français qui sera fait demain lundi 14 janvier 2013) pour stopper la progression des troupes islamiques vers le sud du Mali.

    Mais il a surtout fait bougé les lignes de la géostratégie sur ce conflit malien.

    Les États-Unis sont désormais prèts à envoyer des drones, de la logistique, et à partager du renseignement, pour aider la France, sans plus se soucier des élections, une grande première.

    Donc finies les petites phrases onusiennes de la Suzanne Rice.
    L’Algérie ne daigne plus s’opposer à une intervention militaire au nord du Mali, et son premier ministre soutient que son pays sera aux côtés du Mali dont il défend l’intégrité du territoire.

    Les États Africains voisins à l’unisson, dans une belle et charmante solidarité africaine, à la petite exception de la Mauritanie, sont prêts à envoyer des troupes de 500 hommes chacun aussi rapidement qu’on pouvait espérer y compris les médiateurs et négociateurs.

    Les fauteurs de troubles de Bamako et Kati (militaires et civils), les opportunistes à la peau dure et les nouveaux patriotes de la fausse fierté malienne, n’osent plus, une seule seconde, s’opposer aux déploiement des forces spéciales françaises à Bamako, dont les cargos militaires ont pris d’assaut le tarmac de l’aéroport international de Bamako Senou, dans un balai incessant entre N’djamena et Bamako, Ouaga et Djibouti.

    L’Onu qui a enfanté dans la douleur la résolution 2085 devant permettre une intervention militaire étrangère au Mali sans en avoir le calendrier, se tait à Washington et regarde abasourdie, le Général François Hollande mener sa guerre contre le terrorisme pour “aider un pays ami”, “agressé” à recouvrer “son intégrité territoriale”.

    Alors la Russie peut grincer les dents contre cette subite hégémonie française en Afrique, un peu dans le même registre que Jean Luc Mélenchon (le nouveau patron de la gauche de la gauche française sévèrement battu par Marine Le Pen la patronne de la droite de la droite française au premier tour des dernières législatives), et Dominique de Villepin, qui n’est d’ailleurs jamais élu.

    Alors vous comprendrez la quasi unanimité faite au tour, de la décision française d’intervenir au Mali et largement approuvée par les maliens.

    Et à entendre parler François Hollande le samedi 12 janvier 2013, les actions françaises vont continuer aux côtés de l’armée malienne jusqu’à ce qu’à ce que les forces coalisées africaines puissent prendre le relais dans cadre de la résolution 2085 de l’Onu.

    Mes chers compatriotes maliens, nous avons beaucoup perdu à Konna, que les âmes maliens et français des soldats tombés au front reposent en paix, mais nous avons la chance d’avoir la France de Hollande à nos côtés et bientôt nos frères africains, remercions les par avance car ils sont la pour nous au prix du sacrifice ultime.

    Vive la coopération internationale et la solidarité africaine.

    Et que Dieu bénisse le Mali dans une Afrique unie, prospère et en paix.

  5. Bonjour,
    La France a joué un rôle capital et déterminant dans la reprise de Konna et dans le fait d’avoir stopper l’avancée des islamistes vers le sud.

    L’armée du Mali a eu le courage de contre-attaquer, SEULE, dès le lundi 07 janvier 2013. Elle a su, ainsi, marquer une opposition au mouvement des djihadistes vers le sud.

    L’arrivée des soldats Français, le vendredi 11 janvier 2013, après-midi, a renversé la tendance, qui, jeudi, le 10 janvier 2013, était en faveur des islamistes.

    Ainsi, la progression des islamistes vers le sud a été arrêtée avec l’aide déterminante du renfort aérien de la France.

    Le 12 janvier 2013, Konna est définitivement reprise par l’armée du Mali et la France.

    Merci à La France pour avoir agi, judicieusement, quand il le fallait.

    Merci à l’armée du Mali pour s’être opposée, à l’avancée des islamistes vers le sud, le 07 janvier 2013.

    C’est urgent de déployer la MISMA.

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    EXPERT TIC/GOUVERNANCE
    [email protected]

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