Nord du Mali : Interrogations autour d’une rencontre en Italie

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Depuis quelques jours, des responsables  de la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) et d’autres mouvements armés du Nord séjournent  en Italie sur invitation d’une ONG de ce pays. Officiellement, il s’agirait  d’une rencontre dont l’objectif  serait  d’évaluer le processus de paix au Mali. Cependant beaucoup d’interrogations et de supputations entourent  ce déplacement des membres de la Rébellion de Kidal.  Au-delà des soupçons pèsent sur cette initiative Italienne d’autant que la partie gouvernementale avait  décliné l’invitation avant de prendre part à cette rencontre par l’intermédiaire du ministre de la Réconciliation Nationale.

En effet, une délégation du Cadre stratégique permanent (CSP) composée de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et des mouvements armés du Nord  séjournent depuis  dimanche dernier  sur invitation de  l’ONG italienne ARA PACIS  à Rome en Italie.

Selon Mohamed Elmaouloud Ramadane porte–parole de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA)”L’objectif de ce déplacement vise à réconcilier les mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger”

« Sur demande des autorités de Transition du Mali, l’ONG italienne ARA PACIS a initié une réunion de médiation à Rome pour un rapprochement entre le CSP et le gouvernement, ainsi que l’autre tendance de la plate-forme qui n’est pas membre du CSP », a précisé Mohamed Elmaouloud Ramadane porte–parole de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA).

Les principales composantes du CSP que sont la CMA et une  frange de la Plateforme  doivent selon plusieurs sources  rendent  compte de l’utilisation des moyens précédemment reçus dans le cadre des attentes de leurs partenaires européens, à savoir : leur contribution à la stabilisation du Nord  en tant que paravent sécuritaire contre les flux migratoires et d’autres trafics illicites en direction de l’Europe.

Quant au Ministère de la réconciliation, de la paix et de la cohésion Sociale  l’objectif  du déplacement du ministre Wagué est la définition des bases de la collaboration entre l’Etat Malien et le CSP (Cadre stratégique permanent). Ainsi, tous les mouvements seront impliqués dans cette structure sous le leadership du gouvernement qui en assume la direction pour la Réconciliation des mouvements et des communautés permettant de faciliter le développement tout en améliorant la sécurité.

 

Une CMA instrumentalisée

Cependant, beaucoup d’interrogations sont posées au sujet de cette initiative italienne et avec une CMA, dont l’instrumentalisation par la France ne guère un secret. Parmi les questions entendues çà et là à Bamako, l’on retient : Pourquoi l’organisation de cette rencontre ailleurs et non dans le pays ? Quelles les véritables intentions de l’ONG italienne ? L’Etat italien est-il impliqué dans ce projet ? Quid d’un financement de certaines activités de la CSP par la même organisation italienne ? Et l’accord d’Alger dans tout ça ? Au-delà de ces questions, de forts soupçons entourent ce déplacement de la rébellion en terre italienne, en un moment où la tension ne de monter entre Bamako et Paris. Et à ce sujet l’on a encore en mémoire les revelations du Premier ministre Choguel Kokala Maiga qui dans une interview accordée à la radio publique algérienne en Octobre 2021, avait révélé qu’«’il existe certaines zones dans le nord du pays qui sont interdites d’accès à l’armée malienne par la France, ce qui nous a créé un Etat à l’intérieur de l’Etat ».

Et Choguel K Maïga avait ajouté : « C’est l’ancien Président français, Nicolas Sarkozy, (2007- 2012) qui avait promis à des rebelles dans le nord malien de leur accorder un Etat indépendant ».

Aussi, il avait accusé la France d’avoir violé l’Accord conclu entre les deux pays, en 2013, qui prévoit d’offrir à l’armée malienne un soutien aérien et en matière de renseignement, alors que la France a déployé 4000 militaires sans concertation préalable avec Bamako.
Pour confirmer l’échec de l’intervention militaire française, le Premier ministre  avait, par ailleurs, expliqué que « le but de cette intervention était d’éradiquer le terrorisme, alors que ce fléau s’est propagé dans 80% de notre territoire, après qu’il était cantonné uniquement dans le nord ».

« Le rétablissement de l’unité du Mali n’a pas été possible car des groupes rebelles armés touaregs paradent avec leurs armes lourdes devant les forces internationales et françaises », a-t-il martelé. Jusqu’ici aucune réaction n’a été enregistrée du côté français pour contredire ces propos du Premier ministre malien.

Mémé Sanogo

 

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1 commentaire

  1. Voici ce qu’avait dit le pdt Sarkozy:

    ” «Mais quelle solution ? Il a répondu qu’il n’y en a qu’une seule. Cela passe par un gouvernement fort à Bamako. Quand je dis fort, comprenez-moi bien : légitime, et qui est assez fort pour discuter avec les Touaregs de la réconciliation indispensable entre les Touaregs et le pouvoir central au Mali.

    Pourquoi je vous dis ça ? Parce que les seuls qui, sur le long terme, sont capables d’éviter les infiltrations de terroristes dans le Sahel, ce sont les Touaregs et c’est personne d’autre. Et ça passera forcément à un moment où à un autre par une discussion entre les Touaregs et le gouvernement central de Bamako. Je ne veux pas la qualifier, même si j’ai une idée, parce que ce n’est pas à moi de porter un jugement là-dessus».

    Malheureusement la junte ne “discute” qu’avec le HCUA émanation d’Al Quaida.

    Malheureusement la junte ne met jamais en avant le rôle obscure de l’Algérie. On rappelle qu’elle a servi de base arrière à AQMI, Depuis les années 2000, des milliers de combattants du GIA ont bénéficié de l’amnistie du président Abdelaziz Bouteflika dans le cadre de la loi sur la concorde civile. La minorité restante créa le GSPC pour se spécialiser dans les activités illicites. En 2007, le GSPC est devenu “Al Qaida au Maghreb Islamique” (AQMI) pour bénéficier du logo “Al Qaida” pour légitimer son trafic de drogue et de crimes organisés et tromper l’opinion internationale.

    Alors pourquoi ce dialogue italien non inclusif

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