Nord-Mali : L’intenable statu quo

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Dans la recherche d’une solution à la crise malienne, les complications n’arrêtent pas de survenir. Entre les différents partenaires se creuse un fossé large, ce qui amène à dresser un constat qui est que désormais il y a deux camps que sont les va-t-en-guerre et les tenants d’une solution politique.

Islamistes du Mujao à Gao au Mali (Reuters)

En fait, d’un côté, il y a les va-t-en-guerre qui ne laissent aucun instant passé sans attirer l’attention sur l’urgence d’une intervention militaire au Nord du Mali, où justement les groupes armés qui font la pluie et le beau temps_ il s’agit d’AQMI et du MUJAO qui sont les alliés indéfectibles d’Ansardine_ ne sont aussi pas prêts à se laisser marcher sur les pieds, pour ne pas dire qu’ils n’hésiteront pas à tenir tête aux forces internationales qui attendent d’être déployées.

De l’autre côté, il y a les tenants d’une solution politique, l’ONU en tête, qui protestent contre une intervention militaire  en s’accrochant aux avis d’experts qui ont mis en garde contre les conséquences humanitaires qu’elle entrainera.

Parmi quel camp il faut se ranger ? Il est tout de même important de noter que, quoi qu’en disent les « pacifistes », ni le MNLA ni Ansardine ne sont disposés à faire une croix sur leurs revendications respectives que sont l’autodétermination et l’application de la Charia, même à Kidal, qui toutes, constituent une atteinte à l’intégrité territoriale et à la laïcité de la République. Autant dire qu’il se prépare un simulacre de négociations qu’on veut brandir comme étant un dialogue entre maliens et qui risque de n’être qu’un triste dialogue de sourds. C’est pourquoi, force est de se poser la question sur le pourquoi de ces négociations, en raison du fait qu’elles n’augurent rien d’important, à part de donner à comprendre que le gouvernement malien se rabaisse au point de suivre des voyous jusqu’à leur porte ! En réalité, le MNLA, Ansardine, AQMI et le MUJAO sont à mettre dans le même sac et méritent les mêmes traitements. Cela d’autant plus que les propos que se paye le luxe de tenir le secrétaire général du MNLA, Bilal Ag Chérif, dans ses interview, sont un véritable scandale auquel il est on ne peut plus difficile de rester sans répondre. A écouter Bilal Ag Chérif, l’armée malienne s’est rendue coupable d’exactions sur les populations et de donner à entendre qu’ « on n’accepte pas ce genre d’armée sur nos terres… Avant toute intervention militaire, il faut trouver une solution politique entre l’Azawad et le Mali » Voici des propos qu’on lit avec consternation et, de plus, qui reposent sur une grossière et innommable négation de la vérité qui est que c’est le MNLA, avec l’enthousiaste complicité d’AQMI, qui a massacré des soldats maliens d’Aguelhok (17-24 janvier). Chose étonnante, la communauté internationale dont la position est celle des deux poids, deux mesures, ne fait guère cas de cet état de fait ! Et ce à quoi nous assistons à Ouaga ou à Alger n’est, au final, qu’une immense campagne de promenade dont le Mali doit se tenir à l’écart.

Bien sûr, les informations qui affirmaient récemment que les armes tant attendues ont été débloquées, sont propres à faire changer d’angle d’analyse et pousse la plume à écrire que le Mali, dont certaines autorités disent ne pas attendre septembre 2013 pour une intervention militaire comme l’a indiqué l’ONU, a les dispositions pour mener à bien, seul, une opération de reconquête du Nord. Je ne partage pas l’avis des experts sensibles aux risques humanitaires d’une intervention, et autres diplomates qui n’ont de cesse de seriner ce qu’ils pensent de l’armée malienne. Sans aller jusqu’à dire qu’elle est erronée, leur vision de l’armée malienne est aujourd’hui ce qui compte le moins, l’intéressant étant de retrouver notre intégrité territoriale. Au reste, cette appelle est une remarque d’après laquelle le Mali ne relèvera sa figure renversée que dans la guerre, une guerre qu’il pourra si possible mener seul. N’en déplaise à ceux qui y décèleront un relent de va-t-en-guerre !

        

  Boubacar Sangaré  

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1 commentaire

  1. Il n’y a qu’au Mali qu’on trouve des gens qui demandent à l’ONU d’envoyer des armées pour aider des putschistes à mieux asseoir leur autorité.

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