Rencontre des leaders des tribus touarègues à Niamey : Que cache cette initiative du Premier ministre Brigi Rafini ?

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Des délégués des rebelles touareg participent à une réunion de médiation sous l'égide du Burkina Faso, à OuagadougouL’information est donnée par l’hebdomadaire «Jeune Afrique» sur son site internet. Officiellement, le but de la rencontre est de «réconcilier les tribus du nord du Mali pour une meilleure application de l’Accord de paix d’Alger». L’artisan de cette rencontre, prévue du 19 au 21 août 2015 à Niamey, est l’actuel chef du gouvernement, Brigi Rafini, une figure emblématique de la communauté touareg nigérienne.

Selon un membre de son comité d’organisation, cité par Jeune Afrique, la rencontre vise surtout à «réconcilier les leaders respectifs des tribus touarègues imghad d’un côté, et ifoghas de l’autre : le général Alhadji Gamou et Alghabass Ag Intalla ». Depuis plus d’une décennie, ces tribus touarègues se vouent une haine viscérale aux conséquences nationales. Si les Ifoghas sont dispersés entre le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (Mnla) et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (Hcua), tous membres de la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma), les Imghad sont réunis au sein du groupe d’auto-défense des Imghad et alliés Gatia. Les tribus à travers des mouvements se livrent une guerre sans merci pour le contrôle du terrain. Les relations de ces deux tribus avec la République ont évolué avec le temps. Réfractaires au départ, les Imghad sont aujourd’hui des républicains dont les actions notamment celles du Gatia sont saluées à travers le pays. Alliée de la République, une partie de la tribu des «Ifoghas» est devenue de nos jours des rebelles.

Une autre question est à l’ordre du jour de la rencontre de Niamey. Il s’agit du différend qui oppose les leaders du Mnla et du Maa relatif au saccage et au pillage, en mars 2013, «des boutiques et des biens appartenant» à des Arabes de la localité d’Al-Khalil, à la lisière entre le Mali et l’Algérie.

La perte subie par les Arabes au cours de cette attaque du Mnla, évaluée à des milliards, est à l’origine des tensions entre les deux mouvements.

Que cache donc cette initiative du Premier ministre nigérien ? Une initiative personnelle de Brigi Rafini ou de l’Etat nigérien ? L’Etat malien, notamment le Président IBK, ami personnel du Président  du Niger, est-il au courant? En quoi une réconciliation entre ces deux tribus pourrait-elle faciliter la mise en œuvre de l’Accord ? Attendons de voir.

      

Violation des arrangements sécuritaires au Nord du Mali

C’est la guerre des communiqués entre les mouvements de la Plateforme et ceux de la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma). Les partis s’accusent mutuellement de violations d’arrangements sécuritaires. Voici les versions des deux camps.

Me Harouna Toureh de la Plateforme

« Nos positions à Touzik ont été attaquées par la CMA »

Dans un communiqué en date du 15 août 20215, la Plateforme par la voix de Me Harouna Toureh dénonce la violation des arrangements sécuritaires par la Cma.

« Les Mouvements de la Plateforme du 14 Juin d’Alger informent son excellence l’ambassadeur d’Algérie au Mali, chef de file de la médiation internationale dans le cadre du processus d’Alger, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, chef de la Minusma, l’ensemble des membres de la médiation internationale ainsi que l’opinion nationale et internationale de ce qui suit:

En dépit des arrangements sécuritaires intervenus entre les responsables de nos combattants et ceux de la CMA sur le terrain les 18,19, et 20 juillet 2015, lesquels arrangements qui ont défini Edjerer Ammassine, Sud de l’oued comme étant une position géographique de la Plateforme et Edjerer Takaloute, Nord de l’oued comme étant la position devant être tenue par la CMA.

Nos positions à Touzik ont été attaquées ce jour 15 Août 2015 par des combattants de la CMA en violation flagrante de ces arrangements et de tous les accords précédents », peut-on lire dans le texte.

Almou Ag Mohamed de la CMA

« Nos hommes ont été attaqués par des miliciens de la Plateforme »

Pour la Commission Communication de la CMA,  Almou Ag Mohamed signe un communiqué daté du 16 août dans lequel il fustige les miliciens de la Plateforme.

« La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) informe l’opinion nationale et internationale que depuis quelques jours les milices de la Plateforme avaient pris position près de Amassine (80 km Sud de Kidal) en violation de tous les arrangements sécuritaires et de l’Accord de Paix signé les 15 Mai et 20 Juin 2015.

La CMA qui voulait tout tenter pour éviter la confrontation militaire a favorisé l’ouverture de discussions entre ses cadres militaires et ceux des milices dans le but de trouver une issue pacifique satisfaisante pour tous.

C’est dans le cadre de ces pourparlers que des cadres de la CMA se sont rendus dans l’après-midi du 15 Août 2015 à un rendez-vous fixé de commun accord avec leurs interlocuteurs de la Plateforme. Pendant le temps d’attente sur le lieu convenu, nos hommes ont été attaqués par une colonne de miliciens de la Plateforme. Leur escorte s’est défendue ce qui a entraîné un échange intense de tirs qui a duré jusqu’à la tombée de la nuit. La CMA précise qu’elle ne déplore aucune perte dans ses rangs….. », nous informe le communiqué de presse.

Le Gouvernement exprime sa préoccupation

Le Gouvernement de la République du Mali a appris, avec une vive préoccupation, que des échanges de tirs ont eu lieu entre les mouvements de la Plateforme et de la CMA dans la région de Kidal, le samedi 15 août 2015.

En tout état de cause, le Gouvernement de la République du Mali condamne avec fermeté de tels actes qui constituent une violation du cessez- le –feu et pouvant mettre en péril la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du Processus d’Alger. Le Gouvernement de la République du Mali invite les différentes parties à tenir compte des aspirations profondes du Peuple malien qui attend de tous les acteurs un engagement clair et net pour le retour définitif de la paix. Le Gouvernement de la République du Mali invite la Médiation internationale et toutes les parties prenantes au Comité de suivi à ne ménager aucun effort pour le respect strict des termes de l’Accord. Enfin le Gouvernement de la République du Mali appelle à une véritable coalition pour lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes.

Ousmane Ballo

Bamako, le 16 août 2015.

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