Soumeylou Boubèye Maïga dans l’émission «An Kan Ben» de Radio Klédu : «Le président de la République doit rassembler tous les Maliens autour de l’accord d’Alger»

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Soumeylou Boubèye Maïga, l’incontournable du gouvernement malien
Soumeylou Boubèye Maïga

Le samedi 11 avril 2015, l’émission hebdomadaire «An Kan Ben» (Faisons la paix)  de Radio Klédu avait comme invité l’ancien ministre de la Défense et des Anciens combattants, Soumeylou Boubèye Maïga, et non moins président du parti Asma/Cfp. Avec lui, il a été question de l’accord d’Alger, de la situation sécuritaire et de la présence du parti Asma/Cfp dans la majorité présidentielle. Soumeylou Boubèye Maïga (SMB) a répondu aux questions des auditeurs qui ont porté sur les armements militaires, l’affaire Amadou Haya Sanogo et compagnons et les surfacturations dans l’achat des équipements militaires.

Dès l’entame de l’émission, Soumeylou Boubèye Maïga a affirmé que son parti s’est engagé à aider le gouvernement pour la bonne application de l’accord d’Alger 2015. Car le document, bien avant sa signature, doit être décortiqué point par point avant sa mise en application. Cela permettra, selon lui, à tous les Maliens d’avoir un point de vue commun lors de l’application. «Si nous ne nous entendions pas, il n’y a pas assez de solutions. C’est pourquoi nous devrions nous retrouver autour d’une table pour faire face à ceux qui ne sont pas d’accord avec nous. Il n’y a pas d’entente au sein de la Cma ; cela s’explique par ce qu’ils font tous les jours ; leurs propos changent du jour au lendemain», a-t-il déclaré. Leurs  comportements, dit-il, ne doivent pas surprendre les Maliens, ni les faire retourner en arrière, même s’il y a des gens qui veulent le retour en arrière.

Dans la position de la Cma, poursuit-il, il y en a parmi ses membres qui veulent parapher l’accord. C’est avec ceux-là que le Mali doit continuer le processus. «Ce que je sais, c’est qu’il y a certains parmi les membres du Mnla basés en Mauritanie qui ne sont pas d’accord pour le parapher. Même le communiqué qu’ils ont fait, n’a pas été signé par leur président, mais c’est une autre personne qui l’a signé. Ça veut dire que le président du Mnla n’est pas d’accord avec leur position», explique SBM. Selon lui, les Maliens doivent savoir comment continuer avec ceux qui veulent parapher l’accord, pour ne pas être otages d’une minorité. De ce fait, il demande aux Maliens de ne pas refuser l’accord d’Alger. Il ajoutera que le mot Azawad qui est dans le document ne doit pas faire peur, dans la mesure où en cas de régionalisation les populations seront libres de choisir le nom qu’elles veulent. Mieux, il y aura une rencontre nationale pour déterminer beaucoup de points de l’accord qu’on trouve problématiques, y compris le mot Azawad.

Si le Mali ne signait pas cet accord, affirme SMB, on allait rester dans une position statique alors que les militaires maliens ne peuvent pas aller à Kidal, à Ménaka et dans bien d’autres localités. L’Etat ne sera pas partout si cela continue pendant deux à trois ans. Si le Mali ne signait pas, la deuxième chose qu’il peut faire, c’est la guerre, alors que tout le monde sait que cela n’est pas facile avec l’état actuel de notre armée. «C’est pourquoi nous ne devrions pas avoir peur de l’accord. Mais il faut que les Maliens se retrouvent, s’entendent sur quelque chose avant les prochaines étapes. C’est le président de la République qui doit réunir les Maliens pour trouver une voix commune. Parce que c’est lui qui a été élu et les Maliens n’ont pas voté pour lui pour qu’il fasse la politique d’un seul parti ou de quelques partis politiques. Les gens ont voté pour lui afin qu’il puisse sortir le pays de la crise. Il doit donc réunir les Maliens pour construire le pays. Il faut une union car la crise du Nord est le cœur même du Mali. Et même après la signature de l’accord, les Maliens doivent planifier ensemble sa mise en œuvre.

Parlant de la situation sécuritaire, il pense qu’il faut des mesures visibles, des actions concrètes pour rassurer les Maliens ; c’est ce qui a manqué d’après lui. Car, depuis l’attentat du 6 mars 2015, les rues de Bamako sont vides la nuit ; les restaurants, les bars et les espaces de loisirs sont vides. Les réunions et les grandes rencontres se font rares à Bamako parce qu’il n’y aucune action. Alors que tout doit être fait, selon lui, pour mettre les forces de sécurité dans les conditions afin qu’elles puissent accomplir leur mission régalienne. «Tout ce qu’on voit aujourd’hui, que ça soit à Bamako, Gao, Nampala, Diafarabé ou ailleurs, le but est d’installer la peur, l’incertitude dans les esprits de tout le monde, mais surtout transporter les menaces et les attaques partout afin que les gens aient peur partout au Mali et créer une panique générale», a-t-il ajouté. Les populations doivent jouer aussi leur rôle en informant les forces de sécurité, car d’après Soumeylou Boubèye Maïga, le Mali n’a pas assez de policiers, ni de gendarmes, seuls les gardes sont nombreux.

Sur les autres questions comme l’arrestation du capitaine bombardé général, Amadou Haya Sanogo, il a fait savoir que c’est la justice qui a fait une demande et la hiérarchie militaire n’a fait que le mettre à la disposition de la justice. Les différents dossiers sont au niveau de la justice malienne, a-t-il affirmé. Concernant son implication dans la mutinerie du 30 septembre 2013, il a dit ceci : «Ce sont des jeunes militaires qui se sont révoltés, nous avons vu qu’il y avait un problème. Les barrières qui étaient autour de Kati, nous les avons enlevées ; nous avons libéré des rues, demandé et obtenu le transfert d’Amadou Haya Sanogo de Kati à Bamako. Il ne pouvait y avoir deux commandements dans le Mali. C’est ce que nous avons fait. Le reste, c’est la justice qui fait son travail».

Pour ce qui est de l’affaire de Kidal, il pense que l’ancien Premier ministre Moussa Mara a tout dit devant l’Assemblée nationale ; lui-même a été écouté par la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale. D’après lui, «ils attendent tous le résultat de ce rapport». «Je ne vois pas ce que je vais ajouter à tout ce que Mara a dit devant les députés. Maintenant, qu’ils publient le résultat de leur travail ! Nous, on attend la suite», lance SMB.

Par ailleurs, il dit n’avoir jamais côtoyé la junte. «J’ai passé trois semaines en prison à Kati. J’ai été arrêté comme les anciens ministres d’ATT. Comment pouvais-je pratiquer la junte…?», a-t-il dit. Évoquant les surfacturations dans l’achat des équipements militaires, il a fait savoir que beaucoup de contrats annulés dans ce cadre sont actuellement en exécution par les mêmes fournisseurs et il reste la livraison des matériels par les fournisseurs. Là aussi, SBM pense que les gens sont allés trop vite en besogne.

Soumeylou Boubèye Maïga souhaite l’entente et la cohésion entre les Maliens et pour le Mali. «Les divergences politiques sont normales. C’est cela la démocratie, mais à condition que la Nation existe d’abord». Et pour cela, il lance un appel au président de la République pour qu’il réunisse tous les Maliens en vue d’une meilleure mise en application de l’accord d’Alger, afin d’éviter d’autres problèmes au pays.

Kassim TRAORE

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