Tamkoukat : Le village de Gamou ensanglanté

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Lt Colonel Gamou
Lt Colonel Gamou

Au même moment où les uns et les autres croyaient s’acheminer vers un dénouement certain de la crise du Nord, manquant de l’appréhender dans sa forme multidimensionnelle, un village entier périt à quelques kilomètres seulement de Gao.

 

Le jeudi dernier, en début de soirée, le village de Tamkoukat, un groupe de jeunes peulhs s’est attaqué au village du Général Gamou faisant plus d’une trentaine de morts. Selon notre source, cette riposte s’inscrit dans une mésentente entre les deux ethnies qui prend des allures de guérillas et de règlements de compte revanchards. Selon la même source, la dernière agression qui date de quelques mois était orchestrée par les proches de Gamou en riposte à celle qui l’a précédé dans laquelle a péri un de leurs vieux notables. Celle-là aussi aurait été beaucoup plus sanglante, mais les autorités l’auraient couvert de leur silence et personne n’en a eu échos. Pour en savoir plus auprès de Gamou lui-même, nous l’avons joint en début de week-end et comme s’il cherchait déjà à s’exprimer, sans même trainer dans les salutations comme à ses habitudes, il s’est mis à donner sa version des faits. «A ce stade, je n’ai pas trop de détails sur le bilan; mais, je sais que c’est entre 34 et 35 du fait qu’il y a un porté disparu, semble-il. Les auteurs de cet assassinat ne sont pas difficiles à identifier. Il ne s’agit pas d’un groupe de peulhs isolés, non, peu importe leur race, ce qui est sûr ils appartiennent à une organisation terroriste. Ils font pression sur moi en s’attaquant à ma famille car, ils nous reprochent d’avoir intervenu aux côtés des différentes forces militaires pour faire revenir l’Etat malien dans le septentrion. Ils ont utilisé le même mode opératoire que Aguel-hoc en ligotant les victimes au dos et les égorger une à une. Quand j’ai eu l’information, j’ai demandé à l’Etat major d’envoyer immédiatement une mission militaire pour faire le constat et j’ai instruit à mes parents de ne rien faire à sa place. Je ne suis pas personnellement étonné, et vous vous rappelez c’est d’abord à moi qu’ils se sont attaqués à Niamey. Et, je suis convaincu de constituer leur cible permanente», nous a-t-il confié.

 

Ousmane KONE

 

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Et si c’était vrai? : 

Assassinat de Tamkoukat: La rançon de l’inaction :

En dernière semaine, alors que les parents des victimes n’arrivent toujours pas à surmonter leur douleur, une révélation, pour le moins inquiétante, a été faite par certaines sources proches du village. Pendant que les uns et les autres se forcent à trouver le parallèle entre l’assassinat en série et le terrorisme, un groupe de jeunes du village meurtris hausse le ton et accuse les autorités maliennes, notamment le Gouverneur de Gao et ses officiers militaires, de négligence et de refus d’agir à priori en vue de contrecarrer ce massacre. En effet, selon ce groupe de jeunes, la présence des coupables de ce massacre a été constatée aux alentours du village depuis plusieurs jours. L’information a été transmise aux autorités compétentes (ci-dessus citées), mais aucune patrouille ni même une mission de reconnaissance ou de vérification n’a été dépêchée sur place. Pire, depuis l’arrivée de ces malfaiteurs dans la localité de Tamkoukat, même les petites missions de routine n’arrivaient plus jusqu’à cette zone. C’est après avoir constaté cette absence continue de patrouille que les mercenaires ont osé perpétrer cette barbarie. Aussi, les survivants de Tamkoukat exigent de l’Etat malien une explication. Très écœurés, ils n’ont pas pu s’empêcher de huer les Casques bleus qui se sont rendus, à la manière du médecin après la mort, sur place pour constater le lourd bilan. Au moment où nous mettions sous presse, nous apprenons, dans un communiqué de la MUNISMA, que les blessés ont été transportés à l’hôpital de Gao et que plusieurs suspects ont été appréhendés par les forces de sécurité maliennes. La MINUSMA a facilité le déplacement du Ministre de la Sécurité malien à Gao.

A suivre!

Ousmane KONE

 

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