Lettre ouverte a monsieur le ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation : Les pratiques malsaines d’un maire indélicat dans la gestion de sa commune

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Monsieur le Ministre,

Le peuple malien, dans sa très grande majorité, a estimé que le candidat Ibrahim Boubacar KEITA était l’homme qu’il fallait élire Président de la République en 2013 et qui soit capable de mettre fin aux nombreuses pratiques malsaines dans la gestion des affaires publiques, à la mal gouvernance des précédents régimes, à l’impunité, bref aux nombreux maux dont ont souffert et continue de souffrir notre pays et cela du fait surtout du comportement des responsables à tous les niveaux.

Monsieur le Ministre,

Vous avez bénéficié et bénéficiez encore de la confiance du Premier Ministre et du Président de la République pour la mise en œuvre de l’ambitieuse politique de décentralisation du Président de la République pour notre Mali, à nous tous.

C’est ce qui vaut votre présence à la tête du Département en charge de l’administration territoriale et de la décentralisation, le département de tutelle des collectivités territoriales et des maires.

Pour nous autres citoyens lambda, nous estimons que pour vous aider à bien accomplir votre noble mission, nous devons vous informer des pratiques malsaines et des dérives que nous constatons à la base surtout, au niveau communal afin que vous preniez les dispositions idoines pour y mettre fin.

Les pratiques malsaines, les agissements et dérives que nous avons jugés utile de porter à votre connaissance sont celles d’un maire indélicat dans la gestion de sa commune, discourtois, grand corrupteur aux propos esclavagistes.

Il s’agit du maire Harouna SANKARE dit DIARRA, un élu du PSP en 2009 dans la commune rurale de Ouenkoro, cercle de Bankass.

Monsieur le Ministre,

Le sieur Harouna SANKARE, se disant tantôt homme d’affaires, tantôt marabout, guide religieux et prêcheur est domicilié à Banankabougou-Bollé, à plus de 600 km de sa commune, Ouenkoro.

De par ses fonctions suscitées et son lieu de résidence, comprenez monsieur le Ministre que le maire est naturellement quasi absent de sa commune de façon chronique.

Cette absence prolongée du maire influe négativement sur la gestion des affaires de la commune, au double plan administratif et financier.

De son élection à la tête de la commune de Ouenkoro en 2009 à 2013, monsieur le maire est à sa 4ème transhumance politique : Mouvement Citoyen, PSP, URD et UDD. On ne sait pas encore demain où le vent l’emportera.

Certes, la loi lui en autorise mais c’est la conséquence de sa transhumance politique sur la cohésion sociale dans la commune qui est déplorable.

Tantôt ce sont les membres d’une même famille qui sont mis dos à dos (père et fils, époux et épouses, frères et sœurs), tantôt ce sont les leaders politiques locaux, les uns contre les autres.

Monsieur le Ministre,

S’agissant de la gestion administrative de la commune, elle est lamentable.

Le 1er adjoint au maire, “intellectuel“, moniteur d’agriculture à la retraite s’est vu dépouillé de ses prérogatives au profit d’un pure analphabète, tailleur de métier et 3ème adjoint au maire. C’est lui l’homme de main à qui sont confiées les délégations de signature qui logiquement doivent revenir au 1er ou 2ème adjoint au maire. Mais tant pis pour la commune car ce n’est pas la compétence ou la performance au travail qui importe pour monsieur le maire mais la dévotion à sa propre personne.

C’est donc le 3ème adjoint et le secrétaire général qui gèrent la mairie de fait et de façon permanente.

Les conseillers communaux du même bord politique que le maire à l’exception du 1er adjoint sont tous des analphabètes qui ne font que de la simple figuration lors des sessions du conseil communal.

Les conseillers communaux des autres partis politiques, URD, ASMA, ADEMA, sont mis en minorité et marginalisés chaque fois qu’ils réclament de la transparence dans la gestion de la commune et dans l’adoption des différents comptes administratifs du maire.

Leurs réclamations voire protestations par rapport à la gestion du maire sont toujours restées sans effet. C’est comme dit l’adage “le chien aboie, la caravane passe”.

Monsieur le Ministre,

L’achat de conscience est la règle d’or chez le maire dans la commune de Ouenkoro.

Aux élections communales de 2009 monsieur Harouna SANKARE s’est fait élire maire en procédant à des achats de conscience des électeurs et des tromperies de façon ostentatoire au su et au vu de l’administration, de la CENI et des acteurs politiques locaux. Ces pratiques ont malheureusement continué de 2009 à nos jours : distribution de plus d’une cinquantaine de grosses motos Sanili, Super N°1, Jakarta et autres magnétos boomers et batteries, téléphones portables, moulins, matériel de sonorisation, argent en espèce et récemment, une offre gracieuse de 04 voitures Mercedes 190 dont 03 à ses militants et hommes de main et 01 au Sous-préfet de la commune immatriculée AP 0489 MD.

Monsieur le Ministre

Si cette super générosité du maire vis-à-vis de ses militants n’est peut-être  pas condamnable, l’octroi de 22 motos Jakarta aux 22 chefs de village de la commune le 13 juin 2015 et de façon ostentatoire lors des cérémonies du Festival Culturel Peulh à Ouenkoro, plus une somme de 100 000FCFA à chaque bénéficiaire, ne revêt-il pas un caractère de corruption politique des intéressés en cette veille des élections communales et régionales d’octobre 2015. Il promet ensuite de délivrer une carte professionnelle de chef de village à chacun d’eux.

Un maire, candidat potentiel à sa succession, qui offre une voiture Mercedes 190 plus une enveloppe  250 000 FCFA pour frais de carburant au Sous-préfet de sa circonscription en cette période préélectorale, est-ce vraiment gratuit et sans arrière-pensée électoraliste ?

Monsieur le Ministre,

En 2009, le candidat-maire Harouna SANKARE avait dupé la population à grande majorité analphabète en promettant de l’exempter du paiement de l’impôt per capita durant les 5 ans de son mandat, s’il était élu maire de la commune.

L’appât a naturellement pris. Le maire bon samaritain a tenté d’honorer sa promesse électorale en payant l’impôt de 2010, mais traine encore, selon la perception de Bankass, un reliquat de 600 000FCFA sur l’exercice budgétaire en question.

Monsieur le Ministre,

Le maire ne fait-il pas montre d’un abus de pouvoir lorsqu’il refuse de payer ses créanciers vendeurs de carburant, ( plus de 500 000 FCFA de dette contractée auprès d’un d’entre eux depuis la campagne pour les élections communales de 2009), vendeurs de moutons, de boisson et transporteurs alors qu’il distribue gracieusement motos et véhicules à ses hommes de main ? Il a voulu ” faire descendre l’enfer ” à un audacieux créancier qui a osé lui réclamer son  argent.

Monsieur le Ministre,

Je souhaiterai que les services de renseignement de l’Etat et vos services de contrôle puissent procéder à la vérification de la gestion du maire de la commune rurale de Ouenkoro.

Les fonds publics générés par la commune ou affectés par l’Etat sont -ils bien gérés par un maire aussi ” philanthropique” et corrupteur ?

Une mission d’inspection, diligentée par vos soins, à la mairie de Ouenkoro vous édifiera et permettra à plus d’un d’apprécier tout cela.

Monsieur le Ministre,

Pour l’information de la population malienne en général et celle de Ouenkoro en particulier, nous voudrons savoir s’il est normal ou règlementaire qu’un maire implante des panneaux publicitaires géants arborant sa photo avec l’écharpe nationale vert-jaune-rouge, sur les voies publiques de sa commune, alors qu’on n’est pas encore en période de campagne électorale ?

Est-ce normal la distribution de gadgets publicitaires (porte-clés et autres) avec photo du maire drapé dans les  couleurs nationales ?

Est-ce autorisé la référence du maire aux réalisations des partenaires au développement de la commune : PACTEA, World Vision, Care-Mali, Union Européenne (forages, adductions d’eau potable, écoles, centre de santé, aménagements divers) à des fins de propagande électorale ?

Est-il légal l’implantation du drapeau national dans la résidence privée d’un maire, comme cela se fait dans les services publics ?

Un maire a-t-il autorité de délivrer des cartes professionnelles aux chefs de village ?

Monsieur le Ministre,

Vous voici informé par rapport à certaines pratiques du maire Harouna SANKARE.

Nous vous saurons gré des dispositions que vous prendrez pour procéder à une vérification sur le terrain à Ouenkoro de toutes ces informations ainsi portées à votre connaissance.

Salutations très sincères.

Abdoulaye SANKARE, ressortissant de Ouenkoro à Magnambougou Bamako.

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