L’orpaillage dans les régions sud-ouest du Mali : Les représentants des communautés proposent des pistes de solution, le Ministre des Mines aussi

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Le Ministre de l’Industrie et des Mines, Dr Boubou Cissé
Le Ministre de l’Industrie et des Mines, Dr Boubou Cissé

C’est une rencontre de deux jours qui a ouvert les débats entre le Gouvernement et la Fédération des Orpailleurs du Mali, encadré par le Réseau JOKO ni MAAYA. Deux jours durant les quels la parole fut donnée à tout un chacun pour s’exprimer sur les différents problèmes aux quels les communautés des localités font fasse et de l’autre coté, le gouvernement représenté par le Ministre des Mines et le Directeur Général de la DNGM  afin de proposer des solutions bénéfiques pour tous. Cette rencontre de deux jours qui s’est tenue du 24 au 25 février à la Maison des Ainés a vu la présence effective des honorables députés des localités telles que Keniéba, des représentants des orpailleurs des différentes zones minières, et des sociétés d’exploitation privées.

 

 

« Nous ne bénéficions d’aucun privilège minime soit-t-il d’une société qui est implantée chez nous », a martelé le président Bokary Traoré de Sikasso.

« Nous souhaitons que le Réseau JOKO Ni MAAYA nous soutienne afin de voir avec la société minière de SYAMA » qui est devenue un vrai casse-tête pour nos populations qui ne bénéficient de rien de leur part. C’est un constat qui est devenu pour nous, un vrai casse tête en ce sens que même les petits contrats de travaux de quelques jours, nos communautés des localités n’en bénéficient pas. Ce sont d’autres personnes venues d’ailleurs qui les exécutent à notre grande dame. Pour illustrer la gravité de la situation, nous ne bénéficions d’aucun privilège minime soit-t-il d’une société qui est implantée chez nous. Nous ne sommes pas considérés par ce que ne sommes pas instruits. C’est ainsi que nous sommes manipulés à souhait, exploité pour ce faire ». Selon l’orateur, à Fourou, zone productrice d’or, et première au Mali, là-bas, la précarité dépasse tout entendement. Les populations vivent dans une précarité.  Tout a été détruit chez nous ou vendu. Mieux, nous n’avons plus de forêt, plus de champs a cultiver depuis quelques années. Et cela fait un bon moment que nous le décrions cette situation, rien n y fait, nous en sommes pas écoutés comme si nous n’étions pas des maliens. Enfin, prévenons que nous avons atteint nos limites et interpelons nos autorités afin qu’elles mettent fin à cette situation de non droit que vivent nos communautés ».

 

 

« Nous demandons à être mis dans nos droits.. », a dit Tidiani Diakité de Yanfolila

« Depuis notre dernière rencontre à Bamako, nous avons interpelé le gouvernement sur les problèmes que vivent les orpailleurs traditionnels. Mais jusqu’à présent, aucune solution n’a été essayée.  Nous avons fait part de certaines doléances notamment le droit de surface, là aussi, silence radio de nos autorités. Pourtant, ce que nous demandons n’est pas extraordinaire, il s’agit de nous mettre dans nos droits afin que nous puissions jouir des terres de nos ancêtres et qu’on sache que nous sommes des maliens. A mon emble avis, nous n’avons pas partagé cette surface avec qui que se soit .Les sociétés privées peuvent bénéficier du droit du sous sol mais pas des deux à la fois. Que l’on laisse la surface aux autochtones ! Que l’Etat comprenne cela et nous remette dans nos droits. Nous ne sommes pas contre l’exploitation des sociétés privées étrangères, bien au contraire, nous sommes plutôt contre leurs méthodes d’exploitations, contre la marginalisation de nos sociétés, la destruction de nos terres et ceux qui piétinent nos droits. Il n y a eu aucune amélioration depuis la dernière rencontre de Bamako de nos conditions. Les sociétés étrangères continuent de polluer nos villages, de détruire nos terres, de nous retirer nos champs et nous empêcher de procéder à nos exploitations traditionnelles, sources de vie pour nos communautés de localités au vu et au su de tous. Cela, sans crainte. S’agissant de l’octroi du couloir aux orpailleurs traditionnels, cela est une emprise sur les eux. Nous sommes d’accords qu’on nous impose des taxes pour les quelles, nous ne sont pas d’accords, mais nous limiter dans l’exploitation, et nous contraindre à suivre des lois qui ne sont pas favorables pour nous, cela n’est pas acceptable. Cette politique de nos autorités nous défavorise en faveur des sociétés étrangères  qui malheureusement pillent nos richesses. Tout ce que nous cherchons, c’est avoir le droit d’exploitation des surfaces comme d’habitude. Nous pensons qu’avec le président IBK, nous aurons de l’amélioration. C’est pour cela que nous l’avons élu et nous comptons sur lui et son gouvernement pour nous remettre dans nos droits ».

 

 

« Il  y a des lois qui sont erronées au Mali » a expliqué Mme Haïdara Aïssata Haïdara, député de Kéniéba .

Sans tournure, l’honorable Haïdara parle de son : « projet de société d’orpaillage. L’orpaillage au Mali doit attirer l’attention de tous. Pour moi il y a des lois qui sont erronées au Mali. Et ces lois, nous ferons en sorte qu’elles soient par plaidoyer et non les  imposer, parce que ces lois ne vont plus avec les réalités du moment. A titre d’exemple, le droit de surface. Sur ce point, nous ferons en sorte que ces lois soient révisées. Nous allons nous y mettre ensemble en tant qu’élu de nos populations. S’agissant du problème de couloir, je l’ai vécue à SITAKILI où il y a un problème de communication entre les intéressés. Je pense qu’il faut changer la méthodologie, savoir comment donner, qu’est ce qu’il faut donner et à qui le donner et que tout cela se fasse de commun accord avec les communautés de localités ».

 

 

« Je suis pour des solutions pratiques et bréalistes», a précisé le Ministre de l’industrie et des Mines, M. Boubou DIARRA

« Je suis venu à cette rencontre parce que  le problème de l’orpaillage est  un problème important à mes yeux et pour le Mali. Je pense que l’exploitation minière artisanale qu’on appelle orpaillage, constitue une réalité pour le Mali. Une réalité que personne ne peut ignorer .C’est une occupation économique au même titre que l’agriculture. A ce titre, je pense qu’elle peut présenter  des atouts importants pour les populations rurales et le gouvernement. C’est pour cette raison qu’à mon niveau, nous accordons trop d’importance à ce dossier. C’est une activité qui peut contribuer à la réduction de la pauvreté et rehausser l’économie  nationale. Le gouvernement veut aller vers des résolutions concrètes du problème avec des solutions durables dans le temps et à la fois pratiques. Et pour cela, il faut que nous nous mettions ensemble afin de discuter, dialoguer dans la paix et la fraternité. Je ne suis pas un politicien et je ne compte pas en devenir un. Je ne suis pas un activiste, ni un syndicaliste, je suis un technocrate à la recherche d’une solution à un problème mais des solutions pratiques et réalistes. J’ai entendu beaucoup de propos qui mettent à nu la complexité de cette affaire. Je ne suis pas là pour vendre du rêve, aussi, il y a des choses qui ont été dites ici, sachez-le, ne sont pas réalisables dans l’immédiat. Donc, nous avons tout intérêt à nous focaliser à trouver des solutions pratiques et réalistes.  Au niveau de mon département, nous sommes entrain de réfléchir à plusieurs niveaux. Il faut dire que le problème de l’orpaillage est complexe et sensible en ce sens que c’est  une activité séculaire et même, une activité de survie qui malheureusement est également une activité qui est sortie de son contexte. Ce qui nous préoccupe, c’est de proposer des solutions pratiques et réalistes. Et le couloir est une solution temporaire que le gouvernement propose pour vous démontrer que dans la recherche de solution, il est de bonne foi. Je vous demanderai de réfléchir à cela et d’accepter certaines des solutions  qu’on propose qui ne sont que des solutions temporaires. La solution durable ne peut pas se régler du jour au lendemain. Mais si vous commencez par dire non aux solutions proposées, c’est déjà un mauvais départ. Il ne faut pas refuser aussi le travail que fait le gouvernement ».

Rappelons que ces journées des orpailleurs, ont vu le Dr Abdoulaye Niang de « Joko Ni Maaya », faire un exposé liminaire qui a permis de planter le décor.

Boubacar HAIDARA

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